Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Médecine: Patients, tout ce qu'on vous cache

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Médecine: Patients, tout ce qu'on vous cache

    Il est des livres dont le titre constitue à lui seul une promesse de succès en librairie. Patients, tout ce qu'on vous cache, sorti le 18 octobre (1), vaut pourtant mieux que cette simple accroche. Notamment parce que les auteurs, le Dr Pierrick Hordé et la journaliste Claire Gabillat, sont des gens sérieux et que leur approche se révèle volontairement non polémique et plutôt pratique. Reste qu'à travers une quinzaine de chapitres il dresse un tableau assez inquiétant de la situation. Revue de détail des sept plaies de la médecine en France: à l'hôpital, dans les cliniques privées et jusqu'au cabinet du généraliste.

    ORL: des amygdales vite enlevées

    Ce fut le point de départ du livre, assure le Dr Hordé: il y a quelques années, une jeune mère l'appelle affolée parce qu'un oto-rhino-laryngologiste a programmé, en urgence, une ablation des amygdales de son fils... un 24 décembre à 17 h 30! L'enfant en question n'avait subi que deux angines au cours de l'année, mais "il fallait remplir le bloc opératoire du médecin", accuse Pierrick Hordé. Il conseille, en cas de doute et hors risque vital, de prendre systématiquement un second avis.

    Surpoids: une efficacité toute relative

    Médicaments détournés de leur usage thérapeutique, cocktails explosifs, méthodes non homologuées… "Toutes les dérives sont possibles", lance Pierrick Hordé, qui cite l'exemple de la mésothérapie, ces injections sous-cutanées "dont l'efficacité n'a pas à ce jour été prouvée". Quant aux sachets hyperprotéinés et autres substituts de repas, ils s'apparentent davantage à du commerce qu'à une prise en charge médicale sérieuse. Mieux vaudrait commencer par respecter quelques conseils diététiques simples, du style "manger de tout un peu"!

    Chirurgie: une activité insuffisante

    Tous les experts sont formels: pour opérer correctement, un chirurgien doit s'exercer régulièrement. Les autorités sanitaires ont même fixé à 2 000 interventions par an le seuil minimum d'activité d'une structure. Or, dans un rapport commandé par le ministère de la Santé et remis en avril dernier, le Pr Guy Vallancien estimait qu'en France plus de 1 établissement sur 5 ne répond pas à ce critère. Dans certains endroits, on ne pratique même pas une appendicectomie par semaine! Conséquence: des taux de mortalité variant de 1 à 10 selon les hôpitaux. N'hésitez pas à vous renseigner au préalable, notamment sur Anaes.fr, le site Internet de la Haute Autorité de santé (HAS).

    Médecine antiâge: des pratiques ruineuses

    Avec l'augmentation de l'espérance de vie, le fantasme de la jeunesse éternelle n'a jamais été si fort. D'où le succès des sites Internet où l'on achète DHEA, mélatonine ou hormones en tout genre. Et tant pis si aucun contrôle sérieux n'a été effectué sur ces produits! Sans parler de certains excès qui frôlent l'arnaque pure et simple. Comme cette dame de 80 ans venue dans un laboratoire pour une prise de sang "antiâge" (un bilan biologique simple) et qui se retrouve avec des examens dont le coût dépasse 1 000 euros. Dans ce domaine, mieux vaut prendre d'abord l'avis d'un endocrinologue.

    Ophtalmologie: des risques mal évalués

    Entre eux, dans le sud de la France, les praticiens l'appellent la «cataracte niçoise». De quoi s'agit-il? D'interventions réalisées, dans cette région, par un certain nombre de médecins "au geste chirurgical un peu facile", selon le Dr Hordé. Les indications de cette chirurgie sont pourtant parfaitement établies: celle-ci doit être réservée aux seuls patients dotés d'une acuité visuelle supérieure à 5/10, avec une gêne fonctionnelle importante. En outre, les risques de complications, même faibles (de l'ordre de 0,3%), sur un organe si fragile, imposent une prudence extrême.

    Dermatologie: la tocade du laser

    Esthétique, dermatologie, épilation… Entre tatouages, verrues, rides et cicatrices, la liste des indications potentielles ne cesse de s'allonger. Outre que cet appareil reste d'un maniement délicat, avec des effets secondaires (douleurs, brûlures, infections, etc.) non négligeables, les patients doivent savoir que l'épilation dite définitive ne l'est pas toujours. Plus ennuyeux encore, seulement un quart des quelque 3 000 médecins qui pratiquent des actes de chirurgie esthétique possèdent effectivement le diplôme requis. Les autres font état de qualifications fantaisistes, telles que "médecin esthétique", non reconnues par le conseil de l'ordre.

    Consultations: des tarifs nébuleux

    Selon le jour et l'heure de la consultation, le fait qu'au préalable vous soyez ou non passé par un médecin référent, que vous voyiez un spécialiste ou un généraliste, qu'il s'agisse d'un enfant ou d'une personne atteinte d'une affection de longue durée (ALD), il existe une vingtaine de tarifs différents! Les pouvoirs publics ont beau jurer que tout est soigneusement codifié, les praticiens eux-mêmes s'y perdent parfois. En principe, ils sont tenus d'afficher dans leur salle d'attente, de façon lisible, les prix qu'ils appliquent. S'ils n'ont pas respecté cette obligation, n'hésitez pas à poser la question à la secrétaire. Vous éviterez ainsi quelques déconvenues…

    Champagne!

    C'est une histoire vraie: après une rhinoplastie (reconstruction chirurgicale de l'arête du nez), un patient se plaint, plusieurs années durant, de surinfection nasale chronique. Un autre chirurgien l'opère à nouveau et découvre, à cette occasion, que le premier praticien avait "oublié" dans le nez du malade un morceau de liège provenant d'un bouchon de champagne.


    Pas si Net


    Certes, il existe quelques sites officiels. Ceux du gouvernement, de l'Agence française de sécurité sanitaire des produits de santé (Afssaps), de la Haute Autorité de santé (HAS), de la Cnam ou du Comité consultatif national d'éthique, par exemple. Vous y trouverez des informations fiables et validées scientifiquement. Quant aux autres, il convient d'être prudent, notamment pour ceux qui prétendent donner des avis médicaux sous une forme ou sous une autre. Enfin, rappelons que l'achat de médicaments sur Internet est illégal.

    Bien choisir

    Qu'est-ce qu'un bon médecin? Si les réponses diffèrent d'un patient à un autre, il existe néanmoins quelques signes évidents de mauvaise pratique médicale. Un praticien qui ne respecte pas la confidentialité minimale (porte non fermée, cloisons trop minces…), n'affiche pas ses tarifs dans la salle d'attente, n'écoute pas son patient, se contente de diagnostiquer que "c'est dans la tête" ou ne l'interroge pas sur ses antécédents est un médecin à éviter. En revanche, celui qui doute, est capable de dire qu'il ne sait pas, comme celui qui accepte en toute confraternité de passer la main à un spécialiste mieux armé, celui-là mérite vraisemblablement votre confiance. En sachant toutefois qu'en la matière la meilleure solution réside encore dans le bouche-à-oreille. Et pas seulement pour les oto-rhinos.

    (1) Flammarion, 508 p., 19,90 €.

    Par l'express
Chargement...
X