Le Monde.fr | 22.07.2014 à 15h17 • Mis à jour le 22.07.2014 à 21h07 | Par Les Décodeurs
La France doit livrer deux Mistral à Moscou en octobre 2014, pour un montant de 1,2 milliard d'euros.
Fallait-il livrer à la Russie un porte-hélicoptères Mistral ? Et faut-il livrer le second ? La France est embarrassée par un contrat de vente de deux navires militaires à Moscou, alors que plusieurs pays occidentaux a décidé des mesures de sanction en réponse à la crise ukrainienne.
François Hollande a choisi de livrer tout de même le premier bâtiment, déjà payé, mais reste flou sur le second. Explications.
1. Quel est ce contrat ?
Négocié depuis 2008, peu après l'attaque de la Géorgie par la Russie, et signé en juin 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le contrat prévoit la construction et la vente de deux navires porte-hélicoptères à la Russie, pour 1,2 milliard d'euros. La construction est assurée par l'entreprise française DCNS, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Le marché inclut des transferts de technologies pour environ 220 millions d'euros, ainsi qu'une formation des équipages russes. Les deux navires s'appellent Vladivostok et Sébastopol.
Le premier doit être livré fin 2014. Son assemblage s'est terminé à l'été 2013 et les premiers essais en mer ont eu lieu début mars. Depuis, des marins russes ont déjà commencé à s'entraîner à bord. Le Sébastopol, du nom de la ville de Crimée, province rattachée à la Russie en 2014, doit lui être livré fin 2016. La construction de ces navires a permis de créer 1 000 emplois en France.
2. Pourquoi pose-t-il problème ?
Dans le cadre des sanctions envisagées contre la Russie à la suite de la crise ukrainienne, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, avait évoqué la possibilité de suspendre la livraison des deux navires.
Des sanctions contre la Russie ayant été adoptées, la livraison de navires de guerre passe mal du côté des alliés de la France. Le premier ministre britannique, David Cameron, a ainsi assuré qu'une telle livraison serait « impensable » en Grande-Bretagne, quand Barack Obama a fait part de son « inquiétude », son cabinet expliquant même que Washington est « opposé » à ces livraisons.
En France, la critique a été mal reçue, le premier secrétaire du Parti socialiste, M. Cambadélis, parlant de « faux débat mené par des faux-culs ».
3. Pourquoi la Russie veut ces bâtiments ?
Pour Vladimir Poutine, l'acquisition des deux Mistral constitue un atout militaire important. Fleurons de la marine française, les porte-hélicoptères BPC Mistral (bâtiments de projection et de commandement) sont très polyvalents, et peuvent combiner les fonctions de commandement, de transport de troupes et d'hôpital.
Les Russes ne possèdent pas encore de bâtiments de ce type. De plus, ils sont vivement intéressés par les équipements de haute technologie que contiennent les deux navires. Au point que l'OTAN s'était inquiétée de ces transferts au début des négociations.
Plus globalement, la Russie cherche à moderniser sa marine, ce qui est vu par certains analystes comme une manière supplémentaire d'affirmer sa puissance.
4. Pourquoi la France tient-elle à ces contrats ?
La commande, gérée par l'entreprise STX France, sous-traitante de DCNS, a donc généré un millier d’emplois sur quatre ans. Ces emplois seront directement menacés si la livraison du second navire ne se fait pas.
De plus, il existe un risque financier sérieux. La non-livraison du premier bâtiment obligerait la France à rembourser la Russie à hauteur d'un milliard d'euros, comme l'a assuré M. Hollande. Qui a donc choisi de livrer le navire tout de même, tout en conditionnant la remise du second à « l'attitude de la Russie » dans la crise ukrainienne.
M. Hollande estime que « s'il devait y avoir des sanctions, cela interviendrait au niveau du Conseil européen et ça ne porterait que sur du matériel à venir. On n'en est pas là. On verra si les Russes se comportent mal. [Mais Vladimir] Poutine est plutôt sur l'idée de faire des propositions politiques » quant à la crise ukrainienne.
La France doit livrer deux Mistral à Moscou en octobre 2014, pour un montant de 1,2 milliard d'euros.
Fallait-il livrer à la Russie un porte-hélicoptères Mistral ? Et faut-il livrer le second ? La France est embarrassée par un contrat de vente de deux navires militaires à Moscou, alors que plusieurs pays occidentaux a décidé des mesures de sanction en réponse à la crise ukrainienne.
François Hollande a choisi de livrer tout de même le premier bâtiment, déjà payé, mais reste flou sur le second. Explications.
1. Quel est ce contrat ?
Négocié depuis 2008, peu après l'attaque de la Géorgie par la Russie, et signé en juin 2011, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, le contrat prévoit la construction et la vente de deux navires porte-hélicoptères à la Russie, pour 1,2 milliard d'euros. La construction est assurée par l'entreprise française DCNS, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique). Le marché inclut des transferts de technologies pour environ 220 millions d'euros, ainsi qu'une formation des équipages russes. Les deux navires s'appellent Vladivostok et Sébastopol.
Le premier doit être livré fin 2014. Son assemblage s'est terminé à l'été 2013 et les premiers essais en mer ont eu lieu début mars. Depuis, des marins russes ont déjà commencé à s'entraîner à bord. Le Sébastopol, du nom de la ville de Crimée, province rattachée à la Russie en 2014, doit lui être livré fin 2016. La construction de ces navires a permis de créer 1 000 emplois en France.
2. Pourquoi pose-t-il problème ?
Dans le cadre des sanctions envisagées contre la Russie à la suite de la crise ukrainienne, le ministre français des affaires étrangères, Laurent Fabius, avait évoqué la possibilité de suspendre la livraison des deux navires.
Des sanctions contre la Russie ayant été adoptées, la livraison de navires de guerre passe mal du côté des alliés de la France. Le premier ministre britannique, David Cameron, a ainsi assuré qu'une telle livraison serait « impensable » en Grande-Bretagne, quand Barack Obama a fait part de son « inquiétude », son cabinet expliquant même que Washington est « opposé » à ces livraisons.
En France, la critique a été mal reçue, le premier secrétaire du Parti socialiste, M. Cambadélis, parlant de « faux débat mené par des faux-culs ».
3. Pourquoi la Russie veut ces bâtiments ?
Pour Vladimir Poutine, l'acquisition des deux Mistral constitue un atout militaire important. Fleurons de la marine française, les porte-hélicoptères BPC Mistral (bâtiments de projection et de commandement) sont très polyvalents, et peuvent combiner les fonctions de commandement, de transport de troupes et d'hôpital.
Les Russes ne possèdent pas encore de bâtiments de ce type. De plus, ils sont vivement intéressés par les équipements de haute technologie que contiennent les deux navires. Au point que l'OTAN s'était inquiétée de ces transferts au début des négociations.
Plus globalement, la Russie cherche à moderniser sa marine, ce qui est vu par certains analystes comme une manière supplémentaire d'affirmer sa puissance.
4. Pourquoi la France tient-elle à ces contrats ?
La commande, gérée par l'entreprise STX France, sous-traitante de DCNS, a donc généré un millier d’emplois sur quatre ans. Ces emplois seront directement menacés si la livraison du second navire ne se fait pas.
De plus, il existe un risque financier sérieux. La non-livraison du premier bâtiment obligerait la France à rembourser la Russie à hauteur d'un milliard d'euros, comme l'a assuré M. Hollande. Qui a donc choisi de livrer le navire tout de même, tout en conditionnant la remise du second à « l'attitude de la Russie » dans la crise ukrainienne.
M. Hollande estime que « s'il devait y avoir des sanctions, cela interviendrait au niveau du Conseil européen et ça ne porterait que sur du matériel à venir. On n'en est pas là. On verra si les Russes se comportent mal. [Mais Vladimir] Poutine est plutôt sur l'idée de faire des propositions politiques » quant à la crise ukrainienne.
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