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Kubla Khan - Samuel Taylor Coleridge (1728)

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  • Kubla Khan - Samuel Taylor Coleridge (1728)

    Traduction Henri Parisot

    En Xanadou, lui, Koubla Khan,
    S'édifia un fastueux palais :
    A l'endroit où l'Alphée, la rivière sacrée, se lançait,
    Par des abîmes insondables à l'homme,
    Vers une mer sans soleil.
    Deux fois cinq miles de terres fertiles
    Furent ainsi enclos de tours et de murailles :
    Et c'étaient des jardins irisés de capricieux ruisseaux,
    Où s'épanouissait l'arbre porteur d'encens ;
    Et s'étaient des forêts aussi âgées que les collines,
    Qui encerclaient dans la verdure les taches du soleil.

    Voyez ! ce romantique et profond gouffre, ouvert
    Au flanc de la verte colline, sous l'ombrage des cèdres
    Lieu d'un charme sauvage ! et plus enchanté
    Qui jamais sous la lune déclinante fût hanté
    Par femme lamentant pour le démon qu'elle aime !
    Et de ce gouffre, avec un bouillonnant tumulte,
    Comme si la terre haletait lourdement,
    Une puissante fontaine par instant jaillissait :
    Et, parmi la ruée du flot intermittent,
    D'énormes blocs sautaient comme la grêle bondissante
    Ou comme le grain sec sous le fléau à blé :
    Et, parmi l'éternel fracas des rocs dansants,
    Par instant jaillissait la rivière sacrée.
    Décrivant sur cinq miles de fantastiques méandres
    A travers bois et vallon la rivière sacrée se lançait,
    Puis gagnait les abîme insondables à l'homme,
    Et se précipitait en tumulte vers l'océan sans vie :
    Et, parmi ce tumulte, Koubla entendit au loin
    Des voix ancestrales prophétisant la guerre !


    L'ombre du palais de plaisance
    Flottait à mi-chemin sur les vagues ;
    Là où l'on entendait les rumeurs confondues
    De la fontaine et des abîmes.
    C'était un miracle d'un rare dessein,
    Ce palais de plaisance ensoleillé sur l'abîme glacé !


    La Demoiselle au Tympanon
    Dans une vision m'apparut :
    C'était une fille d'Abyssinie,
    Et sur mon Tympanon elle jouait,
    En chantant le mont Abora.
    Si je pouvais revivre en moi
    Sa symphonie et sa chanson,
    Je serais ravi en des délices si profondes,
    Qu'avec musique grave et longue,
    Je bâtirais ce palais dans l'air :
    Ce palais de soleil ! ces abîmes de glace !
    Et tous ceux qui entendraient les verraient là,
    Et tous crieraient : Arrière ! arrière !
    Ses yeux étincelants, ses cheveux flottants !
    Tissez un cercle autour de lui trois fois ;
    Fermez vos yeux frappés d'une terreur sacrée :
    Il s'est nourri de miellée ;
    Il a bu le lait de Paradis.
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