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ETA, IRA, FLNC : Des cagoules aux costumes-cravates

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  • ETA, IRA, FLNC : Des cagoules aux costumes-cravates

    Ce dimanche, l'organisation basque séparatiste ETA a annoncé le démantèlement des « structures logistiques de sa branche armée. » Une décision qui fait écho à celle formulée le mois dernier par le FLNC d’enclencher le processus de « démilitarisation » et de « sortie de la clandestinité ». A l’image de l’IRA et devant l'échec de la lutte clandestine, les deux organisations s'engouffrent dans le combat politique, cultivant le secret espoir que le salut viendra des urnes.


    A leur apogée dans les années de plomb, ces trois organisations ont laissé derrière elles au rythme d'assassinats politiques, de meurtres, d'attentats et kidnappings des milliers de victimes. En définitive l’action de ces organisations clandestines –soutenue périodiquement par une partie de leurs populations- qui ont œuvré depuis des décennies, n’a mené à rien ou presque. Un bilan politique famélique reconnu à demi-mot par le FLNC dans un récent communiqué qui résume son action par « l’éveil de la conscience de la population corse et le maintien des intérêts vitaux ».

    Précurseur en la matière, l'IRA a officiellement cessé toute lutte armée depuis 2005 avec notamment les accords du « vendredi saint » passés dès 1998 entre Tony Blair (donc la Grande-Bretagne) et l'armée irlandaise républicaine provisoire. Pour réclamer l’unification des deux Irlande, l’organisation s'est toujours appuyée au fil de son évolution sur sa branche politique Sinn Féin, avec à sa tête Gerry Adams. Membre dans sa jeunesse de l’IRA pour tout le monde sauf pour lui, son message à la tête du parti est clair : « La souveraineté britannique en l’Irlande du Nord est une occupation. »

    Jamais aussi populaire que depuis la fin des violences de la branche clandestine du parti, le Sinn Féin a enregistré à l’occasion des dernières élections européennes au Sud près de 20% des suffrages contre 11,2% au précédent scrutin. Au Nord, le parti reste le premier, avec 25,5% des voix récoltés lors de ces mêmes européennes. Rattrapé par son passé, Gerry Adams sera néanmoins interpellé au début du moi de mai 2014, pour un assassinat perpétré en 1972 par des membres de l’IRA. Relâché il a pu fêter son succès aux Européennes. Un succès largement explicable par la position contestataire du parti, opposé à la politique d’austérité en Europe.

    Les 4 députés européens du Sinn Féin font désormais partie de la coalition Gauche unitaire / Gauche Verte Nordique. Un groupe à l’extrême gauche du Parlement où figure notamment Jean-Luc Mélenchon mais aussi un membre d’EH Bildu.

    « LE RETOUR DE L’ETA VIA LA SCÈNE POLITIQUE

    Crée en 2012 EH Bildu rassemble l'ensemble des mouvances indépendantistes basques –très éparses-, dont la gauche Abertzale, un groupe composé en partie par les membres du Batasuna, parti interdit depuis 2003 par l’Espagne à cause de sa proximité avec l’ETA. Leur revendication principale ? « La souveraineté basque économique et politique.» Deuxième parti dans le pays basque au Parlement, il devance le Parti socialiste basque fondé en 1977 et talonne le parti nationaliste basque vieux de près de 120 ans. EH Bildu a notamment réussi à engranger 2,07% des suffrages en Espagne à l'occasion des dernières européennes. Un score significatif pour ce très jeune parti et un succès électoral dont s'est déjà félicité l'ETA.

    Son député européen Iosu
 Juaristi Abaunz, est l’ancien directeur du journal « Gara », organe proche de l’ETA. A cause de ces liens étroits, le Tribunal suprême espagnol avait d’ailleurs interdit le parti avant l’annulation de la décision au Tribunal constitutionnel. Pour l’ensemble de la classe politique basque, EH Bildu c’est « le retour de l’ETA via la scène politique. » EH Bildu a notamment conquis une des villes symboliques du Pays Basque, Saint Sébastien, où le maire Juan Carlos Izaguirre a refusé de mettre les drapeaux en berne en mars dernier alors que le pays observait 3 jours de deuil national suite au décès d’Adolfo Suarez, grand homme de la transition démocratique après la chute de Franco.

    Ce cheminement démocratique est le nouvel objectif des membres du FLNC qui a annoncé pour la première fois de son histoire en juin dernier le dépôt des armes: « nous souhaitons la construction d’une force politique Corse pour la gouverner et la conduire à l’indépendance », ont assuré les cagoulés.
    Une voie probablement salvatrice tant le mouvement nationaliste s’est perdu dans ses guerres intestines. « Que représentait la lutte armée aujourd’hui ? Des gens qui tirent sur les murs ? A mon sens, ces actes-là relèvent davantage de la psychiatrie que de la politique » tranchait récemment dans Corse Matin, Pantaléon Alessandri l’un des fondateurs du mouvement nationaliste insulaire.

    Comme en témoigne la victoire du nationaliste modéré, Gilles Simeoni à la mairie de Bastia, qui a mis fin à la dynastie Zucarelli. Leader du parti femu a corsica, il prône l’autonomie, à défaut de l’indépendance et n’est jamais rentré en opposition avec le FLNC. Autre organe fort du nationalisme corse, les membres du ghjuventu indipendentista (la jeunesse indépendante), bébés de l’héritage du FLNC qui incite désormais les membres de l’ancien groupe clandestin à rejoindre les syndicats et organisations politiques sur l’île de beauté. Nul doute que le FLNC pourra trouver appui auprès de Corsica Libera de Jean-Guy Talamoni qui a réagi au communiqué des auteurs des « nuits bleus » en affirmant son soutien aux « cagoulés » et trouve « naturelle [cette décision] de passer de la confrontation armée au combat politique. »

    La fin des années 2010 sonnera t-elle le glas des luttes indépendantistes armées et clandestines ? Beaucoup d'organisations semblent abandonné ce chemin pour celui de la démocratie. Certains y verront un reniement, à l'exemple de combattants politiques d'un autre temps, « passés du Col Mao au Rotary Club », d'autres une forme de maturité politique et un accomplissement enfin assumé en vue de la conquête de pouvoirs. Au bilan de ses multiples échecs, c'est peut-être l'une des rares réussites dont l'Union Européenne pourra en tout cas se prévaloir que d'avoir pu -grâce à la coopération entre les États- briser des mouvements clandestins pour les ramener dans le champ démocratique, jusqu'à même, ironie du sort, les anesthésier dans l'étouffoir du parlement européen.


    Ecosse, Catalogne: l'indépendance par les urnes

    Artur Mas et Alex Salmond, eux, se sont toujours baladés à visage découvert, pas de kalachnikovs en bandoulière mais un bon vieil attaché-case à la main. Ils ne se produisent pas dans des caves mais dans leurs Parlements respectifs. Jamais dans ces pays-là, la violence n’a tenu la corde pour plaider la cause de l’indépendance. Le premier est président de la Généralité de Catalogne membre de Convergence démocratique de Catalogne, le second est le leader du Scottish National Party et Premier ministre écossais. Non, l’Écosse n'est pas (encore) indépendante mais elle dispose de son gouvernement. Une situation rendue possible par la collaboration de Salmond avec les travaillistes en 1997 où il avait négocié la décentralisation de Westminster, donnant une autonomie supplémentaire à sa région. Pour achever le processus, les écossais auront à voter le 18 septembre 2014 prochain pour l'indépendance totale ou non de leur région. Le thème a souvent été évoqué par Artur Mas et les Catalans devraient voter pour leur autodétermination le 9 novembre prochain même si Mariano Rajoy, le Premier ministre espagnol s'oppose fermement à cette initiative

    Marianne
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