Julie Thoin-Bousquié,
Alors que la Russie a décrété un embargo sur les produits agroalimentaires européens et américains, le président de la FNSEA calcule que le coût pour le secteur français devrait atteindre au moins 500 millions d'euros. Mais il ne s'agit que du coût direct.
"Le boycott agroalimentaire russe va avoir un double effet en France"
La France a exporté 1,17 milliards d'euros de produits agroalimentaires en Russie en 2013.
La réplique aux sanctions décidées par l'Europe ne s'est pas fait attendre. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, a décrété ce jeudi un embargo d'un an sur la plupart des produits alimentaires en provenance de l'Union européenne et des Etats-Unis. Une décision qui va impacter le secteur agroalimentaire français en provoquant un engorgement du marché intérieur, selon Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
Que représente la Russie pour le secteur agroalimentaire français?
La valeur des exportations françaises à destination de la Russie est estimée à plus d'un milliard d'euros par an. Par ailleurs, le potentiel russe est très important: la croissance des exportations françaises vers le pays est de l'ordre de 10%. La Russie importe essentiellement fruits, légumes, fromages, viandes de porc et de boeuf depuis la France, en somme la plupart des produits visés par l'embargo décrété ce jeudi. Les vins et spiritueux français sont également prisés des Russes [en 2013, 450 millions d'euros de boissons alcoolisées ont été expédiées en Russie, ndlr] mais ils échappent pour l'heure à la décision prise par Moscou. En somme, c'est toute une dynamique qui se trouve freinée par l'embargo russe.
Quelles peuvent être les conséquences de cet embargo?
Ce n'est pas la première fois que Moscou limite l'import de produits alimentaires européens, en particulier animaux. Dernièrement, la viande de porc en provenance de l'Europe avait été interdite au motif que des cas de peste porcine s'étaient déclarée dans les pays Baltes. Mais cette décision est inédite, et d'autant plus grave pour le secteur agroalimentaire français qu'elle a un double effet. D'une part, la fermeture du marché russe va impacter directement le secteur. Le coût direct de cette décision devrait atteindre, selon nos estimations, au minimum 500 millions d'euros. D'autre part, les fruits et légumes qui auraient dû être expédiés en Russie vont rester sur le marché européen. Cela va engendrer un effet de surproduction. Cet engorgement du marché intérieur va lui-même conduire à une importante baisse des prix dont il est difficile, pour l'heure, de chiffrer l'impact. C'est d'autant plus inquiétant que la récolte de pommes, pêches et tomates a été très abondante cette année, ce qui joue déjà à la baisse. Au total, on peut craindre que des emplois dans certaines filières se trouvent menacés par le boycott russe.
Selon vous, la fin de cet embargo pourrait-elle venir des consommateurs russes?
C'est envisageable. Il est évident que la Russie va mettre en place de nouveaux partenariats avec d'autres pays comme la Chine, le Brésil, ou d'autres Etats d'Amérique Latine, pour compenser les effets de cet embargo sur sa propre consommation intérieure. Cela pourrait d'ailleurs compliquer, à terme, la reconquête du marché russe dans le cas de certains produits, à l'exception des fruits et légumes d'été qui sont une particularité européenne. Quoi qu'il en soit, il est possible que cet approvisionnement auprès de la Chine ou des pays latino-américains soit insuffisant. Le mécontentement des Russes pourrait alors faire fléchir la politique de Vladimir Poutine. Sans oublier que la décision prise par Moscou est unilatérale et non-concertée, ce qui contrevient aux règles du commerce international. Une réaction de la part de l'Organisation mondiale du commerce pourrait peut-être faire également évoluer la situation.
express
Alors que la Russie a décrété un embargo sur les produits agroalimentaires européens et américains, le président de la FNSEA calcule que le coût pour le secteur français devrait atteindre au moins 500 millions d'euros. Mais il ne s'agit que du coût direct.
"Le boycott agroalimentaire russe va avoir un double effet en France"
La France a exporté 1,17 milliards d'euros de produits agroalimentaires en Russie en 2013.
La réplique aux sanctions décidées par l'Europe ne s'est pas fait attendre. Le Premier ministre russe Dmitri Medvedev, a décrété ce jeudi un embargo d'un an sur la plupart des produits alimentaires en provenance de l'Union européenne et des Etats-Unis. Une décision qui va impacter le secteur agroalimentaire français en provoquant un engorgement du marché intérieur, selon Xavier Beulin, président de la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA).
Que représente la Russie pour le secteur agroalimentaire français?
La valeur des exportations françaises à destination de la Russie est estimée à plus d'un milliard d'euros par an. Par ailleurs, le potentiel russe est très important: la croissance des exportations françaises vers le pays est de l'ordre de 10%. La Russie importe essentiellement fruits, légumes, fromages, viandes de porc et de boeuf depuis la France, en somme la plupart des produits visés par l'embargo décrété ce jeudi. Les vins et spiritueux français sont également prisés des Russes [en 2013, 450 millions d'euros de boissons alcoolisées ont été expédiées en Russie, ndlr] mais ils échappent pour l'heure à la décision prise par Moscou. En somme, c'est toute une dynamique qui se trouve freinée par l'embargo russe.
Quelles peuvent être les conséquences de cet embargo?
Ce n'est pas la première fois que Moscou limite l'import de produits alimentaires européens, en particulier animaux. Dernièrement, la viande de porc en provenance de l'Europe avait été interdite au motif que des cas de peste porcine s'étaient déclarée dans les pays Baltes. Mais cette décision est inédite, et d'autant plus grave pour le secteur agroalimentaire français qu'elle a un double effet. D'une part, la fermeture du marché russe va impacter directement le secteur. Le coût direct de cette décision devrait atteindre, selon nos estimations, au minimum 500 millions d'euros. D'autre part, les fruits et légumes qui auraient dû être expédiés en Russie vont rester sur le marché européen. Cela va engendrer un effet de surproduction. Cet engorgement du marché intérieur va lui-même conduire à une importante baisse des prix dont il est difficile, pour l'heure, de chiffrer l'impact. C'est d'autant plus inquiétant que la récolte de pommes, pêches et tomates a été très abondante cette année, ce qui joue déjà à la baisse. Au total, on peut craindre que des emplois dans certaines filières se trouvent menacés par le boycott russe.
Selon vous, la fin de cet embargo pourrait-elle venir des consommateurs russes?
C'est envisageable. Il est évident que la Russie va mettre en place de nouveaux partenariats avec d'autres pays comme la Chine, le Brésil, ou d'autres Etats d'Amérique Latine, pour compenser les effets de cet embargo sur sa propre consommation intérieure. Cela pourrait d'ailleurs compliquer, à terme, la reconquête du marché russe dans le cas de certains produits, à l'exception des fruits et légumes d'été qui sont une particularité européenne. Quoi qu'il en soit, il est possible que cet approvisionnement auprès de la Chine ou des pays latino-américains soit insuffisant. Le mécontentement des Russes pourrait alors faire fléchir la politique de Vladimir Poutine. Sans oublier que la décision prise par Moscou est unilatérale et non-concertée, ce qui contrevient aux règles du commerce international. Une réaction de la part de l'Organisation mondiale du commerce pourrait peut-être faire également évoluer la situation.
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