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Pourquoi la Grèce n'est toujours pas sortie de l'ornière

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  • Pourquoi la Grèce n'est toujours pas sortie de l'ornière

    Plus que jamais - et malgré les cris de victoire de quelques-uns à Bruxelles ou à Athènes - la stratégie économique dans laquelle la Grèce s'est engagée en 2010 semble chaque jour montrer un peu plus ses limites et son échec patent. Le rapport du bureau budgétaire du parlement grec publié lundi 28 juillet est venu le confirmer et ajoutez bien des incertitudes à l'avenir de l'économie hellénique.

    Un plan de baisse de la dette très ambitieux...
    Premier point : la question de la dette grecque n'est toujours pas réglée. Les perspectives officielles d'évolution du rapport de la dette publique sur le PIB demeurent extrêmement optimistes. Pour ramener en 2020 la dette grecque, actuellement à 174,1 % du PIB, à 120 % du PIB, la Grèce devra réaliser une croissance nominale moyenne de 3,8 % par an et afficher un excédent primaire (hors service de la dette) de 3,7 % du PIB. Le pays est encore loin d'atteindre de tels chiffres, et le rapport parlementaire reconnaît que l'évolution avancée par le FMI est « fondée sur des suppositions qui peuvent être mise à défaut. »


    Sans compter - et, on l'oublie souvent - qu'un niveau d'endettement de 120 % du PIB ne constitue guère un niveau satisfaisant. Dans les premières années de la prochaine décennie, le pays devra en effet faire face à de forts besoins de financements puisqu'il faudra commencer à rembourser les prêts des autres pays de l'UE, du MES et du FMI.

    Comme le note le rapport parlementaire, la « dette publique demeure un fardeau significatif pour l'ensemble de l'économie grecque et rendent les investisseurs inquiets. » Autrement dit, rien n'a réellement avancé : la dette contractée pour « résoudre » la crise de la dette réduit le potentiel de croissance du pays, ce qui alourdit encore le poids de la dette...

    Un besoin de financement difficile à combler
    Mais il y a plus : la Grèce risque de devoir faire face à un besoin urgent de financement. En 2014 et 2015, Athènes devrait avoir besoin de 14,9 milliards d'euros. Pourra-t-elle les lever sur les marchés alors même que les investisseurs semblent vouloir se montrer un peu moins friand de la dette périphérique que lors du premier trimestre ? Par ailleurs, la Grèce ne peut s'endetter au-delà de 5 ans, ce qui montre que son retour sur le marché restait très limité. Enfin, s'endetter sur les marchés coûte bien plus cher que s'endetter auprès du MES et du FMI. Le rapport parlementaire grec reconnaît que ce sera « une tâche ardue » de financer ces besoins sur les marchés et évoque donc un nouvel appel, le troisième, au MES. Mais là encore, l'aide sera soumis à une forte conditionnalité qui pourrait peser sur une reprise minimale cette année (0,6 % dans le meilleur des cas). Or, avec une croissance moindre, la dette continuera de progresser...

    D'autant que, comme le souligne le rapport, les rentrées fiscales demeurent toujours aussi difficiles. "L'accumulation des impayés fiscaux s'est accéléré au cours des derniers mois", indique-t-il, ajoutant que l'évasion fiscale "continue à progresser". Bref, l'excédent primaire qui a atteint - méthode statistique aidant - 0,8 % du PIB en 2013 n'est pas certain de pouvoir atteindre les 4,5 % prévu à partir de 2016 et la moyenne ambitieuse nécessaire.

    Le refus allemand d'une restructuration de la dette
    La Grèce aurait donc besoin d'une coupe franche dans son stock de dettes. Une troisième restructuration qui est réclamée depuis 2012 par Syriza mais que l'on refuse encore d'accepter en Europe. L'Allemagne, particulièrement, s'y oppose parce que, cette fois, certaines garanties devraient être activées. En effet, l'essentiel de la dette grecque est désormais détenu par des acteurs publics ou parapublics (BCE, banque allemande KfW, MES, FMI)... Couper dans la dette grecque, c'est faire payer les contribuables des autres pays. Berlin ne veut pas en entendre parler. Pas plus que de l'idée un temps émise de rallonger à 50 ans la maturité de ces prêts. Bref, en Europe, on ne change pas une stratégie perdante...

    Une croissance faible
    Autre point évoqué par le rapport qui est étroitement lié à celui de la dette : le potentiel de croissance, justement. A mesure que le temps avance, on reporte à plus tard les « lendemains qui chantent. » Mais ils semblent encore loin. Les données statistiques sont difficiles à lire car les rebonds de l'activité demeurent modestes au regard du recul du PIB et du niveau de vie depuis 2010. Au premier trimestre, le PIB a reculé de 0,9 %. Le taux d'inflation demeure largement négatif de 1,5 %. Certes, en mai, la production industrielle a bondi sur un mois de 4 %, mais elle est 1,8 % en deçà du niveau de mai 2013 et 26,5 % en deçà de celui de janvier 2005 ! Au mieux, il s'agit d'une stabilisation. De quoi douter d'un retour à 2,5 % ou 3 % l'an prochain.

    Quel moteur pour l'économie grecque ?
    Car un problème reste entier : trouver un nouveau moteur à la croissance dans une Grèce dévastée qui, quoi qu'on en dise, attire encore bien peu les investisseurs étrangers. Avec un taux de chômage qui pourrait reculer en 2015 dans le meilleur des cas à 24 %, il ne faudra guère compter sur une vraie reprise de la demande interne. Quant à la demande externe, elle ne peut guère jouer le rôle que les plans européens lui ont assigné : celui de tirer vers le haut le reste de l'économie. C'est logique car le potentiel industriel grec a péri dans la crise et les capacités de financement des entreprises pour pouvoir répondre à cette demande sont quasi-nulles. « La faiblesse des exportations malgré la baisse du coût unitaire du travail révèle, entre autres, les difficultés de réaliser une croissance soutenable en Grèce », indique le rapport. Avec cette phrase, les élus de la Vouli, le parlement hellénique, réduisent à néant toute la stratégie économique européenne menée en Grèce depuis 4 ans et qui ne vise qu'à l'amélioration de la compétitivité externe.

    Le secteur bancaire encore en difficulté
    Un des nœuds du problème grec demeure l'état du secteur bancaire. Là encore, le rapport se montre inquiet. Et là encore, la Grèce n'est pas sortie de l'impasse. Le pays reste le record du monde des créances douteuses et le rapport estime que les « problèmes des banques n'ont pas été réglées. » Les stress tests et la revue de la qualité des actifs de la BCE pourraient donc révéler quelques (mauvaises) surprises. Par ailleurs, les banques sont encore loin, malgré le soutien de cette même BCE, de pouvoir prêter aux entreprises en dépit de 40 milliards d'euros d'injections de capitaux du MES.

    Or, l'Etat grec voudrait conserver les 10 milliards d'euros qui restent à disposition du secteur bancaire pour réduire son besoin de financement. Mais, sans prêts bancaires, les PME grecques ne peuvent guère investir et l'industrie grecque ne peut guère se remettre au niveau de la demande internationale. Autrement dit, la croissance restera faible, ce qui continuera à maintenir le poids des créances douteuses dans les bilans bancaires. Bref, là encore, la Grèce reste dans un cercle vicieux. Et ce ne sont pas les 170 millions d'euros promis par la France et l'Allemagne pour aider au financement des PME grecques qui devraient changer le problème. Il s'agit là surtout de communication plus que d'économie.

    Le « risque politique » reste fort
    L'autre difficulté, c'est la situation politique. La victoire de Syriza aux Européennes le 25 mai réduit en réalité la marge de manœuvre d'une coalition gouvernementale qui semble à bout de souffle. Les prochaines élections à la Vouli s'annoncent très délicate. Si Syriza arrive en tête, malgré la forte prime en sièges (50 sur 300), elle peut se retrouver sans majorité propre. Or, le parti d'Alexis Tsipras n'a pas d'alliés : les deux partis de gauche non-gouvernementaux (Dimar et le Parti communiste) refusent toute alliance et les autres partis anti-austérité (Aube Dorée et Grecs Indépendants) sont très à droite. On peut alors se retrouver avec une situation bloquée : une coalition pro-européenne (Nouvelle démocratie, Pasok, libéraux de To Potamo) minoritaire, mais pas d'alternative. La Grèce pourrait alors se retrouver, comme en mai 2012, ingouvernable. Un tel scénario pourrait arriver plus tôt que la date de 2016 prévue aujourd'hui. En février 2015, un nouveau président de la république doit être élu par au moins 200 députés. Or, aucune majorité de cette ampleur ne se dessine aujourd'hui et il est peu probable qu'elle voit le jour sans les 52 sièges de Syriza. Or, selon l'article 32-4 de la Constitution, sans élection du président, la Vouli sera dissoute et il sera procédé à de nouvelles élections...

    Bref, les « hourras » des observateurs au printemps dernier lors du « retour de la Grèce sur les marchés » était bel et bien exagéré. la Grèce reste prisonnière d'une stratégie de plus en plus absurde.

    la tribune fr

  • #2
    Parce que les Grecs sont des tricheurs!
    Google Earth, d'après une institution communautaire à démontré qu'en Europe, la Grèce possède la plus grande concentration de... piscines!
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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