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Le réquisitoire des Mozabites

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    e Salah Dabouz, responsable au sein de la Laddh, n’a pas mâché ses mots. “Le pouvoir en place assume l’entière responsabilité de ce qui se passe à Ghardaïa.
    Ce n’est pas un conflit communautaire, mais un plan pour mettre le feu à Ghardaïa (…)”.

    “La situation à Ghardaïa est précaire et très dangereuse. La haine s’est installée et je vois qu’elle s’installe durablement. Le problème s’aggrave et devient de plus en plus communautaire. Il faut de grands efforts pour arriver à la réconciliation. S’il y a une chose à reprocher au pouvoir c’est d’avoir laissé un petit conflit perdurer jusqu’à devenir un problème ethnique grave.” Visiblement choqué par le malheur qui frappe sa ville depuis huit longs mois, Noureddine Daddi-Nounou, membre actif de la société civile et du Comité de coordination et de suivi (CCS) s’est, à l’occasion d’une conférence- débat animée avec Me Salah Dabouz, vendredi soir au siège du RCD à Alger, indigné tout en faisant part de ses craintes de voir la situation atteindre le point de non-retour. “Nous lançons un cri de détresse au peuple algérien pour nous aider à mettre fin à cette tragédie”, lâche-t-il encore.
    Convaincu qu’on a délibérément poussé au pourrissement, le militant associatif n’a pas hésité à pointer un doigt accusateur vers “des décideurs qui refusent de donner l’ordre au moment opportun”. “Les gens sont convaincus qu’il y a un plan derrière”, assène-t-il. “Le Premier ministre, le ministre de l’Intérieur, son collègue de la Justice, le DGSN, le patron de la gendarmerie sont tous venus à Ghardaïa et à plusieurs reprises. Rien n’a été fait. Il y a défaillance des services de sécurité. Je parle de ceux qui commandent et non pas des troupes”, insiste-t-il encore.
    Une analyse que partage entièrement Me Salah Dabouz qui, lui aussi, n’a pas mâché ses mots. “Le pouvoir en place assume l’entière responsabilité de ce qui se passe à Ghardaïa. Ce n’est pas un conflit communautaire mais un plan pour mettre le feu à Ghardaïa (…) Cette anarchie qui règne à Ghardaïa, est créée et entretenue au niveau central”, dénonce-t-il non sans jeter un véritable pavé dans la mare en révélant que des policiers ont tué trois citoyens. “On parle de 11 victimes mais en réalité il y en a 14. Il y a eu trois Algériens tués, le
    15 mars dernier, au quartier Hadj-Messaoud, par des policiers qui ont fait usage de balles réelles. La vidéo a fait le tour du monde. Un de nos militants,Yacine Zaïd, s’était rendu dans la région pour faire une enquête”, explique-t-il.
    Autre information importante fournie, cette fois-ci, par M. Daddi-Nounou : tous ceux qui ont eu à gérer cette crise ont bénéficié de promotion. “Notre ancien wali a été permuté avec son homologue de Tamanrasset. Le directeur de la sûreté de wilaya est promu en faisant son entrée dans le cabinet du DGSN, Abdelghani Hamel. Idem pour le directeur de la police judiciaire qui s’est retrouvé directeur de sûreté de la wilaya de Laghouat et le responsable local de la gendarmerie, un lieutenant-colonel, promu au grade de colonel”, énumère-t-il. Fait important : les deux conférenciers ont énergiquement récusé la thèse du pouvoir qui voulait faire passer la crise de Ghardaïa pour un conflit intercommunautaire. “Le problème n’est pas entre les Mozabites et les Arabes, même si par le passé il y a eu souvent des escarmouches entre les deux parties”, remarque le militant associatif qui reproche aux autorités de vouloir en finir avec l’organisation ancestrale dans la vallée du M’zab. “Nous avons une organisation ancestrale qui régit la ville. Apparemment, les autorités, sans qu’elles le disent ouvertement, ne veulent pas de cette organisation et elles sont en train de tout faire pour la casser. Pourtant, elle permet aux gens de vivre paisiblement et de se prendre en charge. Elle a permis de trouver des solutions aux problèmes du chômage et du logement”, dénonce-t-il avant d’enchaîner : “Nous, nous ne vivons pas aux crochets de l’État. Il y a un renversement de l’échelle des valeurs. Le travail est maudit et la sous-culture de l’argent facile, du clientélisme, du népotisme s’est incrustée dans le corps social. On y a introduit un système maffieux, des lobbies, des relations douteuses, privilèges, etc. Le Mozabite se trouve en porte-à-faux avec ces nouvelles valeurs maffieuses. Les choses se sont compliquées depuis quelques années.” Autre grief retenu par le membre du CCS contre le pouvoir : son acharnement à se donner des interlocuteurs sur mesure. Selon lui, le chef d’état-major de la Gendarmerie nationale, le secrétaire général du ministère de l’Intérieur et un représentant de la DGSN, qui ont tous exercé par le passé à Ghardaïa et qui y ont des relais, sont, depuis trois jours, dans la capitale du M’zab avec pour mission de “se constituer des partenaires”. “Ils se trompent de feuille de route et sont en train de fabriquer des Abd Rabo, Hanane El-Shaarawy, etc”, assène-t-il. “La société civile refuse cette solution et ne veut pas de pacte de conciliation entre les deux communautés”, insiste-t-il.
    La solution alors ? “On réclame l’application de la loi et que l’État assume ses responsabilités régaliennes, c’est-à-dire de préserver l’ordre public, les personnes et les biens”, explique
    Noureddine Daddi-Nounou. “Il faut faire fonctionner les lois de la République dans le cadre des institutions. Il faut mettre un terme à l’impunité”, renchérit Me Dabouz.

    A. C
    Liberté 20/07/14
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."
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