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Ramadhan chez les nomades..Loin du bruit du monde

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  • Ramadhan chez les nomades..Loin du bruit du monde

    Le mode de vie nomade parait en sursis, menacés par d’innombrables problèmes. Pourtant, les finances ne manquent point.
    Les nomades. Une population qu’on pourrait croire hors de notre monde. Chez nous, ils sont d’éternels voyageurs à la conquête des zones steppiques dont la superficie est estimée à plus de trois millions d’hectares. Ils vivent éparpillées dans le sud de la région de Tlemcen. Dès qu’on plonge au cœur de la steppe, on voit de loin des tentes dressées. Chacune est pratiquement entourée d’un véhicule GAK, un tracteur ou un véhicule camionnette, le plus souvent des 504 ou 404 Peugeot. Pour un touriste, s’approcher facilement d’une « Kheyma » relève du domaine du rêve.On est d’emblée accueilli par le chef de la « Kheyma ». Celui-ci armé d’un fusil de chasse, nous lance : « Où est-ce que vous allez ? ». Ici la vraie « Horma » existe encore. Il est quasiment impossible de voir la silhouette d’une femme. « Diaf Rabbi » (hôte de Dieu) a-t-on répondu. On nous conduit dans une tente spéciale pour les invités, El Hadj Moussa, issu de la tribu des A’mor, ne cesse de répéter : Marhaba ! Marhaba  !… prenez place. La prière d’El Asr n’est pas loin. La tente où nous prenons place semble montée sur un terrain plat. L’entrée est orientée vers l’est pour éviter le « souffle« des vents.A l’intérieur, une fraîcheur se dégage. La kheima est modestement meublée. Un tapis et deux « Hassirate » à l’entrée. Quatre matelas, des oreillers et deux tables. L’hospitalité est la première qualité du nomade. El Hadj Moussa fit aussitôt appel à son fils pour égorger un mouton. Il insiste pour que nous partagions avec lui le ftour. « C’est impossible. Merci », a-t-on répondu. Il a fallu une véritable gymnastique pour le convaincre. Soudain l’adhan d’El Asr fusa depuis un poste radio portatif.El Hadj Moussa nous explique que le transistor est le seul moyen pour connaitre les horaires des prières. Pour le « s’hour », on se contente de scruter les étoiles. Pas la peine de regarder la montre. El Fadjr c’est 15 minutes après « El Assima ». Les nomades se contentent du Sfouf et du lait. Quant au Ftour, on prépare la chorba et un plat de résistance : haricot, viande, pomme de terre…)« À 25 km de la route nationale, il nous est impossible de nous rendre quotidiennement au marché », dira-t-il. Le village le plus proche est à 30 km. Les nomades s’approvisionnent chaque jeudi et dimanche aux souks hebdomadaires. Chamiya et Zlabya ne garnissent leur table que deux fois par semaine.

    Mutations
    Les nomades ont dû affronter, ces dernières années, de graves mutations de leur cadre de vie causées par entre autres la sécheresse, la diminution du fourrage, facteurs qui obligent à défraîchir les steppes. Le mois de Ramadhan est dur. Pour le berger, c’est une longue journée. Celui-ci ne rentre qu’au coucher du soleil. Il passe sa journée sous un soleil de plomb. Près de la kheyma, les femmes font le ménage, traient les chèvres laitières, ou nettoient la « Zriba » (enclos). Pour eux, l’eau fraîche fait défaut. On utilise encore l’outre exposée à l’air et dont on arrose l’extérieur de temps à autre.Cette femme malheureusement n’a droit au bain qu’une fois par mois. Autrement, elle utilise l’eau de la citerne pour prendre une douche « rapide ». Non loin, à quelque 300 mètres, Hadj Moussa nous montre une autre famille relevant de la tribu des Hamiène. Des silhouettes féminines vaquent à leurs occupations, dans leur « territoire ». Le mode de vie nomade parait en sursis, menacés par d’innombrables problèmes. Pourtant, les finances ne manquent point. Selon notre interlocuteur, le dernier éleveur possède au minimum 1500 têtes (ovins et caprins). Ici on attribue le nom « Assay » c’est une unité de mesure. Une « Assay » équivaut à 1000 têtes d’ovins. Malgré cette richesse, les nomades acceptent ce rude mode de vie bien que la déscolarisation, les problèmes d’hygiène se posent au quotidien…. « Aucun de mes enfants ne connait l’école », nous confie notre interlocuteur, rappelant que chacun d’eux est né quelque part dans la steppe. A travers ces immenses régions, l’accouchement traditionnel est toujours pratiqué. Ramadhan, chez cette communauté d’éleveurs, reste pourtant un mois de baraka. Les enfants jouent à cache-cache. Les vieux préfèrent un vieux jeu de société appelé « Sig ». Un jeu où on utilise 4 bâtonnets, et qui ressemble au Monopoly. Le dé est remplacé par des bâtonnets, et comme pions, de petites pierres.Le berger à son retour, donne à boire à son cheptel avant de l’enfermer dans la « Zriba ». Il se rafraîchit en se lavant avant de s’éclipser quelques minutes en attendant le ftour. Ici, le père de famille est l’unique responsable. Il a la gestion exclusive des biens. Les enfants, notamment les jeunes mariés entre 20 et 25 ans et majoritairement analphabètes, jouent un rôle essentiel. La fille bien gardée sous la tente attend son prince charmant. Malgré les milliards, ces femmes mènent en réalité une vie de misère. On se croirait au Moyen-Age. Elles sont chargées des tâches domestiques quotidiennes, éreintantes et fatigantes. Entendre une voix féminine ou voir l’ombre d’une femme est un miracle. Par contre, elles, curieuses de notre présence, peuvent voir depuis une fente de la tente.Les nomades veillent, en ce mois sacré, autour d’un thé. De nombreuses histoires des immémoriaux sont racontées. Pour les jeunes, c’est une occasion de chasser le lièvre. Pour d’autres, ils se réunissent près de la « Zriba » pour fumer loin des yeux des parents. A voir ces décors, et cette endurance quotidienne, on peut facilement deviner la souffrance de tout un peuple nomade, loin des lumières de la ville. Loin des écrans LCD, et loin de toute technologie. La Coupe du monde, le 8-Mars, le 5-Juillet, les plages, une Série 6, etc. sont en réalité des mots étranges dans cet univers isolé. La musique, c’est celle de la flûte, la pollution sonore, celle engendrée par les aboiements de chiens, et la télévision est remplacée par « El hikayate », les contes.

    Medjahdi Mohamed

    HORIZONS
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Magnifique, ça ne doit pas être trop facile pour eux.

    Rabbi y3awanhoum.
    «Ceux qui sont infidèles connaissent les plaisirs de l’amour ; ceux qui sont fidèles en connaissent les tragédies..» Oscar Wilde

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