L'Argentine et les fonds spéculatifs ne sont pas parvenus à s'entendre sur le remboursement de la dette de Buenos Aires. Un défaut de paiement relatif qui porte sur 7% de la dette du pays et une logique judiciaire qui pose la question de la fétichisation de l'Etat de droit.
« C’est une situation inédite, insolite, injuste » s’est insurgé le ministre de l’Economie argentin, Axel Kicillof en conférence de presse, hier, à New York. Considérée en défaut de paiement, l’Argentine a pourtant remboursé, comme prévu ses créanciers. Seulement, la somme, un peu plus de 500 millions de dollars, a été bloquée aux Etats-Unis. Par un juge fédéral. Thomas Griesa.
Un peu plus tôt cet été, le magistrat avait en effet condamné l’état argentin à honorer tous ses créanciers, sans exception, y compris les 7% ayant refusé, après la faillite du pays en 2001, de restructurer leur dette, autrement dit de revoir à la baisse les marges de leurs bénéfices. Faute de quoi, aucun des 93% de créanciers restants ne pourraient, à leur tour, percevoir leur dû. Ce qui est arrivé hier, date à laquelle les pourparlers arrivaient à échéance.
Ainsi l’Argentine doit-elle payer. Les prêts que leur ont accordés ces fonds vautours qui se nourrissent allègrement de la débâcle des états mais plus encore : les intérêts. Colossaux. Elliot Management et Aurelius Capital, les deux comparses américains à l’origine des poursuites judiciaires, eux, se réjouissent déjà. Ils vont multiplier leur mise, 50 millions de dollars, prêtés en 2008, par vingt !
Une aubaine. Sauf que la présidente Cristina Kirchner, ne l’entend pas de la même oreille. Elle avait prévenu. La casa Rosada n'a aucune intention de se « laisser rançonner ». Depuis l’une de ses résidences, la Quinta de Olivos, la présidente « dédramatise » d'ailleurs. Ce qui arrive « était attendu » confient ses visiteurs à la Nación, quotidien d’opposition.
En coulisses cependant, l’équipe gouvernementale riposte. Face aux caméras, le ministre de l’Economie, Axel Kicillof accuse. Reproche au médiateur, Daniel Pollack, désigné par le juge lui-même, de « faire le jeu » des fonds d’investissement. A Caracas, Cristina Kirchner choisit quant à elle la voie diplomatique. Tente de rallier le MERCOSUR, le marché du Sud, et les dirigeants des états membres, à sa cause. L'hôte, le président du Venezuela Nicolas Maduro, lui a déjà manifesté son soutien. De l'autre côté de l'Amérique, le juge Griesa a pour sa part refuser d'accorder plus de temps à l'Argentine.
Au-delà de la responsabilité des uns et des autres, se pose ici une question fondamentale d'équilibre entre le droit et la politique et de la légitimité de tribunaux - qui plus est étrangers- de décider de la faillite d'un état. Légalité ne vaut pas légitimité comme l'avait montré le penseur politique Carl Schmitt qui prônait une démocratie authentique affranchie des effets pervers de l'Etat de droit, quand le judiciaire dicte sa loi au politique. Un rapport de forces si cher au modèle libéral.
Marianne
« C’est une situation inédite, insolite, injuste » s’est insurgé le ministre de l’Economie argentin, Axel Kicillof en conférence de presse, hier, à New York. Considérée en défaut de paiement, l’Argentine a pourtant remboursé, comme prévu ses créanciers. Seulement, la somme, un peu plus de 500 millions de dollars, a été bloquée aux Etats-Unis. Par un juge fédéral. Thomas Griesa.
Un peu plus tôt cet été, le magistrat avait en effet condamné l’état argentin à honorer tous ses créanciers, sans exception, y compris les 7% ayant refusé, après la faillite du pays en 2001, de restructurer leur dette, autrement dit de revoir à la baisse les marges de leurs bénéfices. Faute de quoi, aucun des 93% de créanciers restants ne pourraient, à leur tour, percevoir leur dû. Ce qui est arrivé hier, date à laquelle les pourparlers arrivaient à échéance.
Ainsi l’Argentine doit-elle payer. Les prêts que leur ont accordés ces fonds vautours qui se nourrissent allègrement de la débâcle des états mais plus encore : les intérêts. Colossaux. Elliot Management et Aurelius Capital, les deux comparses américains à l’origine des poursuites judiciaires, eux, se réjouissent déjà. Ils vont multiplier leur mise, 50 millions de dollars, prêtés en 2008, par vingt !
Une aubaine. Sauf que la présidente Cristina Kirchner, ne l’entend pas de la même oreille. Elle avait prévenu. La casa Rosada n'a aucune intention de se « laisser rançonner ». Depuis l’une de ses résidences, la Quinta de Olivos, la présidente « dédramatise » d'ailleurs. Ce qui arrive « était attendu » confient ses visiteurs à la Nación, quotidien d’opposition.
En coulisses cependant, l’équipe gouvernementale riposte. Face aux caméras, le ministre de l’Economie, Axel Kicillof accuse. Reproche au médiateur, Daniel Pollack, désigné par le juge lui-même, de « faire le jeu » des fonds d’investissement. A Caracas, Cristina Kirchner choisit quant à elle la voie diplomatique. Tente de rallier le MERCOSUR, le marché du Sud, et les dirigeants des états membres, à sa cause. L'hôte, le président du Venezuela Nicolas Maduro, lui a déjà manifesté son soutien. De l'autre côté de l'Amérique, le juge Griesa a pour sa part refuser d'accorder plus de temps à l'Argentine.
Au-delà de la responsabilité des uns et des autres, se pose ici une question fondamentale d'équilibre entre le droit et la politique et de la légitimité de tribunaux - qui plus est étrangers- de décider de la faillite d'un état. Légalité ne vaut pas légitimité comme l'avait montré le penseur politique Carl Schmitt qui prônait une démocratie authentique affranchie des effets pervers de l'Etat de droit, quand le judiciaire dicte sa loi au politique. Un rapport de forces si cher au modèle libéral.
Marianne
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