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Laïcité : infâme au Canada, légale en Europe

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  • Laïcité : infâme au Canada, légale en Europe

    Le débat autour de la laïcité n’est pas terminé au Québec pour la simple raison qu’une majorité de Québécois rejette le multiculturalisme, les accommodements religieux et l’idée absurde qu’un immigrant puisse vivre ici comme s’il n’avait jamais quitté son pays d’origine.


    Le 1er juillet dernier, la Cour européenne des droits de l’homme reconnaissait à la France le droit d’interdire la burka en public. Quelques semaines auparavant, un tribunal français d’appel statuait qu’une garderie privée avait le droit de mettre à pied une employée qui refusait d’enlever son voile au travail.

    Ces événements ont été peu commentés ici. Ce n’est pas très surprenant. Les journalistes, chroniqueurs, professeurs de droit — bref, la classe médiatique —, de même que les juristes, s’opposent très majoritairement à la laïcité.

    On l’a clairement vu durant le débat sur la Charte des valeurs proposée par l’ancien gouvernement péquiste. L’argument constamment asséné pour dénoncer ce projet était simple : le PQ viole les droits individuels.

    Fort de cet impitoyable constat, le philosophe Charles Taylor avait même comparé le Québec à la Russie de Poutine alors que Guy Breton, recteur de l’Université de Montréal, le comparait à l’Espagne de Franco.

    Mais voilà que l’Europe, contrée démocratique s’il en est une, en vient à une conclusion diamétralement opposée. L’interdiction des signes religieux est compatible avec le respect des libertés fondamentales. Incroyable ! Se pourrait-il que la classe juridique canadienne et ses alliés dans les médias ne détiennent pas le monopole de la vérité sur ce sujet ? Comme on dit, poser la question, c’est y répondre.

    Ce débat n’est pas terminé au Québec pour la simple et bonne raison qu’une majorité de Québécois rejettent le multiculturalisme, les accommodements religieux et l’idée absurde suivant laquelle, au nom de la tolérance, un immigrant puisse vivre ici comme s’il n’avait jamais quitté son pays d’origine.

    Malgré cela, comme pour s’assurer que ce débat ne revienne jamais, commentateurs et politiciens opposés à la Charte ont vu dans la dernière élection la preuve que le peuple rejette cette approche. L’historien Gérard Bouchard a même demandé à Bernard Drainville de démissionner, alors même que ce dernier venait tout juste d’être réélu. Cette lecture de la réalité ne résiste pas à l’analyse.

    Le PQ a été élu en septembre 2012 et, à la suite de la victoire de Philippe Couillard à la chefferie libérale, quelques mois plus tard, il a traîné de la patte dans les sondages. Les aiguilles des intentions de vote ne se sont mises à bouger qu’à l’automne de 2013, lors de la présentation de la charte de la laïcité.

    Malgré un flot de commentaires négatifs dans les médias, la Charte a recueilli un appui majoritaire dans presque tous les sondages et a permis au Parti québécois de rehausser sa cote de popularité auprès de l’électorat. À la veille du déclenchement des élections, le PQ obtenait 40 % d’appuis, se dirigeait vers un gouvernement majoritaire et était premier même à Québec.

    Pour des raisons incompréhensibles, Mme Marois n’a pas parlé de laïcité au cours des deux premières semaines de campagne, au lieu de saisir l’occasion d’en faire l’enjeu central du scrutin et de le marteler à chaque jour.

    Il n’y a rien comme une question idéologique importante pour animer une élection. La laïcité s’oppose de front au multiculturalisme et à la Charte canadienne des droits et libertés. Le PQ avait tout à gagner en faisant porter toute sa campagne là-dessus.

    Déstabilisée par l’arrivée de PKP dans son équipe, lequel a crédibilisé l’idée (fausse) qu’elle fonçait pleins gaz vers un référendum, Pauline Marois a été mise sur la défensive, forcée d’improviser et multipliant les erreurs, ce qui explique sa piètre performance.

    On aurait tort, toutefois, d’y voir un refus de la laïcité par les Québécois.

    La montée du fondamentalisme religieux au sein de plusieurs confessions, notamment l’islam, est une donnée fondamentale de notre siècle. Déjà, avant les attentats du 11 septembre, et encore plus depuis, il y a une bataille au sein de l’islam entre divers courants, modernistes et laïques contre les partisans de l’islam rigoriste.

    Comme le disait l’ancien premier ministre britannique Tony Blair à propos de la lutte au terrorisme, «cela signifie que cette bataille, j’en ai peur, n’est pas celle d’un petit groupe d’extrémistes non représentatifs et le reste du monde. À tout le moins, ce n’est pas que cela. C’est aussi un combat fondamental pour gagner le cœur, l’esprit et l’âme des musulmans. Ceux qui veulent amener l’islam à changer ont besoin de notre appui».

    Le débat sur la laïcité québécoise s’insère donc aussi dans ce contexte global des relations entre les pays occidentaux et l’Islam. Cette dynamique ne disparaîtra pas, et le Canada y est confronté. Il est clair, à mon sens, que les événements à venir prouveront bientôt que la Charte de la laïcité n’a rien perdu de sa pertinence.

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