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«Edouard Chevardnadze était un artisan de la paix»

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  • «Edouard Chevardnadze était un artisan de la paix»

    L'ex-président géorgien est mort lundi à 86 ans. Le journaliste Bernard Lecomte évoque cette figure marquante de la glasnost et de la perestroïka

    Ouvrier de la fin de la guerre froide et bras droit de Mikhaïl Gorbatchev de 1985 à 1991, Edouard Chevardnadze n’a pas seulement marqué l’histoire de son pays, la Géorgie. Bernard Lecomte, journaliste et auteur de Gorbatchev, aux éditions Perrin, revient sur les temps forts de la carrière de l'ancien ministre des Affaires étrangères de l'URSS.
    Qui était Edouard Chevardnaze?
    Tout est relatif en politique mais nous pouvons le voir comme un artisan de la paix. Nous avons eu raison de donner le prix Nobel de la paix à Mikhaïl Gorbatchev, mais nous aurions pu y associer Edouard Chevardnadze. En 1989, ils ont tous deux refusé d’envoyer les chars en Allemagne de l’Est et en Pologne et c’est grâce à leur volonté pacifique que tout s’est passé dans le calme. Au regard de l’histoire, c’est énorme. C’était un homme d’une forte nature mais tout de même jovial et sympathique. Il a débuté en tant qu’ignare de la diplomatie mais a très vite inspiré confiance aux grandes chancelleries. Il a obtenu la confiance de tout le monde au bout d’un an grâce à sa volonté sincère de réduire les tensions entre l’Est et l’Ouest. Il avait une puissance de travail phénoménale. Il raconte dans ses mémoires qu’il passait douze heures par jour sur chaque dossier après avoir été nommé par Mikhaïl Gorbatchev.

    Pourquoi Gorbatchev avait-il choisi Chevardnadze comme ministre des Affaires étrangères de l’URSS alors qu'il n’avait aucune expérience ?
    Chevardnadze est le clone de Gorbatchev. Ils se connaissent depuis le début des années soixante-dix, ils sont tous les deux fidèles au communisme tout en ayant envie de changement, et font leur entrée au Politburo du parti communiste de l’Union soviétique en même temps. En 1985, Gorbatchev cherche un bras droit en qui il peut avoir entièrement confiance et remplace Andreï Gromyko par Edouard Chevardnadze au poste de ministre des Affaires étrangères de la deuxième puissance mondiale. Ce dernier va porter la fin de la guerre froide, la chute du mur de Berlin et la réunification allemande pour le compte de Gorbatchev.

    Edouard Chevardnadze démissionne de son poste de ministre des Affaires étrangères à la fin de 1990, anticipant l'effondrement de l'URSS. Etait-il visionnaire ?
    Entre 1988 et 1989, Chevarnadze a piloté le retrait de l’URSS d’Afghanistan. C’était un acte très important, à travers lequel il fait comprendre aux Américains que lui et Mikhaïl Gorbatchev voulaient la fin de la guerre froide. Sa démission, fin 1990, a surpris tout le monde et a beaucoup blessé Mikhaïl Gorbatchev qui a mis une journée pour s’en remettre. Edouard Chevardnadze voyait l'influence croissante des conservateurs autour de Mikhaïl Gorbatchev et il a fait ce geste spectaculaire, peut-être irrationnel, pour dénoncer les risques d’explosion du régime soviétique. Mais cela ne l’a pas empêché de revenir au même poste quelques mois après. Gorbatchev démissionnera, lui, un an après.

    Quel est son bilan en tant que premier président de la république géorgienne ?
    En 1992, il revient dans son pays, la Géorgie. C’était une autre aventure un peu folle et surtout compliquée. La Georgie était menacée de tous les côtés, il fallait inventer une politique et une économie autonomes. Edouard Chevardnadze était le mieux placé pour jouer ce rôle. L’épopée de la première année de la Georgie indépendante aurait tourné au drame si il n’avait pas été là. La Géorgie était une petite URSS, avec de multiples ethnies, et il fallait quelqu’un comme lui pour piloter car il avait acquis une expérience unique. Il aurait pu prendre une retraite bien méritée mais le pouvoir est la drogue la plus puissante, il n’a pas pu résister

    libération fr
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