Par Claude Deffarge et Gordian Troeller
L’Algérie est le premier pays du continent africain qui ait conquis son indépendance les armes à la main. Sept années de guerre, pendant lesquelles les « fellaghas » eurent très peu d’amis ; et ceux qui se prétendaient tels prouvèrent bien souvent que cet appui n’était pas totalement désintéressé.
En 1964, la charte d’Alger porte encore les traces de l’amertume ressentie : « La guerre d’Algérie a démontré que la convergence entre mouvements révolutionnaires et entre peuples ayant un ennemi commun n’était pas automatique. » D’où la volonté d’introduire des principes nouveaux dans les relations internationales. Ils sont énoncés dans la charte : « Le développement du socialisme en Algérie est lié aux luttes des autres peuples dans le monde... Le recours à la lutte armée peut s’avérer décisif pour l’accession à la souveraineté nationale. Pour tout mouvement révolutionnaire, l’appui à cette lutte est sacré et ne saurait faire l’objet d’aucun marchandage. »
D’où la décision de donner asile et moyens de subsistance à tous les mouvements qui luttent pour l’indépendance de leur pays, contre le colonialisme, le racisme, l’impérialisme. Et le principe de base est énoncé : reconnaissance du droit des peuples à choisir leur propre destin. Lieu commun, s’il en fut, que l’on trouve dans la plupart des Constitutions et déclarations onusiennes, mais que l’Algérie a traduit dans les faits. Elle n’a cessé, depuis dix ans, d’accueillir les exilés et militants venus de tous les continents. Et les détracteurs de l’Algérie indépendante ont trouvé là toute l’eau nécessaire pour faire tourner leur moulin : « Alger la Blanche devenue Alger la Rouge », thème favori des cartiéristes (1), qui dénoncent à la fois ce « foyer d’infection installé à nos portes » et les « dépenses fabuleuses » que cette politique entraîne.
On a cité des chiffres : 500 000 francs par mois consacrés par le gouvernement algérien à cette aide. Nos interlocuteurs d’Alger seront aussi discrets sur le nombre des hébergés que sur les sommes attribuées. En fait, toute statistique globale est faussée par la présence de nombreux Palestiniens (on a avancé le chiffre de vingt mille) dont la situation, dans l’ensemble, est plus celle de réfugiés que de combattants : qu’on n’aille pas s’imaginer vingt mille fedayins armés jusqu’aux dents, entraînés dans des camps...
La plupart des Palestiniens d’Algérie sont professeurs ou coopérants et gagnent leur vie. Ce qui ne les empêche pas de militer politiquement. Nous n’avons donc pu dénombrer les révolutionnaires installés en Algérie. Il est, en revanche, relativement facile de faire le compte des mouvements de libération représentés ici : nous sommes arrivés à vingt-sept...
Pour l’Algérie, cette générosité s’explique aussi par l’enthousiasme de la libération et l’euphorie des premières heures de l’indépendance : tout révolutionnaire était un « frère », chaque mouvement de libération un prolongement de la lutte algérienne. On allait faire mentir Mao Zedong, qui avait dit : « Un révolutionnaire est toujours seul. » L’Algérie était là pour prouver le contraire.
Entre-temps, l’Algérie est devenue une nation, avec ses intérêts particuliers, ses ambitions et ses problèmes de relations internationales. La présence est devenue parfois gênante dans les rapports avec certains pays occidentaux, dont l’aide ou les investissements sont utiles au développement de l’économie algérienne. En effet, comment le Canada peut-il investir sans réticence en Algérie, si le Front de libération du Québec (FLQ), installé à Alger, accuse publiquement le gouvernement canadien de « colonialisme » et de « discrimination raciale vis-à-vis de la population francophone » et essaie d’y mobiliser des appuis à la cause du Québec libre ?
Comment les Etats-Unis, désireux de rétablir des relations diplomatiques avec l’Algérie, peuvent-ils accepter sans broncher l’existence d’une « ambassade parallèle » des Noirs américains, d’où les Panthère noires (2) dénoncent les crimes de guerre de l’impérialisme américain et la persécution des militants noirs en Amérique ?
Et comment concilier le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’Etats amis avec la présence sur le sol algérien de mouvements qui contestent la légitimité de la présence éthiopienne en Erythrée ou l’authenticité de l’indépendance du Tchad ?
Peut-on donner asile et assistance matérielle à des hommes qui qualifient l’indépendance de la plupart des pays africains de « cadeau empoisonné » et s’organisent pour lutter les armes à la main contre le néocolonialisme, sans violer l’accord de 1965 entre membres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et hypothéquer sérieusement la politique africaine de l’Algérie ?
L’Algérie ne pouvait renier sa profession de foi révolutionnaire sans perdre la face devant son propre peuple et sans ternir son image de pays progressiste « de pointe » ; mais elle pouvait moins encore donner un appui inconditionnel à tous les mouvements de libération sans risquer un isolement dangereux. Un compromis s’imposait.
Il fallait nuancer l’importance reconnue aux mouvements révolutionnaires en fonction des impératifs de l’intérêt national et doser prudemment les appuis matériels et moraux. Le principe énoncé dans la charte d’Alger, selon lequel aucun mouvement de libération ne saurait faire l’objet de marchandage, allait être adapté aux réalités de la politique étrangère.
C’est ainsi que l’hospitalité algérienne a développé ses nuances et ses hiérarchies. Elles apparaissent déjà quand on cherche à situer les adresses des mouvements de libération sur le plan de la capitale : il y a ceux des beaux quartiers, ceux des banlieues ouvrières, ceux du centre, ceux de très lointaine banlieue (et ces révolutionnaires-là prennent l’auto-bus), ceux des villas blanches de El-Biar ou d’Hydra, ceux des HLM, etc. Nous en avons même découvert un qui campait dans un garage (3).
Au sommet de la hiérarchie se trouve le gouvernement révolutionnaire provisoire du Vietnam du Sud (GRP) (4). Sa représentation a rang d’ambassade et occupe dans les hauts de El-Biar une villa entourée de bougainvillées. Un personnel nombreux et un policier dans une guérite témoignent du statut officiel. Ici, c’est un gouvernement ami qui est reconnu comme tel et dont les représentants se comportent en diplomates ; ce qu’ils sont effectivement : conférences de presse, cocktails d’ambassade, présence aux cérémonies officielles du gouvernement algérien, à côté des autres membres du corps diplomatique.
Le Front de l’unité nationale khmère (FUNK), dirigé par le prince Norodom Sihanouk, est lui aussi reconnu comme représentant légitime du peuple cambodgien, avec rang d’ambassade (5).
A ce niveau, l’atmosphère n’a rien de « révolutionnaire » ou de « conspiratrice » : « Monsieur l’ambassadeur » par-ci, « Excellence » par-là... On est pointilleux sur le protocole. Limousines avec chauffeur, drapeaux flottant sur les villas blanches.
Un autre Grand encore : la Palestine. Elle est hébergée dans un charmant hôtel particulier du centre d’Alger, tout emmitouflé de glycines. Décor qui fut somptueux, mais atmosphère des plus déprimantes. Ici sont venus échouer ceux dont le calvaire aurait pu, tout autant que l’expérience algérienne, inspirer la charte d’Alger.
Un cas typique de révolutionnaires devenus monnaie d’échange. En privé, quelques-uns se défoulent, disent leur amertume : « Les pays arabes voisins nous avaient d’abord gardés dans des camps de réfugiés et utilisés comme moyen de pression, pour nous en sortir ensuite, afin de laver l’humiliation de leur propre défaite. Exaltés alors comme représentant le fer de lance de l’arabisme révolutionnaire, nous sommes devenus les instruments des intérêts contradictoires de nos protecteurs.
Et lorsque nous fûmes assez forts pour voler de nos propres ailes, ils nous ont sacrifiés et abandonnés à la vengeance de Hussein de Jordanie. » Sauf peut-être dans la Chine des années 1930, jamais révolutionnaires n’ont été aussi cyniquement utilisés comme objets de marchandage. Leur présence massive à Alger, si loin de leur champ de bataille, est un avertissement, un enseignement, pour tous les révolutionnaires réunis dans la capitale et qui ne mâchent pas leurs mots quand ils évoquent le « cas palestinien ».
Une atmosphère assez semblable nous attend chez le quatrième Grand : la section internationale des Panthères noires. La maison qui, en l’absence d’une représentation diplomatique des Etats-Unis, fut considérée comme l’« ambassade du peuple noir d’Amérique » ressemble aujourd’hui à un camp retranché où les derniers occupants font figure d’assiégés.
Eldridge Cleaver vient de se démettre de toutes les fonctions qu’il avait au sein de cette section internationale du parti fondée par lui à Alger en 1970, et ambitionne de devenir le chef d’une armée de libération du peuple afro-américain. Sa démission était devenue inévitable, du moment où ses vues radicales n’étaient plus partagées par les leaders des Panthères noires aux Etats-Unis. Huey Newton et Bobby Seale prêchent aujourd’hui la modération. Ils veulent une politisation systématique et en profondeur, et à longue durée, des masses noires et non l’action violente d’une poignée de militants coupés de la base.
Ces divergences se sont propagées au sein du petit groupe — une dizaine de Panthères — resté à Alger. Elles éclatent au grand jour lorsque deux militants du mouvement détournent un avion de la Western Airlines sur la capitale algérienne, avec, pour tout bagage, une rançon de 500 000 dollars. Laquelle des deux tendances se verra- t-elle attribuer cette somme ? Qui ira la réclamer au gouvernement algérien lorsque l’avion aura atterri ? Les durs ou les modérés ? Dispute prématurée et bien inutile... Après avoir compté les billets en présence des deux pirates et d’un diplomate américain, les autorités algériennes restituaient l’argent à ceux auxquels il avait été extorqué.
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L’Algérie est le premier pays du continent africain qui ait conquis son indépendance les armes à la main. Sept années de guerre, pendant lesquelles les « fellaghas » eurent très peu d’amis ; et ceux qui se prétendaient tels prouvèrent bien souvent que cet appui n’était pas totalement désintéressé.
En 1964, la charte d’Alger porte encore les traces de l’amertume ressentie : « La guerre d’Algérie a démontré que la convergence entre mouvements révolutionnaires et entre peuples ayant un ennemi commun n’était pas automatique. » D’où la volonté d’introduire des principes nouveaux dans les relations internationales. Ils sont énoncés dans la charte : « Le développement du socialisme en Algérie est lié aux luttes des autres peuples dans le monde... Le recours à la lutte armée peut s’avérer décisif pour l’accession à la souveraineté nationale. Pour tout mouvement révolutionnaire, l’appui à cette lutte est sacré et ne saurait faire l’objet d’aucun marchandage. »
D’où la décision de donner asile et moyens de subsistance à tous les mouvements qui luttent pour l’indépendance de leur pays, contre le colonialisme, le racisme, l’impérialisme. Et le principe de base est énoncé : reconnaissance du droit des peuples à choisir leur propre destin. Lieu commun, s’il en fut, que l’on trouve dans la plupart des Constitutions et déclarations onusiennes, mais que l’Algérie a traduit dans les faits. Elle n’a cessé, depuis dix ans, d’accueillir les exilés et militants venus de tous les continents. Et les détracteurs de l’Algérie indépendante ont trouvé là toute l’eau nécessaire pour faire tourner leur moulin : « Alger la Blanche devenue Alger la Rouge », thème favori des cartiéristes (1), qui dénoncent à la fois ce « foyer d’infection installé à nos portes » et les « dépenses fabuleuses » que cette politique entraîne.
On a cité des chiffres : 500 000 francs par mois consacrés par le gouvernement algérien à cette aide. Nos interlocuteurs d’Alger seront aussi discrets sur le nombre des hébergés que sur les sommes attribuées. En fait, toute statistique globale est faussée par la présence de nombreux Palestiniens (on a avancé le chiffre de vingt mille) dont la situation, dans l’ensemble, est plus celle de réfugiés que de combattants : qu’on n’aille pas s’imaginer vingt mille fedayins armés jusqu’aux dents, entraînés dans des camps...
La plupart des Palestiniens d’Algérie sont professeurs ou coopérants et gagnent leur vie. Ce qui ne les empêche pas de militer politiquement. Nous n’avons donc pu dénombrer les révolutionnaires installés en Algérie. Il est, en revanche, relativement facile de faire le compte des mouvements de libération représentés ici : nous sommes arrivés à vingt-sept...
Pour l’Algérie, cette générosité s’explique aussi par l’enthousiasme de la libération et l’euphorie des premières heures de l’indépendance : tout révolutionnaire était un « frère », chaque mouvement de libération un prolongement de la lutte algérienne. On allait faire mentir Mao Zedong, qui avait dit : « Un révolutionnaire est toujours seul. » L’Algérie était là pour prouver le contraire.
Entre-temps, l’Algérie est devenue une nation, avec ses intérêts particuliers, ses ambitions et ses problèmes de relations internationales. La présence est devenue parfois gênante dans les rapports avec certains pays occidentaux, dont l’aide ou les investissements sont utiles au développement de l’économie algérienne. En effet, comment le Canada peut-il investir sans réticence en Algérie, si le Front de libération du Québec (FLQ), installé à Alger, accuse publiquement le gouvernement canadien de « colonialisme » et de « discrimination raciale vis-à-vis de la population francophone » et essaie d’y mobiliser des appuis à la cause du Québec libre ?
Comment les Etats-Unis, désireux de rétablir des relations diplomatiques avec l’Algérie, peuvent-ils accepter sans broncher l’existence d’une « ambassade parallèle » des Noirs américains, d’où les Panthère noires (2) dénoncent les crimes de guerre de l’impérialisme américain et la persécution des militants noirs en Amérique ?
Et comment concilier le principe de non-ingérence dans les affaires intérieures d’Etats amis avec la présence sur le sol algérien de mouvements qui contestent la légitimité de la présence éthiopienne en Erythrée ou l’authenticité de l’indépendance du Tchad ?
Peut-on donner asile et assistance matérielle à des hommes qui qualifient l’indépendance de la plupart des pays africains de « cadeau empoisonné » et s’organisent pour lutter les armes à la main contre le néocolonialisme, sans violer l’accord de 1965 entre membres de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) et hypothéquer sérieusement la politique africaine de l’Algérie ?
L’Algérie ne pouvait renier sa profession de foi révolutionnaire sans perdre la face devant son propre peuple et sans ternir son image de pays progressiste « de pointe » ; mais elle pouvait moins encore donner un appui inconditionnel à tous les mouvements de libération sans risquer un isolement dangereux. Un compromis s’imposait.
Il fallait nuancer l’importance reconnue aux mouvements révolutionnaires en fonction des impératifs de l’intérêt national et doser prudemment les appuis matériels et moraux. Le principe énoncé dans la charte d’Alger, selon lequel aucun mouvement de libération ne saurait faire l’objet de marchandage, allait être adapté aux réalités de la politique étrangère.
C’est ainsi que l’hospitalité algérienne a développé ses nuances et ses hiérarchies. Elles apparaissent déjà quand on cherche à situer les adresses des mouvements de libération sur le plan de la capitale : il y a ceux des beaux quartiers, ceux des banlieues ouvrières, ceux du centre, ceux de très lointaine banlieue (et ces révolutionnaires-là prennent l’auto-bus), ceux des villas blanches de El-Biar ou d’Hydra, ceux des HLM, etc. Nous en avons même découvert un qui campait dans un garage (3).
Au sommet de la hiérarchie se trouve le gouvernement révolutionnaire provisoire du Vietnam du Sud (GRP) (4). Sa représentation a rang d’ambassade et occupe dans les hauts de El-Biar une villa entourée de bougainvillées. Un personnel nombreux et un policier dans une guérite témoignent du statut officiel. Ici, c’est un gouvernement ami qui est reconnu comme tel et dont les représentants se comportent en diplomates ; ce qu’ils sont effectivement : conférences de presse, cocktails d’ambassade, présence aux cérémonies officielles du gouvernement algérien, à côté des autres membres du corps diplomatique.
Le Front de l’unité nationale khmère (FUNK), dirigé par le prince Norodom Sihanouk, est lui aussi reconnu comme représentant légitime du peuple cambodgien, avec rang d’ambassade (5).
A ce niveau, l’atmosphère n’a rien de « révolutionnaire » ou de « conspiratrice » : « Monsieur l’ambassadeur » par-ci, « Excellence » par-là... On est pointilleux sur le protocole. Limousines avec chauffeur, drapeaux flottant sur les villas blanches.
Un autre Grand encore : la Palestine. Elle est hébergée dans un charmant hôtel particulier du centre d’Alger, tout emmitouflé de glycines. Décor qui fut somptueux, mais atmosphère des plus déprimantes. Ici sont venus échouer ceux dont le calvaire aurait pu, tout autant que l’expérience algérienne, inspirer la charte d’Alger.
Un cas typique de révolutionnaires devenus monnaie d’échange. En privé, quelques-uns se défoulent, disent leur amertume : « Les pays arabes voisins nous avaient d’abord gardés dans des camps de réfugiés et utilisés comme moyen de pression, pour nous en sortir ensuite, afin de laver l’humiliation de leur propre défaite. Exaltés alors comme représentant le fer de lance de l’arabisme révolutionnaire, nous sommes devenus les instruments des intérêts contradictoires de nos protecteurs.
Et lorsque nous fûmes assez forts pour voler de nos propres ailes, ils nous ont sacrifiés et abandonnés à la vengeance de Hussein de Jordanie. » Sauf peut-être dans la Chine des années 1930, jamais révolutionnaires n’ont été aussi cyniquement utilisés comme objets de marchandage. Leur présence massive à Alger, si loin de leur champ de bataille, est un avertissement, un enseignement, pour tous les révolutionnaires réunis dans la capitale et qui ne mâchent pas leurs mots quand ils évoquent le « cas palestinien ».
Une atmosphère assez semblable nous attend chez le quatrième Grand : la section internationale des Panthères noires. La maison qui, en l’absence d’une représentation diplomatique des Etats-Unis, fut considérée comme l’« ambassade du peuple noir d’Amérique » ressemble aujourd’hui à un camp retranché où les derniers occupants font figure d’assiégés.
Eldridge Cleaver vient de se démettre de toutes les fonctions qu’il avait au sein de cette section internationale du parti fondée par lui à Alger en 1970, et ambitionne de devenir le chef d’une armée de libération du peuple afro-américain. Sa démission était devenue inévitable, du moment où ses vues radicales n’étaient plus partagées par les leaders des Panthères noires aux Etats-Unis. Huey Newton et Bobby Seale prêchent aujourd’hui la modération. Ils veulent une politisation systématique et en profondeur, et à longue durée, des masses noires et non l’action violente d’une poignée de militants coupés de la base.
Ces divergences se sont propagées au sein du petit groupe — une dizaine de Panthères — resté à Alger. Elles éclatent au grand jour lorsque deux militants du mouvement détournent un avion de la Western Airlines sur la capitale algérienne, avec, pour tout bagage, une rançon de 500 000 dollars. Laquelle des deux tendances se verra- t-elle attribuer cette somme ? Qui ira la réclamer au gouvernement algérien lorsque l’avion aura atterri ? Les durs ou les modérés ? Dispute prématurée et bien inutile... Après avoir compté les billets en présence des deux pirates et d’un diplomate américain, les autorités algériennes restituaient l’argent à ceux auxquels il avait été extorqué.
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