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Voulons-nous que nos enfants deviennent des gens bien, ou des dominants sociaux?

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  • Voulons-nous que nos enfants deviennent des gens bien, ou des dominants sociaux?

    Le best-seller mondial "Comment les enfants réussissent" va sortir en France. Faut-il lire ces ouvrages d'éducation qui envahissent les librairies? En partenariat avec "BoOks"


    ’inquiétude croissante que fait naître le déclin de l’influence des États-Unis dans le monde coïncide avec une hystérie non moins croissante sur nos méthodes d’éducation, et cela n’a rien d’un hasard. Croire que «les enfants sont notre avenir», comme le chante si aimablement Whitney Houston dans «The Greatest Love of All», c’est un peu comme croire dans les marchés à terme. Les gestionnaires de fortune et ceux qui veillent sur l’investissement dans la petite enfance sont confrontés à la même question de base: quelle part de son compte en banque, de sa santé mentale ou de son âme est-on prêt à amputer en vue d’un avenir à moitié aussi brillant et prometteur qu’on l’espère ?


    Les épais ouvrages de conseil en parentalité ont, cependant, une drôle de façon d’esquiver ce dilemme. Les auteurs de ces traités sur l’éducation semblent tous supposer que vous, le parent à la peine, possédez d’inépuisables réserves de richesse, d’énergie et de passion à consacrer aux problèmes les plus futiles. [...]

    Les centres de plaisir du cerveau parental

    À première vue, «Comment les enfants réussissent», de Paul Tough (sortie française le 20 août 2014), semble venir grossir les rangs des ouvrages sermonneurs, tels «l’Hymne de bataille de la mère tigre», d’Amy Chua, et «Bébé Made in France», de Pamela Druckerman.

    Comme de bien entendu, le livre s’ouvre sur une classe de maternelle qui adopte (encore) une approche révolutionnaire du développement de l’enfant, baptisée «Outils de l’esprit». Plutôt que de se concentrer sur la réussite scolaire, écrit Tough, le programme est conçu pour aider les petits à «contrôler leurs impulsions, rester concentrés sur la tâche en cours, éviter les distractions et les pièges mentaux, gérer leurs émotions, [et] organiser leurs pensées». Quiconque connaît un tant soit peu le comportement d’un bambin de 4 ans peut comprendre en quoi cette approche a plus de sens que, disons, l’apprentissage du coréen en immersion bilingue ou des équations au quatrième degré.

    Aux yeux de Tough – qui suit les questions d’éducation pour le «New York Times Magazine» –, il y a quelque chose de révolutionnaire à distinguer entre compétences cognitives et «non cognitives», moins faciles à mesurer, comme la curiosité, le contrôle de soi et la ténacité. Puisque nous savons aujourd’hui que le QI ne dicte pas la destinée, l’auteur s’entiche de cette «nouvelle génération de chercheurs» qui étudient «comment les parents influent sur la trajectoire de leurs enfants ; comment les compétences humaines se développent ; comment le caractère se forme». Et de poursuivre :

    Jusque récemment, on n’a jamais réellement tenté d’utiliser les outils de la science pour percer les mystères de l’enfance et retrouver, par l’expérimentation et l’analyse, la manière dont le vécu des premières années a des répercussions à l’âge adulte.

    Malgré les exagérations grossières de ce genre (qui semblent, il est vrai, de rigueur ces temps-ci), on peut presque voir s’allumer les centres du plaisir dans le cerveau parental fébrile à la seule vue de ces mots : Science ! Compétences ! Caractère ! Organisation !

    L’anxiété en matière d’éducation a atteint un sommet historique, affirme Tough, mais nos motifs d’inquiétude ne sont pas les bons. Plutôt que de pousser nos gamins à «prendre de l’avance» sur le plan scolaire – comme peuvent le faire un million de maternelles sélectives et de cours privés –, nous devrions mettre l’accent sur les capacités psychologiques concrètes et les stratégies d’adaptation qui amélioreront leurs chances de réussite. La faculté d’épeler correctement saugrenu ou de situer la mer Caspienne sur une carte est beaucoup moins annonciatrice d’une haute performance à terme que ne l’est, par exemple, la capacité de gérer le stress et d’affronter l’échec.



    Soixante ans environ après que l’expérience du psychologue Harry Harlow sur les mères de substitution a démontré que les jeunes macaques rhésus privés de leur mère se lient à la figure de remplacement incarnée par une silhouette de singe en bois recouverte de tissu, nous voilà de retour à la case départ (mais avec de nouveaux outils permettant de mesurer la biochimie).

    Ainsi des neuro*scientifiques de l’université McGill à Montréal ont-ils découvert que les rats léchés et pansés par leur propre mère ou par une mère d’adoption deviennent, en grandissant, «plus courageux, plus audacieux et mieux adaptés» que les ratons qui n’ont pas bénéficié d’autant d’attention – qui plus est, grâce au léchage intensif opéré par leur généreuse maman, ils intègrent à leur ADN une saine faculté de réponse au stress.

    De même, comme l’a montré un chercheur de la New York University, quand la maman d’un enfant est «inattentive et peu réactive», les niveaux de cortisol du petit s’élèvent de manière spectaculaire sous l’effet du stress, preuve qu’il peine à gérer les difficultés. En revanche, si la mère répond à ses besoins, ses niveaux de cortisol bougent à peine, preuve que l’enfant régule mieux son stress. En d’autres termes, les parents inattentifs laissent une empreinte durable sur la biologie de leur progéniture, compromettant leur capacité de faire face aux défis.

    Tough furète dans la recherche contemporaine sur le développement, mais il a le mérite de rattacher chaque concept à des cas bien réels – y compris de jeunes moins bien lotis que les protagonistes habituels des manuels du mieux-élever-ses-enfants.

    Le journaliste va sur le terrain observer les conditions d’apprentissage de gamins des quartiers pauvres de Hunters Point à San Francisco ou du sud de Chicago, examinant la multitude d’obstacles émotionnels qu’ils rencontrent pour pouvoir réussir. Dans les deux premiers chapitres, l’auteur offre des reportages saisissants sur les combats que mènent, dans tous les milieux sociaux, des enfants, des enseignants et des responsables administratifs en chair et en os. Et il complète chaque histoire en donnant une idée de ce qui permet aux gosses de rester investis et concentrés dans le cadre scolaire.

    Tough souligne aussi que les problèmes de développement de l’enfant aux États-Unis sont plus qu’ailleurs, et de manière inquiétante, liés à la classe sociale. Selon les données officielles recueillies depuis 2001,

    dans chaque État, chaque ville, pour chaque niveau scolaire et presque chaque établissement, les élèves issus des foyers les plus modestes ont de bien plus mauvais résultats que ceux des familles bourgeoises; arrivés à la fin du collège, ils ont deux ou trois classes de retard en moyenne.

    Appât du gain

    Mais c’est dans un chapitre consacré à une école publique qui s’est investie dans le jeu d’échecs de compétition que Tough trouve véritablement son rythme. Nous faisons la connaissance d’Elizabeth Spiegel, une professeure d’échecs fort bizarre et déterminée, avec un bel éventail de garnements à gérer. Spiegel et ses élèves incarnent de la manière la plus concrète à quel point les compétences non cognitives peuvent conduire au succès dans des activités naguère considérées comme une pure expression du QI.

    « Pour progresser vraiment aux échecs, explique Spiegel à l’auteur, il faut analyser ses parties et comprendre ce qu’on a fait de travers.» Son approche peut sembler un brin sacrilège à des parents qui vouent un culte à l’estime de soi. Car au lieu d’entraîner les enfants à simplement croire en leurs capacités, elle les initie à chaque coup, souligne leurs erreurs, et les réprimande vertement pour chacune – avant de poursuivre sur un ton encourageant.

    Spiegel marche sur une corde raide, reconnaît Tough ; elle veut que ses élèves «assument la responsabilité de leurs erreurs et en tirent les leçons sans être obsédés par leurs fautes ni tomber dans l’autoflagellation». Quoi qu’il en soit, elle tient sans doute quelque chose: située dans un quartier difficile, cet établissement public affiche les meilleurs résultats de tous les collèges du pays aux échecs.

    De façon révélatrice, alors que l’un de ses élèves, James Black, a atteint le grade de maître, Spiegel préfère dire, plutôt que de saluer ses performances:

    Il a travaillé tellement dur, avec une telle patience et pendant si longtemps ! C’est ce que je respecte le plus chez James.

    La plupart des manuels de conseils aux parents en situation d’ascension sociale semblent présupposer qu’un conquistador des affaires sommeille en chaque enfant. Mais est-ce là en vérité ce que nous voulons faire de nos gamins? À l’heure où la corruption et l’appât du gain sont tellement au cœur de notre société qu’on ne sait plus y voir des aberrations, devons-nous inculquer à nos gosses un sens des responsabilités qui en fera de bons citoyens, ou seulement le sentiment qu’ils ont droit à un revenu décent?

    Devons-nous leur souhaiter une vraie réussite professionnelle, l’épanouissement créatif, ou la simple capacité de survivre? Devons-nous encourager et récompenser l’esprit pacifique, coopératif, ou le goût du combat au couteau ? [...]

    Mais dans une société où le P-DG gagne désormais 380 fois le salaire moyen et où 22% des enfants vivent au-dessous du seuil de pauvreté fédéral (23000 dollars par an pour une famille de quatre personnes), un livre comme «l’Hymne de bataille de la mère tigre» ressemble de moins en moins à un divertissement de luxe et de plus en plus à un instrument de domination de classe. Voulons-nous peupler la planète de guerriers ultracompétitifs et nombrilistes ou de citoyens compatissants ?

    le nouvel obs

  • #2
    Voulons-nous que nos enfants deviennent des gens bien, ou des dominants sociaux?
    Des dominants sociaux!
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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    • #3
      Des gens de bien et ambassadeurs de l'Islam.
      Ya Allah, al Aziz, al Hakim. a7fadh jazair wa al maghareb al kabir

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      • #4
        Des gens bien guidés non malmené !!!oeilfermé
        Everything happens for a reason but it's up to you to find the good in it

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        • #5
          Des gens de bien et ambassadeurs de l'Islam.
          Tu rigoule! ça c'est un oxymore!
          "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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