Depuis le début de l’offensive terrestre jeudi dernier, le mouvement islamiste du Hamas a réussi à tuer près de 25 soldats israéliens, soit les plus lourdes pertes subies par l’armée israélienne depuis la guerre de 2006 contre le Hezbollah libanais. Une capacité de résistance qui a surpris en Israël.
Gaza va-t-il être le nouveau bourbier de l’armée israélienne? En quatre jours, l’armée israélienne a perdu 25 de ses soldats dans l’enclave palestinienne, soit plus que le double de l’opération terrestre de 2008-2009 qui avait duré deux semaines au sol.
Un officier de l’armée israélienne, familier de Gaza, témoigne dans Haaretz de la dureté des combats : "Je suis allé à Chujaya avant, mais je n'ai jamais vu cela, ou le Hamas comme cela avant. Leurs équipements et leurs tactiques ressemblent à ceux du Hezbollah. Des engins explosifs sont placés un peu partout. Et ils restent et combattent au lieu de fuir comme dans le passé". Un autre officier cité par le quotidien israélien estime que le Hamas est "certainement un niveau au-dessus” de celui auquel il s’était "attendu". Un officiel au fait des plans opérationnels à Gaza résume : "Nous avons été certainement surpris par l'ampleur des tunnels que nous avons trouvé à Chujaya. Le problème est que la lutte dans un endroit comme Chujaya est le scénario de rêve du Hamas, puisque nous leur offrons de nombreuses cibles."
"Guérilla urbaine"
La principale force du Hamas tient en effet dans ses tunnels. Permettant de cacher des armes, les combattants du Hamas les utilisent également pour s’infiltrer en Israël. Plusieurs types d’opérations de ce genre ont été déjouées depuis le début de l’opération "Bordure protectrice" par l’armée israélienne. Mais pour Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l'Institut de Recherche et d'Etudes Méditerranée et Moyen Orient (iReMMO), ce qui explique avant tout les fortes pertes israéliennes, c’est le passage d’une guerre aérienne à une offensive terrestre : "Quand les soldats israéliens se battent dans les rues avec des combattants du Hamas, il peut y avoir une relative égalité dans le feu. Nous sommes ici dans le cas d’une guérilla urbaine", explique-t-il.
Le mouvement islamiste a également surpris par sa capacité à envoyer pratiquement quotidiennement des roquettes, bien plus que durant l'opération Pilier de défense en 2012, sur pratiquement l’ensemble des villes israéliennes : de Dimona (à 60 km de la bande de Gaza à l’Ouest), jusqu’à Hadera (à près de 130 km de Gaza), en passant par Tel-Aviv, la capitale économique du pays (80 km de Gaza) et Jérusalem (à 80 km au nord-ouest de Gaza). Les experts de l’armée israélienne estiment que le Hamas détenait au début des hostilités près 10.000 roquettes dont des centaines de missiles longue et moyenne portée de fabrication syrienne et iranienne.
La branche armée du Hamas ne néglige aucun front. A plusieurs reprises, elle a envoyé des faux SMS aux Israéliens faisant croire à l’imminence d’une attaque dans les abris anti-missiles. L’annonce de la capture d’un soldat israélien en direct à la télévision palestinienne, démenti quelques heures plus tard par l’armée israélienne, peut également être vue comme un moyen pour les brigades Al-Qassam, la branche armée du mouvement, d’accentuer la guerre psychologique contre les Israéliens.
L’Egypte veut "couper les ailes au Hamas"
Si le Hamas s’est renforcé militairement, il reste néanmoins friable diplomatiquement et économiquement. Comme le note Jean-Paul Chagnollaud, "le Hamas n’a plus de soutiens internationaux importants. La Syrie n’est plus avec lui, l’Iran et l’Egypte non plus."
Pour le correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin, interrogé par Géopolis, l’Egypte veut désormais "couper les ailes au Hamas". "Sur les ordres du général Sissi (le président égyptien, Ndlr), la plupart des tunnels qui relient le Sinaï à Gaza, ont été détruits. C’est une des raisons qui ont mis l’organisation islamiste au pied du mur. Elle a perdu sa principale source d’approvisionnement en matériel militaire, et aussi de rentrées financières (la dîme que le Hamas prélevait sur tout ce qui rentrait dans Gaza). Depuis quatre mois, les fonctionnaires et les combattants du Hamas ne sont pas payés", analyse-t-il. La guerre pourrait néanmoins permettre paradoxalement au mouvement islamiste de rehausser sa popularité dans l'enclave palestinienne en particulier s’il parvient à obtenir des mesures visant à améliorer des conditions de vie des Palestiniens (levée du blocus, élargissement de la zone de pêche, libération de prisonniers) en cas de cessez-le-feu.
le JDD
Gaza va-t-il être le nouveau bourbier de l’armée israélienne? En quatre jours, l’armée israélienne a perdu 25 de ses soldats dans l’enclave palestinienne, soit plus que le double de l’opération terrestre de 2008-2009 qui avait duré deux semaines au sol.
Un officier de l’armée israélienne, familier de Gaza, témoigne dans Haaretz de la dureté des combats : "Je suis allé à Chujaya avant, mais je n'ai jamais vu cela, ou le Hamas comme cela avant. Leurs équipements et leurs tactiques ressemblent à ceux du Hezbollah. Des engins explosifs sont placés un peu partout. Et ils restent et combattent au lieu de fuir comme dans le passé". Un autre officier cité par le quotidien israélien estime que le Hamas est "certainement un niveau au-dessus” de celui auquel il s’était "attendu". Un officiel au fait des plans opérationnels à Gaza résume : "Nous avons été certainement surpris par l'ampleur des tunnels que nous avons trouvé à Chujaya. Le problème est que la lutte dans un endroit comme Chujaya est le scénario de rêve du Hamas, puisque nous leur offrons de nombreuses cibles."
"Guérilla urbaine"
La principale force du Hamas tient en effet dans ses tunnels. Permettant de cacher des armes, les combattants du Hamas les utilisent également pour s’infiltrer en Israël. Plusieurs types d’opérations de ce genre ont été déjouées depuis le début de l’opération "Bordure protectrice" par l’armée israélienne. Mais pour Jean-Paul Chagnollaud, directeur de l'Institut de Recherche et d'Etudes Méditerranée et Moyen Orient (iReMMO), ce qui explique avant tout les fortes pertes israéliennes, c’est le passage d’une guerre aérienne à une offensive terrestre : "Quand les soldats israéliens se battent dans les rues avec des combattants du Hamas, il peut y avoir une relative égalité dans le feu. Nous sommes ici dans le cas d’une guérilla urbaine", explique-t-il.
Le mouvement islamiste a également surpris par sa capacité à envoyer pratiquement quotidiennement des roquettes, bien plus que durant l'opération Pilier de défense en 2012, sur pratiquement l’ensemble des villes israéliennes : de Dimona (à 60 km de la bande de Gaza à l’Ouest), jusqu’à Hadera (à près de 130 km de Gaza), en passant par Tel-Aviv, la capitale économique du pays (80 km de Gaza) et Jérusalem (à 80 km au nord-ouest de Gaza). Les experts de l’armée israélienne estiment que le Hamas détenait au début des hostilités près 10.000 roquettes dont des centaines de missiles longue et moyenne portée de fabrication syrienne et iranienne.
La branche armée du Hamas ne néglige aucun front. A plusieurs reprises, elle a envoyé des faux SMS aux Israéliens faisant croire à l’imminence d’une attaque dans les abris anti-missiles. L’annonce de la capture d’un soldat israélien en direct à la télévision palestinienne, démenti quelques heures plus tard par l’armée israélienne, peut également être vue comme un moyen pour les brigades Al-Qassam, la branche armée du mouvement, d’accentuer la guerre psychologique contre les Israéliens.
L’Egypte veut "couper les ailes au Hamas"
Si le Hamas s’est renforcé militairement, il reste néanmoins friable diplomatiquement et économiquement. Comme le note Jean-Paul Chagnollaud, "le Hamas n’a plus de soutiens internationaux importants. La Syrie n’est plus avec lui, l’Iran et l’Egypte non plus."
Pour le correspondant de France 2 à Jérusalem, Charles Enderlin, interrogé par Géopolis, l’Egypte veut désormais "couper les ailes au Hamas". "Sur les ordres du général Sissi (le président égyptien, Ndlr), la plupart des tunnels qui relient le Sinaï à Gaza, ont été détruits. C’est une des raisons qui ont mis l’organisation islamiste au pied du mur. Elle a perdu sa principale source d’approvisionnement en matériel militaire, et aussi de rentrées financières (la dîme que le Hamas prélevait sur tout ce qui rentrait dans Gaza). Depuis quatre mois, les fonctionnaires et les combattants du Hamas ne sont pas payés", analyse-t-il. La guerre pourrait néanmoins permettre paradoxalement au mouvement islamiste de rehausser sa popularité dans l'enclave palestinienne en particulier s’il parvient à obtenir des mesures visant à améliorer des conditions de vie des Palestiniens (levée du blocus, élargissement de la zone de pêche, libération de prisonniers) en cas de cessez-le-feu.
le JDD
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