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L'historien israélien Zeev Sternhell « ne voit pas la fin » de la guerre à Gaza

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  • L'historien israélien Zeev Sternhell « ne voit pas la fin » de la guerre à Gaza

    Né en Pologne en 1935, Zeev Sternhell a vécu enfant les horreurs de la seconde guerre mondiale, qui l'ont conduit à se réfugier en France. Après guerre, il a choisi de prendre la nationalité israélienne. Devenu historien, il s'est spécialisé dans l'histoire du fascisme et la montée du nationalisme en France. Considéré comme la « conscience de gauche d'Israël », il pose un regard désabusé sur la situation politique de son pays. Pour Zeev Sternhell, la guerre en cours à Gaza n'est qu'une conséquence logique de l'échec des accords d'Oslo.


    Son portrait (en édition abonnés) : Zeev Sternhell, une passion française

    Quel est votre sentiment sur le conflit qui oppose actuellement Israël aux factions armées palestiniennes dans la bande de Gaza ?

    Si les choses s'étaient passées telles qu'elles auraient dû le faire, Gaza aurait dû être évacuée lors des accords d'Oslo en 1993 et devenir une partie intégrale de ce qui aurait été un Etat palestinien en devenir. C'est ce qui ce serait passé si les accords d'Oslo avaient été mis en œuvre tels qu'ils avaient conçus dans la tête d'Itzhak Rabin [assassiné le 4 novembre 1995 par l'extrémiste de droite Yigal Amir], et peut-être de Shimon Pérès – bien qu'il s'agisse d'un opportuniste qui pour une raison obscure est considéré comme un grand homme dans le monde. Si ces accords avaient été mis en œuvre, les implantations juives de Gaza, entre 6 000 et 8 000 âmes à l'époque, auraient été évacuées. Cela aurait été un formidable début pour la fin de la colonisation.

    Tout se serait passé différemment car l'évacuation aurait eu lieu dans le cadre d'un accord entre l'Organisation de libération de la Palestine et Israël. Non pas unilatéralement, comme l'a fait le premier ministre Ariel Sharon en 2005. L'idée telle qu'elle a été conçue dans la tête de son directeur de cabinet, Dov Weissgaltz, était de mettre fin à toute discussion bilatérale entre Israéliens et Palestiniens. On quitte Gaza parce que c'est une épine dans le pied, qu'il faut une division entière de l'armée pour protéger les colons. Dans ce contexte où Gaza se retrouve isolée de la Cisjordanie, le coup d'Etat du Hamas en 2007 fait que tout Gaza tombe entre ses mains et qu'il devient la base de reconquête palestinienne pour ce mouvement qui ne reconnaît pas Israël et donc pas les accords d'Oslo. Le Fatah et son chef, Yasser Arafat, sont considérés comme des traîtres pour les avoir signés. Depuis ce temps-là, le Hamas est en guerre contre Israël. Celle qui a cours actuellement est désastreuse à tous les égards et on n'en voit pas la fin.




    Que faut-il faire ?

    Il faut profiter de l'énorme disparité entre nos moyens et ceux du Hamas, qui restent des moyens primitifs par rapport à notre armée hypermoderne et superpuissante pour lancer l'idée d'un accord global. Pas quelque chose qui nous oblige dans six mois ou deux-trois ans à revenir à Gaza. Mais c'est précisément ce que notre gouvernement, qui est le plus à droite qui ait existé ici, ne veut pas. La droite israélienne fait pâlir madame Le Pen et le Front national ressemble à une bande de gauchistes à côté. Ce gouvernement n'a pas voulu négocier avec Abou Mazen [le président palestinien, Mahmoud Abbas], alors que, Dieu nous est témoin, lui voulait négocier. Nous qui avons grandement, pas seuls, mais grandement contribué à l'échec des négociations menées par le secrétaire d'Etat américain John Kerry, entre novembre et avril 2014, nous retrouvons finalement face à un gouvernement de réconciliation palestinien. Et que fait le premier ministre Benyamin Nétanyahou ? Au lieu de dire et nous dire que c'est une occasion, il dit que ce gouvernement est un nouveau danger et qu'Abou Mazen ne veut rien entendre.

    Il arrive le malheur des trois garçons israéliens kidnappés. Il est vite clair que le Hamas n'est pas responsable, que c'est une de ses cellules locales qui a agi, mais pour Nétanyahou, c'est une excellente raison pour lui faire porter le chapeau. Il lance une opération pour faire peur à Abou Mazen et à la population palestinienne et montrer qui est le patron. Il ratisse la Cisjordanie et, cerise sur le gâteau, il arrête les militants du Hamas libérés sous Shalit. Tout cela sous couvert de retrouver les trois garçons alors que, dès le lendemain, les gens au courant savent déjà qu'ils ne sont plus en vie. De là, le Hamas commence à envoyer des roquettes, on répond et c'est l'escalade vers un conflit que personne ne voulait. Ce qui se passe est un désastre à tous égards. Les bombardements ne peuvent avoir qu'un effet terrible. Il est vrai que le Hamas utilise des écoles, des hôpitaux, des mosquées pour lancer et entreposer des roquettes. Mais nous répondons par des bombardements qui, même si telle n'en est pas l'intention, ne peuvent que toucher la population.

    Etant donné que le premier ministre Nétanyahou s'est empêtré dans une situation dont il ne sait pas se sortir seul, il avance l'idée de démilitarisation. Lever le blocus sur la bande de Gaza est une mesure décente et politiquement payante car cela montrerait à la population de Gaza, qui n'est pas gagnée au Hamas, que c'est payant d'abandonner le terrorisme. Je pense que Nétanyahou pourrait accepter une mesure pareille car cela assurait sa survie politique jusqu'à la prochaine élection. Il est en mauvaise posture.

    Quelle est la ligne que défend le premier ministre Benyamin Nétanyahou ?

    Nétanyahou veut éviter la création d'un Etat palestinien viable. C'est son objectif historique et il le fait de différentes façons. Il refuse de négocier avec Abou Mazen et l'Autorité palestinienne. C'est dans ce cadre que s'inscrit son exigence que les Palestiniens reconnaissent Israël comme Etat juif. En quoi est-ce leur problème ? C'est une exigence qu'on n'a jamais présentée par le passé. On dit bien Etat d'Israël ou Israël. Il n'a jamais été question d'Etat juif. Cela voudrait dire obliger les Palestiniens à reconnaître la supériorité des juifs en ce sens qu'ils sont les propriétaires de cette terre qui leur appartient par l'histoire et les obliger à reconnaître leur défaite historique en 1948. Si l'Etat est juif, il n'est donc pas arabe.

    L'analyse : Benyamin Nétanyahou à nouveau dans le piège de Gaza

    Il y a certains disciples de Jabotinsky, les révisionnistes d'antan, comme le président Reuven Rivlin, qui estiment qu'on pourrait un jour annexer la Cisjordanie et donner la citoyenneté israélienne à tous les habitants juifs et arabes dans un même Etat. Ils sont très peu nombreux. Pour la droite dure, l'annexion n'implique pas l'attribution de la citoyenneté à tous du Jourdain à la mer. C'est l'Etat d'apartheid. Ce que Nétanyahou veut, c'est empêcher la création d'un Etat palestinien, ne pas créer d'apartheid mais gérer une situation coloniale qui ne dit pas son nom, censée être temporaire. Du fait de son idéologie et du jeu politique interne, il ne peut pas avaler l'idée de deux Etats vivant sur une base égalitaire. Il ne peut avaler que les droits de l'homme sont des droits universels qui s'appliquent aux autres. Pour lui et les siens, les droits historiques sont supérieurs aux droits naturels. Le centre non plus n'est pas vraiment gagné à cette idée.

    Pensez-vous que la solution des deux Etats ne soit plus envisageable dans le contexte actuel, avec un nouvel échec des négociations de paix ?

    J'ai peur de dire que c'est fichu et que par la force des choses, on va en arriver à un Etat binational. Comment faire pour que ce ne soit ni un Etat d'apartheid ni une guerre civile permanente ? Pour cela, je m'accroche toujours à la solution des deux Etats. La véritable forme de coexistence, ce sont deux Etats voisins, avec une union douanière, économique et une collaboration sur les dossiers importants. La question est de savoir si nous, Israéliens et Palestiniens, acceptons l'état de fait créé en 1948-1949, et les frontières de 1949. Et est-ce que les Palestiniens sont prêts à abandonner tout espoir d'un retour en Israël car cette revendication signifie la destruction de l'Etat d'Israël ? Après, il ne resterait que des problèmes solvables, non existentiels.

    Observez-vous une droitisation de l'opinion publique israélienne ?

    Au début de la première guerre mondiale, en France et en Allemagne, 95 % de la population était favorable à la guerre. Dans des situations de guerre, les populations se rangent au patriotisme et soutiennent leur gouvernement. En Israël, c'est la même chose. Le phénomène de droitisation a toutefois été amorcé depuis plusieurs dizaines d'années, depuis 1967. Le nationalisme exacerbé est le fruit de la colonisation, qui pourrit notre société. Les jeunes hommes qui font la guerre à Gaza sont nés après Oslo. Toute leur expérience en tant que soldat est celle d'une armée qui existe pour tenir en mains la population occupée et favoriser la colonisation juive en Cisjordanie. C'est terrible quand je compare cela à ma génération. On n'était pas des anges mais on n'était pas non plus soumis à la population civile. La droitisation traduit aussi une perte de respect pour la vie humaine. Même les pertes israéliennes ont été moins durement ressenties au cours de cette guerre.

    On dit souvent que le camp de la paix a disparu en Israël ?

    Le matériau humain est là. Les gens sont là mais ne sont pas organisés, ils sont démoralisés et ont le sentiment de ne servir à rien, de ne pas avoir de véritable influence. C'est la raison pour laquelle les manifestations n'attirent pas plus que quelques milliers de personnes, alors qu'en 1982, après le choc de Sabra et Chatilla au Liban, il y avait eu des centaines de milliers de manifestants.

    N'y a-t-il pas au sein de la classe politique israélienne une personnalité ou un courant qui puissent apporter une solution politique ?

    Personne aujourd'hui n'a la solution et c'est un drame. Nous n'avons pas d'élite politique, pas de leadership, c'est notre malheur. La politique n'attire pas les gens bien. C'est dû en partie au système politique, en partie au fait que les gens qui se présentent aux primaires dépendent des apparatchiks du parti et que le monde offre tellement de possibilités pour les talents de s'exprimer différemment… La politique est une « Via dolorosa » qui n'en finit pas et elle demande des qualités qui ne mènent pas à la grandeur. Lors de la création de l'Etat d'Israël, beaucoup de gens bien allaient vers la politique car c'était un cadre où l'on pouvait réussir et avancer.



    Hélène Sallon .."Le monde"

  • #2
    D'après ce que j'ai compris de cet article, dont l'avis de l'interviewé, ce "peuple" artificiel de colons usurpateurs est sans conscience et a le cerveau formaté. Ils ne comprendront que la violence, ces intrus escrocs, sans cela jamais ils ne quitteront la Palestine; Ce sont des fascistes comme tout colons usurpateurs et aussi des racistes et des assassins !!

    Partout les colons se ressemblent.

    La signature des accords d'Oslo par Yasse Arafat a été une erreur monumentale, et, c'est le peuple palestinien qui paye les conséquence.

    C'est de la pure trahison de reconnaître le colonialiste usurpant votre pays, et, c'est ce qu'à fait Arafat; Il ne peut, par sa trahison, être considéré comme un représentant de son peuple !!!

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