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  • Pourquoi, après les Libérations, l'échec de la liberté ?

    Pourquoi, après les Libérations, l'échec de la liberté ?

    par Kamel Daoud


    Midi toujours. Eternellement. L'heure du doute. Le soleil regarde la terre révélée absolument. Etrange cas : les pays qui ont payé le prix fort de leur libération, n'ont pas le culte de la liberté. On va s'abîmer à chercher qui est coupable : le « peuple » qui acquiesce à sa condition ou le régime qui lui confisque sa liberté. L'un dans l'autre. Passons. Le sujet du jour est ce qui manque le plus au monde dit « arabe » : la Liberté. Celle d'entreprendre, de créer, marauder, se promener, se dénuder, nager, rire, oser, fabriquer, commencer, aller, revenir, voler et s'envoler. La liberté. En grande banderole tendue entre le lever du soleil et son coucher. Immense dans le cœur et l'horizon. Pas seulement les « libertés d'expression », de jeûner ou déjeuner ou de dénuder ou nager. Mais toute les autres. On croit que ce sont les libertés publiques et civiques qui manquent, seulement, en Algérie, par exemple. Faux : le reste aussi. Il y a lien direct entre l'absence de liberté du corps et du désir et l'absence de liberté d'entreprendre. Le manque de liberté est aussi et surtout économique par exemple : vous éprouverez la même colère et la même frustration si vous voulez être libre et vous en êtes empêché, que si vous voulez créer votre entreprise, en Algérie.

    En gros, le manque de liberté freine toutes les autres : on en devient colérique, malheureux, triste, violent, mais aussi pauvre en économie, peu créatif, peu entreprenant et donc peu utile à l'économie. Bill Gates a inventé son entreprise dans un hangar. C'est le mythe fondateur de l'entreprise américaine. La startup. Le coup de génie mêlant l'ado à l'innovation. A la base de l'histoire, la liberté qui donne l'acte le sens de l'aventure. La facilitation à créer. Dans la division de travail internationale, la caricature donne à «l'arabe» la fonction, d'ailleurs aimée au détail, d'agent de sécurité ou de gardien. Du robinet. Des gisements fossiles. Ce « monde » ne produit pas, ne participe pas à l'innovation humaine, à la course au neuf et au miracle et au soulagement de l'espèce ou son confort. Caricature certes, mais vérité, aussi. On peut, aussi, la nier et ne pas lire le reste de cette chronique, mais cela ne change pas la réalité.

    D'ailleurs tout le débat dans le monde dit «arabe» tourne autour de la liberté ? Qu'en faire? Où elle commence ? Où elle s'arrête et baisse le regard ? Qu'est-ce que c'est? Le régime la veut assise et accréditée et avec agrément. L'islamiste la veut voilée, muette et soumise. Le progressiste la veut aussi, mais en doute, la soupçonne d'être dangereuse ou n'y croit pas ou dit qu'il faut l'arroser avec de l'eau mentale ou la veut dans son périmètre ou l'analyse si bien qu'elle perd son goût ravissant et sa couleur qui rend fou et heureux. Le voisin ne l'aime pas en femme, en jeune femme, en genou nu. La foule la pourchasse comme une maladie. En gros, la liberté, dans le monde des pays «arabes», angoisse. Profondément. Chacun d'entre nous. L'une des grandes découvertes du chroniqueur a été de conclure que, énormément, de gens ont peur d'être libres. C'est tout. Ce désir puissant qui nous fait égaler l'éternité, même dans l'étincelle du bref, terrorise.

    La liberté n'est pas un slogan. C'est le socle de l'économie, la richesse, donc la puissance et la joie. On ne peut pas être riche et puissant sans économie puissante donc créative. Et on ne peut comprendre la créativité sans liberté et la liberté est un tout comme le ciel. Et c'est le nœud du monde dit «arabe» : son angoisse face à la liberté, après la libération, le laisse au carrefour du monde, assis sur la valise, face à des choix qu'il ne veut pas endosser, payer, consommer ou assumer. Quand on refuse la liberté à l'autre, on s'emprisonne à en devenir son geôlier. On s'appauvrit avec lui et lui se meurt avec vous. Il n'y a pas de gagnant. On le voit autour de nous. L'homme qui enferme sa femme, se promène alourdi de serrures au visage. Le régime qui enferme ses gens, mourra violemment avec eux. L'homme qui déteste la liberté en devient malade.

    C'est midi: l'heure des grandes idées flottantes qui vous viennent du plafond. Dont celle-ci. On ne peut avoir de grandes entreprises, sans liberté d'entreprise. Et donc sans liberté tout court.


    par Kamel Daoud


    Le Quotidien d'Oran .
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    En gros, le manque de liberté freine toutes les autres : on en devient colérique, malheureux, triste, violent, mais aussi pauvre en économie, peu créatif, peu entreprenant et donc peu utile à l'économie. Bill Gates a inventé son entreprise dans un hangar. C'est le mythe fondateur de l'entreprise américaine. La startup.
    Rien à dire !!Bravo!!

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