Si les États-Unis possèdent des preuves plus convaincantes que ce qui a été présentée jusqu’à présent concernant le vol 17, nous pensons qu’il serait préférable de trouver un moyen de rendre cette information publique - même au risque de compromettre « les sources et les méthodes ». De plus, nous vous suggérons d’ordonner à vos subordonnés de ne pas dévaloriser la crédibilité des États-Unis en libérant des informations clés via des médias sociaux tels que Twitter et Facebook.Le grand soir
MEMORANDUM POUR : Le Président
DE : Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)
OBJET : Renseignements sur la destruction de l’avion Malaisien
Les positions américano-russes sont en train d’évoluer de façon périlleuse au sujet de l’Ukraine, et nous sommes loin d’être certains que vos conseillers évaluent pleinement le danger d’une escalade. Le New York Times et d’autres médias traitent de questions sensibles en litige comme des faits établis, en s’alignant sur les sources du gouvernement américain.
Douze jours après la destruction du vol Malaysian Airlines 17, votre administration n’a toujours pas produit d’évaluation coordonnée des services de renseignements récapitulant les éléments de preuves existantes pour déterminer qui est responsable - et encore moins pour appuyer de façon convaincante les affirmations répétées selon lesquelles l’avion a été abattu par un missile russe tiré par des séparatistes ukrainiens.
Votre administration n’a pas fourni d’images satellite montrant que les séparatistes avaient de telles armes, et il y a aussi plusieurs autres « questions en suspens ». La crédibilité de Washington, et la votre, continuera à éroder, si d’aventure vous ne vouliez pas - ou ne pouviez pas - présenter une preuve plus concrète en appui des affirmations de l’administration. Dans ce qui suit, nous exposons le point de vue d’anciens professionnels du renseignement qui totalisent quelques 260 années de services dans différents domaines des services de renseignement américains :
Nous, anciens officiers du renseignement soussignés, voulons partager avec vous notre préoccupation au sujet des preuves présentées jusqu’ici pour accuser la Russie pour la destruction le 17 Juillet du vol 17 de Malaysian Airlines. Nous sommes à la retraite et aucun de nous n’est à la solde de CNN, Fox News, ou de tout autre média. Ce mémorandum a pour but de présenter un point de vue nouveau et différent.
En tant qu’analystes vétérans du renseignement habitués à attendre, sauf en cas d’urgence, des informations concluantes avant de sauter sur des conclusions, nous pensons que les accusations portées contre la Russie devraient être appuyées par des preuves beaucoup plus convaincantes. D’autant plus dans le cas d’un incident grave, comme celui de la destruction en plein vol d’un avion de ligne. Nous sommes également préoccupés par l’amateurisme avec lequel des informations vagues et fragiles ont été diffusées - certains via les « médias sociaux »,
En tant que professionnels du renseignement nous sommes gênés par l’utilisation non professionnelle d’informations tronquées. En tant qu’Américains, nous sommes dans l’espoir que, si vous avez effectivement des preuves plus concluantes, vous trouverez un moyen pour les rendre publics sans plus tarder. En accusant la Russie d’être directement ou indirectement responsable, le secrétaire d’État John Kerry fut particulièrement péremptoire. Contrairement aux preuves. Ses déclarations semblent prématurées et paraissent être une tentative d’ « influencer le jury. »
Brosser un tableau noir de la Russie
Nous constatons une ressemblance étrange avec un précédent exercice de « diplomatie publique » US à partir de laquelle de précieuses leçons peuvent être tirées par ceux qui sont plus intéressés par la vérité que par l’exploitation d’incidents tragiques à des fins de propagande. Nous nous référons au comportement de l’administration Reagan au lendemain de la destruction du vol Korean Airlines 007 au dessus de la Sibérie, le 30 Août 1983. Nous présentons ci-dessous un bref résumé de cette affaire tragique, puisque nous soupçonnons que vous n’avez pas été correctement informé à ce sujet. Les parallèles vous paraîtront évidentes.
L’avantage de notre longue carrière comme agents du renseignement, c’est que nous nous souvenons de ce que nous avons vu de nos propres yeux ; on oublie rarement un événements clé auquel on a participé en tant qu’analyste ou autre. Autrement dit, la plupart d’entre nous « savons exactement où nous étions » le jour où un avion de chasse soviétique a abattu le vol Korean Airlines 007 au-dessus de la Sibérie, le 30 Août 1983, il y a plus de 30 ans. À l’époque, nous étions des agents de renseignement en activité. Vous, vous aviez 21 ans. Beaucoup de ceux qui vous entourent aujourd’hui étaient encore jeunes.
Il est donc possible que vous appreniez, pour ainsi dire, pour la première fois comment l’affaire KAL007 s’est déroulée, et prendre conscience des graves dangers pour les relations américano-russes que pose la manière dont le vol 17 a été détruit, et que vous arriverez à appréhender l’intérêt qu’il y a à préserver les relations avec Moscou et ne pas commettre l’irréparable. À notre avis, le danger stratégique ici éclipse toutes les autres considérations.
Quelques heures après la destruction tragique le 30 août 1983, l’administration Reagan a utilisé sa machine de propagande très performante pour déformer les informations disponibles sur la responsabilité soviétique pour le meurtre de tous les 269 personnes à bord de KAL007. L’avion a été abattu après avoir dévié de plusieurs centaines de kilomètres de sa route et violé l’espace aérien de la Russie au-dessus des installations militaires sensibles à Kamtchatka et l’île de Sakhaline. Le pilote soviétique a tenté de signaler à l’avion d’atterrir, mais les pilotes KAL n’ont pas répondu aux avertissements répétés. Au milieu de la confusion sur l’identité de l’avion - un avion espion américain avait été aperçu dans les parages quelques heures plus tôt - le contrôle au sol soviétique a ordonné au pilote d’ouvrir le feu.
Les Soviétiques ont vite compris qu’ils avaient commis une erreur terrible. Les services de renseignement américains savaient, grâce à l’interception de communications sensibles, que la tragédie était le résultat d’une erreur, et non un acte délibéré d’assassinat (similaire à celle du 3 Juillet 1988, lorsque le [navire de guerre - ndt] USS Vincennes a abattu un avion civil iranien au-dessus du golfe Persique, tuant 290 personnes, un acte que le président Ronald Reagan a qualifié dédaigneusement d’« accident compréhensible »).
Pour noircir au maximum le tableau contre Moscou, l’administration Reagan a supprimé des éléments à décharge contenus dans les messages interceptés. Le mantra à Washington est devenu « un attentat délibéré de Moscou contre un avion de passagers civil. » Newsweek a publié une couverture arborant le titre « Meurtre en plein ciel » (Apparemment, rien n’a vraiment changé depuis ; La couverture de Times cette semaine nous offre « Deuxième guerre froide » et « le jeu dangereux de Poutine ». L’article en couverture, de Simon Shuster, « Russie, crime sans châtiment », mériterait un 20/20 en matière de « journalisme servile ».)
Lorsque le vol KAL007 fut abattu, Alvin A. Snyder, directeur de la division de la télévision et du cinéma de l’Agence d’information des États-Unis, fut enrôlé dans un effort concerté pour « calomnier l’Union soviétique au maximum », comme Snyder l’a écrit dans son livre de 1995, Warriors of Disinformation(Guerriers de la désinformation – NdT).
Lui et ses collègues ont mérité eux-aussi un 20/20 pour avoir réussi à « entraîner les grands médias » dans leur sillage. Par exemple, Ted Koppel de ABC a noté avec une fierté patriotique, « Voici une de ces occasions où il y a eu très peu de différence entre les organes de propagande du gouvernement américain et les réseaux de radiodiffusion commerciale. »
« Arranger » l’information en fonction de la politique
« La perception que nous voulions transmettre était que l’Union soviétique avait froidement accompli un acte barbare », écrit Snyder, en ajoutant que l’administration Reagan a été jusqu’à présenter au Conseil de sécurité des Nations Unies, le 6 septembre 1983, un compte rendu falsifié des interceptions.
Ce n’est que dix ans plus tard, quand Snyder a vu les transcriptions complètes - y compris les parties que l’administration Reagan avait occultées - qu’il a réalisé pleinement combien des éléments pincipaux de la présentation des États-Unis étaient faux.
Les interceptions ont montré que le pilote de chasse soviétique croyait qu’il poursuivait un avion espion américain et qu’il avait du mal dans l’obscurité à identifier l’avion. Selon les instructions du contrôle au sol, le pilote avait fait le tour de l’avion KAL et incliné ses ailes pour ordonner à l’appareil d’atterrir. Le pilote a dit aussi qu’il avait tiré des coups de semonce. Cette information « ne figurait pas sur les enregistrements que nous avons fournis », a écrit Snyder.
Il devint évident pour Snyder que l’administration Reagan, en accusant les Soviétiques, avait présenté de fausses accusations devant l’ONU, le public américain et le monde entier. Dans son livre, Snyder a reconnu son rôle dans la tromperie, mais en a tiré une conclusion cynique. Il écrit : « La morale de cette histoire est que tous les gouvernements, y compris le nôtre, mentent lorsque cela les arrange. La clé est de mentir en premier ».
MEMORANDUM POUR : Le Président
DE : Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)
OBJET : Renseignements sur la destruction de l’avion Malaisien
Les positions américano-russes sont en train d’évoluer de façon périlleuse au sujet de l’Ukraine, et nous sommes loin d’être certains que vos conseillers évaluent pleinement le danger d’une escalade. Le New York Times et d’autres médias traitent de questions sensibles en litige comme des faits établis, en s’alignant sur les sources du gouvernement américain.
Douze jours après la destruction du vol Malaysian Airlines 17, votre administration n’a toujours pas produit d’évaluation coordonnée des services de renseignements récapitulant les éléments de preuves existantes pour déterminer qui est responsable - et encore moins pour appuyer de façon convaincante les affirmations répétées selon lesquelles l’avion a été abattu par un missile russe tiré par des séparatistes ukrainiens.
Votre administration n’a pas fourni d’images satellite montrant que les séparatistes avaient de telles armes, et il y a aussi plusieurs autres « questions en suspens ». La crédibilité de Washington, et la votre, continuera à éroder, si d’aventure vous ne vouliez pas - ou ne pouviez pas - présenter une preuve plus concrète en appui des affirmations de l’administration. Dans ce qui suit, nous exposons le point de vue d’anciens professionnels du renseignement qui totalisent quelques 260 années de services dans différents domaines des services de renseignement américains :
Nous, anciens officiers du renseignement soussignés, voulons partager avec vous notre préoccupation au sujet des preuves présentées jusqu’ici pour accuser la Russie pour la destruction le 17 Juillet du vol 17 de Malaysian Airlines. Nous sommes à la retraite et aucun de nous n’est à la solde de CNN, Fox News, ou de tout autre média. Ce mémorandum a pour but de présenter un point de vue nouveau et différent.
En tant qu’analystes vétérans du renseignement habitués à attendre, sauf en cas d’urgence, des informations concluantes avant de sauter sur des conclusions, nous pensons que les accusations portées contre la Russie devraient être appuyées par des preuves beaucoup plus convaincantes. D’autant plus dans le cas d’un incident grave, comme celui de la destruction en plein vol d’un avion de ligne. Nous sommes également préoccupés par l’amateurisme avec lequel des informations vagues et fragiles ont été diffusées - certains via les « médias sociaux »,
En tant que professionnels du renseignement nous sommes gênés par l’utilisation non professionnelle d’informations tronquées. En tant qu’Américains, nous sommes dans l’espoir que, si vous avez effectivement des preuves plus concluantes, vous trouverez un moyen pour les rendre publics sans plus tarder. En accusant la Russie d’être directement ou indirectement responsable, le secrétaire d’État John Kerry fut particulièrement péremptoire. Contrairement aux preuves. Ses déclarations semblent prématurées et paraissent être une tentative d’ « influencer le jury. »
Brosser un tableau noir de la Russie
Nous constatons une ressemblance étrange avec un précédent exercice de « diplomatie publique » US à partir de laquelle de précieuses leçons peuvent être tirées par ceux qui sont plus intéressés par la vérité que par l’exploitation d’incidents tragiques à des fins de propagande. Nous nous référons au comportement de l’administration Reagan au lendemain de la destruction du vol Korean Airlines 007 au dessus de la Sibérie, le 30 Août 1983. Nous présentons ci-dessous un bref résumé de cette affaire tragique, puisque nous soupçonnons que vous n’avez pas été correctement informé à ce sujet. Les parallèles vous paraîtront évidentes.
L’avantage de notre longue carrière comme agents du renseignement, c’est que nous nous souvenons de ce que nous avons vu de nos propres yeux ; on oublie rarement un événements clé auquel on a participé en tant qu’analyste ou autre. Autrement dit, la plupart d’entre nous « savons exactement où nous étions » le jour où un avion de chasse soviétique a abattu le vol Korean Airlines 007 au-dessus de la Sibérie, le 30 Août 1983, il y a plus de 30 ans. À l’époque, nous étions des agents de renseignement en activité. Vous, vous aviez 21 ans. Beaucoup de ceux qui vous entourent aujourd’hui étaient encore jeunes.
Il est donc possible que vous appreniez, pour ainsi dire, pour la première fois comment l’affaire KAL007 s’est déroulée, et prendre conscience des graves dangers pour les relations américano-russes que pose la manière dont le vol 17 a été détruit, et que vous arriverez à appréhender l’intérêt qu’il y a à préserver les relations avec Moscou et ne pas commettre l’irréparable. À notre avis, le danger stratégique ici éclipse toutes les autres considérations.
Quelques heures après la destruction tragique le 30 août 1983, l’administration Reagan a utilisé sa machine de propagande très performante pour déformer les informations disponibles sur la responsabilité soviétique pour le meurtre de tous les 269 personnes à bord de KAL007. L’avion a été abattu après avoir dévié de plusieurs centaines de kilomètres de sa route et violé l’espace aérien de la Russie au-dessus des installations militaires sensibles à Kamtchatka et l’île de Sakhaline. Le pilote soviétique a tenté de signaler à l’avion d’atterrir, mais les pilotes KAL n’ont pas répondu aux avertissements répétés. Au milieu de la confusion sur l’identité de l’avion - un avion espion américain avait été aperçu dans les parages quelques heures plus tôt - le contrôle au sol soviétique a ordonné au pilote d’ouvrir le feu.
Les Soviétiques ont vite compris qu’ils avaient commis une erreur terrible. Les services de renseignement américains savaient, grâce à l’interception de communications sensibles, que la tragédie était le résultat d’une erreur, et non un acte délibéré d’assassinat (similaire à celle du 3 Juillet 1988, lorsque le [navire de guerre - ndt] USS Vincennes a abattu un avion civil iranien au-dessus du golfe Persique, tuant 290 personnes, un acte que le président Ronald Reagan a qualifié dédaigneusement d’« accident compréhensible »).
Pour noircir au maximum le tableau contre Moscou, l’administration Reagan a supprimé des éléments à décharge contenus dans les messages interceptés. Le mantra à Washington est devenu « un attentat délibéré de Moscou contre un avion de passagers civil. » Newsweek a publié une couverture arborant le titre « Meurtre en plein ciel » (Apparemment, rien n’a vraiment changé depuis ; La couverture de Times cette semaine nous offre « Deuxième guerre froide » et « le jeu dangereux de Poutine ». L’article en couverture, de Simon Shuster, « Russie, crime sans châtiment », mériterait un 20/20 en matière de « journalisme servile ».)
Lorsque le vol KAL007 fut abattu, Alvin A. Snyder, directeur de la division de la télévision et du cinéma de l’Agence d’information des États-Unis, fut enrôlé dans un effort concerté pour « calomnier l’Union soviétique au maximum », comme Snyder l’a écrit dans son livre de 1995, Warriors of Disinformation(Guerriers de la désinformation – NdT).
Lui et ses collègues ont mérité eux-aussi un 20/20 pour avoir réussi à « entraîner les grands médias » dans leur sillage. Par exemple, Ted Koppel de ABC a noté avec une fierté patriotique, « Voici une de ces occasions où il y a eu très peu de différence entre les organes de propagande du gouvernement américain et les réseaux de radiodiffusion commerciale. »
« Arranger » l’information en fonction de la politique
« La perception que nous voulions transmettre était que l’Union soviétique avait froidement accompli un acte barbare », écrit Snyder, en ajoutant que l’administration Reagan a été jusqu’à présenter au Conseil de sécurité des Nations Unies, le 6 septembre 1983, un compte rendu falsifié des interceptions.
Ce n’est que dix ans plus tard, quand Snyder a vu les transcriptions complètes - y compris les parties que l’administration Reagan avait occultées - qu’il a réalisé pleinement combien des éléments pincipaux de la présentation des États-Unis étaient faux.
Les interceptions ont montré que le pilote de chasse soviétique croyait qu’il poursuivait un avion espion américain et qu’il avait du mal dans l’obscurité à identifier l’avion. Selon les instructions du contrôle au sol, le pilote avait fait le tour de l’avion KAL et incliné ses ailes pour ordonner à l’appareil d’atterrir. Le pilote a dit aussi qu’il avait tiré des coups de semonce. Cette information « ne figurait pas sur les enregistrements que nous avons fournis », a écrit Snyder.
Il devint évident pour Snyder que l’administration Reagan, en accusant les Soviétiques, avait présenté de fausses accusations devant l’ONU, le public américain et le monde entier. Dans son livre, Snyder a reconnu son rôle dans la tromperie, mais en a tiré une conclusion cynique. Il écrit : « La morale de cette histoire est que tous les gouvernements, y compris le nôtre, mentent lorsque cela les arrange. La clé est de mentir en premier ».
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