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Un livre... une question : Comment gérer la diversité linguistique au Maghreb ?

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  • Un livre... une question : Comment gérer la diversité linguistique au Maghreb ?

    Pour parler du paysage linguistique, Michel Quitout a dû passer par la sociolinguistique, l’histoire, l’anthropologie, la sociolinguistique, entre autres disciplines. Voilà donc un domaine où l’approche multidisciplinaire s’avère indispensable. Son ouvrage «Paysage linguistique et enseignement des langues au Maghreb» est ainsi le fruit d’un long travail qui met à profit les anciens travaux, mais propose de nouvelles pistes. Paru en 2007 aux éditions L’Harmattan, le livre nous désigne d’emblée la palette linguistique en question : l’amazigh, l’arabe et le français. La tâche n’est guère aisée. Deux facteurs en sont la cause. D’abord, l’étendue de l’espace et la diversité de ses parlers et langues (Maghreb) et ensuite le temps, puisque l’auteur a choisi d’en présenter une longue période : des origines à nos jours.
    L’auteur qui reste parmi les rares sociolinguistes maghrébins qui ont la chance de parler les trois langues à la fois, expose d’abord la référence théorique de son travail, à savoir celle relative au modèle sociolinguistique de conflit. Une idée selon laquelle l’existence d’un bilinguisme effectif et pacifique n’est qu’une aspiration voire un mythe. «La coexistence de deux langues sur un même espace mène en définitive à la disparition forcée de la langue socialement moins compétitive», fait noter l’universitaire. C’est ainsi que dans le Maghreb, l’on allait vivre un chaos linguistique, notamment en l’absence de toute politique de gestion de la diversité. Le choix idéologique de prôner une seule langue au détriment des autres allait un déséquilibre flagrant ayant engendré un vrai séisme linguistique.
    Le retour à l’histoire sera incontournable, étant donné la description du phénomène de l’arabisation d’un espace amazigh à l’origine. L’expédition militaire entreprise envers ce que les géographes appelaient «Jazirat du couchant» (l’île du Maghreb). La mort du prophète en 632 allait donner naissance au phénomène de conquête : les musulmans avaient le devoir de prêcher la nouvelle foi. L’islamisation se voulait normalement génératrice de l’arabisation, mais cela n’a pas été le cas, du moins durant une bonne période. «Bien qu’ayant adopté l’islam dans sa grande majorité, à partir du VIII siècle, la population amazighe se révolta contre les gouverneurs arabes qui ne tardèrent pas à les traiter en vaincus et en convertis. Mais islamisation ne veut nullement dire arabisation, celle-ci n’est toujours pas achevée au jour d’aujourd’hui, quatorze siècles plus tard».
    Débuta ainsi une ère de fonctionnalité linguistique qui devait prendre les couleurs d’une préférence linguistique basée sur le facteur religieux. Une sorte de discrimination qui fera de l’arabe l’équivalent d’une ascension sociale, voire religieuse. «La langue du pouvoir devient l’instrument d’accession à la noblesse des origines et à la sainteté». Le Maghreb allait vivre au rythme d’une diversité inéluctable. La présence des maures andalous expulsés d’Espagne (bourgeoisie citadine), berbères arabisés, des Arabes berbérisés et des Espagnols, ainsi que des juifs aux différentes langues (portugais, espagnol, italien, arabe…) allait engendrer une riche mosaïque linguistique et vue aussi comme un héritage ingérable. «Toutes les langues vont participer à la constitution d’une «lingua franca» qui puise son originalité dans l’emprunt combiné qu’elle fait à toutes les langues en présence», écrit Quitout.
    Cette diversité allait, par la suite, vivre différemment dans les systèmes scolaires. Cela aboutit à une diversité des systèmes éducatifs, et par conséquent à des cursus différents. Le marché linguistique au Maghreb évolue selon des systèmes variés, ce qui a accentué le «choc des langues». Ibn Khaldoun n’avait-il pas dit que la dominance d’une langue dépend du pouvoir de ses usagers ?

    libération ma

  • #2
    Une idée selon laquelle l’existence d’un bilinguisme effectif et pacifique n’est qu’une aspiration voire un mythe. «La coexistence de deux langues sur un même espace mène en définitive à la disparition forcée de la langue socialement moins compétitive», fait noter l’universitaire.

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    C'est une des erreurs actuelles du mouvement amazigh de croire que la darija et Tamazight pourront coexister sur un même territoire. D'où la nécessité de territorialiser Tamazight et Darija qu'on associe fallacieusement à l'arabe




    «Toutes les langues vont participer à la constitution d’une «lingua franca» qui puise son originalité dans l’emprunt combiné qu’elle fait à toutes les langues en présence», écrit Quitout.
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    Cela une une réponse à ceux qui essaient de tromper les gens que la darija d'Afrique du nord n'est qu'un dialecte de la langue arabe comme l'est le dialecte saoudien ou le dialecte Kowetien !
    Dernière modification par absent, 19 juillet 2014, 21h43.

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    • #3
      Est-ce que vous êtes dans le domaine ?
      La kitscherie : admire la ou prends la au second degré !

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      • #4
        saha ramdankoum

        La langue standard en général est une variété d'une communauté linguistique qui est légitimée et institutionnalisée comme mode supra-régional de communication.
        La standardisation d'une langue a quatre fonctions: unification de langue, démarcation par rapport à une autre langue, fonction de prestige, et fonction de référence normative, guidant locuteurs et apprenants à écrire et parler la langue correctement.
        dz(0000/1111)dz

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        • #5
          Cela une une réponse à ceux qui essaient de tromper les gens que la darija d'Afrique du nord n'est qu'un dialecte de la langue arabe comme l'est le dialecte saoudien ou le dialecte Kowetien !
          Malgré les hésitations et les hypothèses diverses émises depuis plus d’un siècle et demi, l’apparentement* de la langue berbère ne fait aucun doute : le berbère est l'une des branches de la grande famille linguistique chamito-sémitique (ou "afro-asiatique", selon la terminologie américaine initiée par J. Greenberg), qui comprend, outre le berbère, le sémiti-que, le couchitique, l'égyptien (ancien) et, avec un degré de parenté plus éloigné, le groupe "tchadique" dont le représentant le plus connu est le haoussa.
          Cette notion de parenté linguistique, souvent très idéologisée, est, faut-il le rappeler, précisément définie et relative : elle est de nature strictement linguistique et n’implique rien en termes d’anthropologie (origine des peuplements) et/ou de culture. Elle est tou-jours relative dans le temps et bute sur les limites chronologiques des méthodes du compa-ratisme linguistique : les apparentements que l’on peut sérieusement établir ne remontent jamais au-delà des Néolithiques anciens : or, il y a un «avant» et l’histoire de l’humanité, des peuples et des langues, ne commence pas avec la pierre polie et l’agriculture!
          En particulier, il est bon d’insister sur le fait que la parenté chamito-sémitique du berbère n’implique en rien une « venue du Moyen-Orient (sémitique) ou de l’Afrique de l’Est »… Au contraire, tout indique, les données préhistoriques comme les données lin-guistiques, une très grande ancienneté du berbère en Afrique du Nord (Cf. Chaker 2006b). En considération de l’unité profonde du berbère sur une aire considérable, on pourrait même très légitimement émettre l’hypothèse que le berceau initial des langues chamito-sémitiques, contrairement à toutes les thèses classiques, pourrait bien être l’Afrique du Nord, seul môle de stabilité et de continuité dans l’ensemble chamito-sémitique, à partir duquel se serait diversifiées les branches et langues de la famille, par migration vers le Sud-est (domaine couchitique et tchadique), vers l’Est (domaine égyptien et sémitique). En tout cas, l’hypothèse n’est pas moins légitime que toutes les autres émises antérieu-rement et paraît même confortée par le matériau linguistique, notamment grammatical, car le système berbère apparaît souvent à la fois comme prototypique et particulièrement transparent dans l’ensemble chamito-sémtique…
          En tout état de cause, le berbère peut être considéré comme la langue "autochtone" de l’Afrique du Nord et il n’existe actuellement pas de trace positive d’une origine exté-rieure ou de la présence d’un substrat pré-/non-berbère dans cette région. Aussi loin que l’on puisse remonter – c’est-à-dire dès les premiers témoignages égyptiens (Cf. Bates 1914 (1970)) –, le berbère est déjà installé dans son territoire actuel. La toponymie no-tamment n’a pas permis jusqu’ici d’identifier précisément un quelconque sédiment pré-berbère.
          dz(0000/1111)dz

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          • #6
            A vouloir trop uniformiser, on perd l'essentiel: satisfaire tous le monde. Et les mal intentionnés mettront leur échec sur les arabistes, les baathistes, les bédouins, les beni hillel et j'en passe des quolibets et gentillesses alibis. et du coup on perd le soutien et la sympathie des arabophones.
            les Libyens sont arabes et musulmans – et celle de Kadhafi, plus nette encore : pour lui, les Berbères sont des Arabes. En conséquence, la gestion politique du paramètre berbère se résume à l’exclusion et à la répression. Dans la dynamique révolutionnaire, le positionnement des Berbères est marqué par une berbérité affichée et revendiquée, face à un Conseil national de transition majoritairement arabophone et islamiste.

            pour La berbérophonie libyenne est sous-documentée et mal connue, surtout dans les sources de langue française. En matière de langue berbère de Libye, à l’exception de quelques références très anciennes (fin du XIXe et tout début du XXe siècle) et des travaux de Jacques Lanfry sur Ghadamès [3], l’essentiel des sources est, sans surprise, d’origine italienne. La situation sociolinguistique du berbère est encore plus mal connue et les observations scientifiques récentes sur cet aspect des choses quasiment inexistantes.
            Pour l’essentiel, on s’appuie donc sur les travaux des linguistes italiens, déjà bien anciens (Francesco Beguinot [4], Gennaro Buselli [5] ; Fernando Zanon [6]) ou ponctuels et très spécialisés (Luigi Serra [7], Vermondo Brugnatelli [8]), ou sur les travaux de géographes comme Jean Despois [9], Danielle Bisson, Jean Bisson et Jacques Fontaine [10], souvent peu précis sur les questions sociolinguistiques.
            L’ouvrage de Jean Despois est une exception notable sur ce plan, mais, outre son ancienneté (1935), il ne concerne que le Djebel Nefoussa. Ceci amène aussi à souligner que la quasi-totalité des travaux de sciences sociales sur la Libye contemporaine sont muets sur le paramètre berbère. Le paradigme de la "Révolution libyenne" ignorant totalement les réalités berbères sauf éventuellement pour les condamner et les disqualifier comme "ennemis de la Nation arabe et instruments du colonialisme et l’impérialisme [11]", les observateurs occidentaux de la Libye de Kadhafi ne mentionnent quasiment jamais les Berbères comme acteurs sociaux ou politiques. À leur décharge, il faut dire que le régime libyen de Kadhafi était l’un des plus opaques du monde arabo-musulman. Comme l’écrivaient les rédacteurs réguliers de la "Chronique Libye" de l’Annuaire de l’Afrique du Nord : "Il est difficile de savoir quelque chose de précis sur l’opposition au régime de la Jamahiriya : d’une part, elle est secrète ; d’autre part, l’information libyenne en minimise l’importance, quand elle ne cherche pas à dénaturer complètement ses manifestations et ses objectifs [12]". Le régime était aussi l’un des plus répressifs du monde arabe : "En Libye, toute manifestation d’hostilité ouverte contre le régime est impensable depuis des années. La loi punit de mort toute prise de position contraire à la Révolution [13]".
            Dernière modification par katiaret, 23 juillet 2014, 21h30.
            dz(0000/1111)dz

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