Les Algériens vivent une sexualité virtuelle
Les cybercafés des grandes villes et même des petits villages, qui sont devenus tout aussi coutumiers, affichent constamment complets. Il y a même des formules d'inscription et d'abonnement forts intéressantes et juteuses vu l'engouement que suscite l'Internet auprès d'un public avide de départ et d'aventure. De jour comme de nuit, ces espaces virtuels ne désemplissent pas. A 60 DA l'heure, on tchate et on surfe sans complexe aucun. Mais ce qui nous a frappés, c’est cette tendance qu'ont des internautes à consulter des sites pornographiques. Il y a la formule de nuit qui intéresse exclusivement les hommes qui ont droit à un tarif spécial nuit blanche. Comme les femmes ne peuvent pas sortir la nuit, il n’y a aucun risque d'en voir une venir déranger leur quiétude. On l'appelle la connexion non-stop. Cette formule est alléchante car elle permet aux internautes de s'en donner à cœur joie. Ils laissent libre cours à leurs fantasmes sexuels. Ce sont surtout les sites érotiques qui sont les plus visités durant ces nuits de délires... Cela ne veut pas dire que dans la journée, les jeunes hommes ne s'adonnent pas à ce genre de curiosité. D'ailleurs, lors de notre enquête, nous avons surpris, une matinée, un gérant d'un cybercafé à la rue Larbi Ben-M'hidi demandant à un jeune homme, d'une trentaine d'années, de quitter les lieux après que ce dernier eut malencontreusement laissé échapper des gémissements de plaisir de son ordinateur. Des jeunes filles, qui avaient alerté le gérant, avaient compris que le jeune en question était en train de mater une scène pornographique. Le jeune homme embarrassé, s'exécuta et tête baissée, paya sa note et partit les jambes à son cou. Les mœurs ont changé et des phénomènes qui étaient étrangers à la société algérienne apparaissent, de façon inquiétante. Le Dr Boulbina compte organiser un séminaire à Timimoun au courant de ce mois, ayant pour thème «La santé et la sexualité des Algériens». Cette rencontre, qui regroupera, selon notre interlocuteur, des chercheurs dans le domaine, des médecins, des sociologues et des historiens, a fait l'objet d'un travail de fond depuis plusieurs mois avec la campagne médiatique lancée pour établir une étude exhaustive sur la question. Pour lui, «les Algériens vivent une sexualité virtuelle. D'abord, la parabole qui montre des images complètement en décalage avec ce qu'ils vivent, le téléphone portable qui est également un outil qui réunit de multiples fonctions. Avec les nouveaux appareils équipés de caméras, les gens s'échangent des images et des vidéos suggestives et même érotiques, il y a bien entendu l'internet qui présente une liberté totale et absolue. Le grand problème est que les frustrations sexuelles notamment des jeunes, ne sont pas prises au sérieux. Ils sont ainsi à l'affût de la moindre ouverture qui leur permet de s'exprimer et le phénomène de la harga est accentué par ces frustrations. Les canaux d'expression comme la télévision ne jouent pas leur rôle dans l'analyse des maux sociaux. Il y a beaucoup d'hypocrisie. La censure est omniprésente et même le cinéma a été atteint par cette censure. Je vous citerai le cas d'un film qui s'appelle le Diable au corps, l'affiche de ce film montrait une femme avec des seins nus, l'Office national du film n'a pas trouvé mieux que de couper l'affiche en ne gardant que la tête de la femme». Il ajoute : «Pourtant, l'Islam est très clair, il n’y a pas de honte dans la religion. J'irai plus loin, aucun livre sacré ne parle de sexualité que le Coran. C'est ainsi que le mariage lui-même est assimilé à l'acte sexuel.» Et de conclure : «Tant qu'on s'obstine à éluder les véritables problèmes liés au logement, au travail, à la dignité, à la liberté d'expression, on verra des phénomènes dangereux prendre de l'ampleur. »
F. H.
Le Soir d’Algérie
Les cybercafés des grandes villes et même des petits villages, qui sont devenus tout aussi coutumiers, affichent constamment complets. Il y a même des formules d'inscription et d'abonnement forts intéressantes et juteuses vu l'engouement que suscite l'Internet auprès d'un public avide de départ et d'aventure. De jour comme de nuit, ces espaces virtuels ne désemplissent pas. A 60 DA l'heure, on tchate et on surfe sans complexe aucun. Mais ce qui nous a frappés, c’est cette tendance qu'ont des internautes à consulter des sites pornographiques. Il y a la formule de nuit qui intéresse exclusivement les hommes qui ont droit à un tarif spécial nuit blanche. Comme les femmes ne peuvent pas sortir la nuit, il n’y a aucun risque d'en voir une venir déranger leur quiétude. On l'appelle la connexion non-stop. Cette formule est alléchante car elle permet aux internautes de s'en donner à cœur joie. Ils laissent libre cours à leurs fantasmes sexuels. Ce sont surtout les sites érotiques qui sont les plus visités durant ces nuits de délires... Cela ne veut pas dire que dans la journée, les jeunes hommes ne s'adonnent pas à ce genre de curiosité. D'ailleurs, lors de notre enquête, nous avons surpris, une matinée, un gérant d'un cybercafé à la rue Larbi Ben-M'hidi demandant à un jeune homme, d'une trentaine d'années, de quitter les lieux après que ce dernier eut malencontreusement laissé échapper des gémissements de plaisir de son ordinateur. Des jeunes filles, qui avaient alerté le gérant, avaient compris que le jeune en question était en train de mater une scène pornographique. Le jeune homme embarrassé, s'exécuta et tête baissée, paya sa note et partit les jambes à son cou. Les mœurs ont changé et des phénomènes qui étaient étrangers à la société algérienne apparaissent, de façon inquiétante. Le Dr Boulbina compte organiser un séminaire à Timimoun au courant de ce mois, ayant pour thème «La santé et la sexualité des Algériens». Cette rencontre, qui regroupera, selon notre interlocuteur, des chercheurs dans le domaine, des médecins, des sociologues et des historiens, a fait l'objet d'un travail de fond depuis plusieurs mois avec la campagne médiatique lancée pour établir une étude exhaustive sur la question. Pour lui, «les Algériens vivent une sexualité virtuelle. D'abord, la parabole qui montre des images complètement en décalage avec ce qu'ils vivent, le téléphone portable qui est également un outil qui réunit de multiples fonctions. Avec les nouveaux appareils équipés de caméras, les gens s'échangent des images et des vidéos suggestives et même érotiques, il y a bien entendu l'internet qui présente une liberté totale et absolue. Le grand problème est que les frustrations sexuelles notamment des jeunes, ne sont pas prises au sérieux. Ils sont ainsi à l'affût de la moindre ouverture qui leur permet de s'exprimer et le phénomène de la harga est accentué par ces frustrations. Les canaux d'expression comme la télévision ne jouent pas leur rôle dans l'analyse des maux sociaux. Il y a beaucoup d'hypocrisie. La censure est omniprésente et même le cinéma a été atteint par cette censure. Je vous citerai le cas d'un film qui s'appelle le Diable au corps, l'affiche de ce film montrait une femme avec des seins nus, l'Office national du film n'a pas trouvé mieux que de couper l'affiche en ne gardant que la tête de la femme». Il ajoute : «Pourtant, l'Islam est très clair, il n’y a pas de honte dans la religion. J'irai plus loin, aucun livre sacré ne parle de sexualité que le Coran. C'est ainsi que le mariage lui-même est assimilé à l'acte sexuel.» Et de conclure : «Tant qu'on s'obstine à éluder les véritables problèmes liés au logement, au travail, à la dignité, à la liberté d'expression, on verra des phénomènes dangereux prendre de l'ampleur. »
F. H.
Le Soir d’Algérie
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