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Lieux de nostalgie et d’authenticité : Les cafés, une source d’inspiration pour les écrivains

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  • Lieux de nostalgie et d’authenticité : Les cafés, une source d’inspiration pour les écrivains

    La mémoire d’un pays, d’une ville, se niche aussi dans les espaces publics. Elle n’est pas seulement entreposée dans les pièces de musées ou dans les organismes d’archives où se conservent les traités et les objets du passé.
    Une place comme Tianmen à Pékin ou la Place rouge à Moscou ont été le théâtre d’événements qui se sont inscrits de manière indélébile dans le registre de l’histoire. La Bastille à Paris symbolise aussi l’avènement de la République et d’un nouvel ordre politique. La ville lumière compte aussi des lieux comme le café de Flore, lieu de rendez-vous des intellectuels. On connaît la place qu’avaient dans la vie et l’œuvre de Nadjib Mahfoud les cafés où il puisait son inspiration. Dans notre pays, chaque ville recèle aussi des endroits qui gardent une partie de son âme.
    Des cafés comme Nedjma à Constantine ou Malakoff dans la Basse Casbah furent des lieux de rendez-vous qui ne doivent pas dépérir dans l’indifférence. Kahwat Tlemcani ne fut pas un endroit ou l’on vient seulement siroter un thé au comptoir et quitter les lieux prestement. On trouve ainsi dans beaucoup de petites localités des petits cafés qui résistent au vent de la modernisation. On continue à préparer le café ou le thé à la manière traditionnelle et les murs sont recouverts de photos jaunies qui racontent une époque.

    Certaines corporations comme « Idhabalene » (tambourinaires) en Kabylie ont toujours jeté leur dévolu sur des lieux précis depuis parfois des générations. Ce n’est pas un hasard si les autorités culturelles dans tous les pays préservent et valorisent les endroits ou de grands hommes politiques, des écrivains ou des peintres ont travaillé ou vécu une partie de leur vie. Dans notre pays on trouve davantage de plaques célébrant des martyrs de la révolution mais aucune de nos hommes de lettres n’a vu sa maison préservée des injures du temps ou des hommes. Il y a quelques années, l’état ou s’est retrouvée la maison ou avait vécu Malek Bennabi avait soulevé une vague d’émotion. Mais qui peut retrouver aujourd’hui trace des endroits ou avait vécu ou a enseigné Mouloud Feraoun à Alger ou même en Kabylie. Hormis la plaque apposée au château royal où il fut assassiné en mars 1962. Combien de jeunes peuvent aujourd’hui situer le siège « d’Alger républicain » en plein cœur d’Alger où dans les années 50 Dib et Kateb Yacine étaient de jeunes reporters. Quelle zaouïa conserve le souvenir du passage de tel homme illustre ? Le café a toujours été présent dans l’imaginaire culturel et social. En milieu de l’émigration, il fut un espace de prestations artistiques et une tribune politique. Une production qui a eu beaucoup de succès, « Barbès Café », retrace cette époque avec beaucoup de talent et de grâce. Une des plus célèbres nouvelles de Mohamed Dib porte le titre d’« Au café », lieu où grouillent toute une humanité chaleureuse. Plus récemment, Hamid Grine, revisitant sa ville natale, Biskra, a accordé une grande place au « Café de Gide », titre du livre. Beaucoup ont conservé un souvenir du Lotus, naguère très prisé par les écrivains. Il est très rare de ne pas trouver dans le cinéma et la littérature de notre pays une évocation de ces lieux où se traitent les affaires, se dénouent les conflits et s’échangent les secrets ou plus prosaïquement l’argent. Les larrons d’Omar Gatlatou s’y éclatent dans l’atmosphère des cafés enfumées et des personnages des « Vigiles » de Tahar Djaout refont le monde dans un bar de la capitale.
    A l’heure où partout les autorités cherchent à préserver le patrimoine, les actions en la matière ne doivent pas seulement concerner les lieux ou se déroulèrent de glorieuses batailles. L’histoire d’un pays c’est aussi tous ces artistes qui ont chanté sa beauté, qui ont sublimé, dans de belles pages ou de magnifiques chansons, les peines et les rêves de ses enfants.

    R. Hammoudi
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