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Le réchauffement, un péril à 5 500 milliards d'euros

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  • Le réchauffement, un péril à 5 500 milliards d'euros

    Sir Nicholas Stern a été mandaté par Tony Blair pour estimer le coût du réchauffement de la planète. Il a expliqué dans un rapport de 600 pages, qui a demandé une année de travail, que si rien n'était fait, le réchauffement climatique dévastera l'économie mondiale et créera plus de 200 millions de réfugiés avec un coût estimé à plus de 5 500 milliards d'euros. Certes il n'est pas le premier à pousser un cri d'alarme, d'autres scientifiques l'ont fait avant lui là grande nouveauté c'est qu'il n'est pas un scientifique mais un économiste réputé. Du coup sa parole a un autre impact et peut-être cela réveillera plus les consciences vus le montant énorme du prix de l'inertie.

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    Il y aura un avant et un après le rapport Stern. Certes, sir Nicholas Stern, ancien économiste en chef de la Banque mondiale et patron de la très indépendante et respectée Stern Review, n'est pas le premier expert à se pencher sur les effets du réchauffement de la planète. Il n'est pas non plus le seul à anticiper de graves conséquences économiques et humaines si les États ne prennent pas le problème à bras-le-corps.

    Mais, c'est la première fois qu'un économiste de haut niveau, aussi écouté et respecté que Nicholas Stern en Grande-Bretagne (et non pas un scientifique) chiffre aussi précisément le péril et n'hésite pas à utiliser des termes très alarmistes pour donner la mesure de cette catastrophe annoncée. « Si rien n'est fait, le réchauffement global va dévaster l'économie mondiale à la même hauteur que les deux guerres mondiales et la crise de 1929 », alerte l'économiste, avec une volonté à peine cachée de créer un électrochoc en Grande-Bretagne et au-delà, et de ne pas être simplement un énième prophète dans le désert.

    Présentant hier matin l'impressionnant travail d'enquête et de prospective, 600 pages réalisées avec son équipe depuis un an, devant Tony Blair et Gordon Brown, le ministre de l'Économie, Nicholas Stern a prédit, si rien n'est fait, un « ralentissement très grave » de l'économie mondiale, avec un coût estimé à plus de 5 500 milliards d'euros.

    L'extinction de 40 % des espèces animales

    Pour lutter contre la spirale de la hausse des températures, les pays devraient consacrer 1 % du PIB mondial par an, soit 275 milliards d'euros. Mais si l'on continue ainsi, le phénomène se traduira par une charge représentant entre 5 et 20 fois ce montant ! Autre conséquence, plus dramatique encore, selon le rapport Stern, la hausse du niveau des eaux des océans, provoquée par la fonte de la banquise et des glaciers, jettera plus de 200 millions de Terriens sur les routes et provoquera l'extinction de 40 % des espèces animales.

    Pourtant, Nicholas Stern s'est dit optimiste hier, « car nous avons le temps et l'argent pour agir ». La communauté internationale, mais surtout la Chine, l'Inde et les États-Unis, sont appelées à se mobiliser pour endiguer le réchauffement climatique. Autre enseignement du rapport Stern, la réponse doit être mondiale et concertée, car si la Grande-Bretagne seule stoppait immédiatement la totalité de ses rejets de gaz à effet de serre, il faudrait seulement treize mois à la Chine pour les compenser avec la croissance actuelle de son activité économique.

    Les pays riches devront aider les pays pauvres qui seront « les premiers et les plus durement touchés », a affirmé sir Nicholas. « Il est juste que les pays riches payent un peu plus » que leur quote-part de 1 % de PIB. Leur action doit également se faire au travers de partenariats, comme dans la forêt amazonienne, car la déforestation mondiale crée davantage d'émissions que l'industrie du transport. Même si les pays riches prennent sur eux de diminuer leurs rejets de 60 % à 80 % d'ici à 2050, les pays en développement devront aussi mettre la main à la pâte. Mais il faudra les y aider. « Le changement climatique est la plus grande menace de l'économie de marché que le monde ait jamais connue », prévient Nicholas Stern, pour qui trois grands axes d'action s'imposent : premièrement, taxer les émissions de dioxyde de carbone, deuxièmement, généraliser les technologies à faible émission de carbone, et, enfin, démanteler les obstacles à l'amélioration des rendements énergétiques, informer, éduquer et convaincre les particuliers des mesures à prendre individuellement pour lutter contre le phénomène.

    Passer à la vitesse supérieure

    Pour l'expert, la communauté internationale doit absolument cesser de tergiverser. Stern encourage l'Union européenne, la Californie et la Chine qui ont amorcé des politiques ambitieuses. Il salue aussi la Convention cadre des Nations unies sur le changement climatique et le protocole de Kyoto, sans insister sur son manque d'efficacité. « Aucun pays, aussi grand soit-il, ne peut résoudre à lui seul le problème. Il est impératif de dégager un consensus à long terme sur les objectifs communs, et de bâtir le cadre international qui permettra à chacun de donner sa pleine mesure ». Mais il insiste : « il faut passer maintenant à la vitesse supérieure (...) Retarder l'action, même d'une décennie ou deux, nous entraînerait sur un territoire dangereux ».

    Une fois n'est pas coutume, ce travail d'économiste a été salué dès hier par plusieurs ONG. WWF a apprécié « l'appel au réveil adressé aux dirigeants ». Oxfam a souligné « le sentiment désespéré d'urgence du rapport ». La balle est maintenant dans le camp des gouvernants qui doivent convaincre les contribuables et les industriels de l'urgence de faire des efforts.

    Par le Figaro
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