L’achat d’un véhicule en Algérie devient banal. Pourquoi ? Quelles sont les raisons sociales et économiques qui sont à l’origine de “l’autoboom” ? Le crédit à la consommation a, certes, boosté le marché automobile mais il n’y a pas que cet aspect.
Après la remise en cause de cette facilitation bancaire en vigueur de 2005 à 2008, les ventes n’ont pas baissé. Bien au contraire, elles ont connu des pics même si 2013 semblent être une année calme. Entre le prestige social que procure l’achat d’une voiture, le besoin réel d’une famille et les augmentations de salaires suivies de rappels, la «bagnole» semble primer sur tout, y compris sur le logement.
Autres temps, autres mœurs, des sociologues analysent cette nouvelle tendance. Les concessionnaires, principaux bénéficiaires de cette aubaine, se frottent les mains. Qui ne possède pas de voiture de nos jours en Algérie ? La question est sur toutes les lèvres des Algériens qui voient le parc auto de plus en plus étoffé et le circuit routier de plus en plus étouffé par d’innombrables bouchons. Dans le même temps, il est clair que ce ne sont pas tous les Algériens qui ont une «caisse» mais plusieurs en ont plus d’une. Cette équation a été posée en marge de la 16e édition du Salon international de l’automobile d’Alger qui a eu lieu en mars dernier. Bien que des concessionnaires aient fait état d’une baisse relative des ventes cette année, il n’en demeure pas moins qu’ils restent confiants quant à la demande de plus en plus forte des consommateurs malgré les longs délais de livraison.
Pour essayer de mieux cerner la situation, revenons sur la genèse du phénomène. En 2005, l’Algérie instaure le crédit à la consommation. Cette nouvelle mesure installe de nouvelles habitudes de consommation dont la plus importante fut la ruée sur l’achat des véhicules. Plusieurs familles algériennes dans leur plus grande majorité avaient contracté des crédits pour l’acquisition d’une voiture. Mais cela ne s’est pas fait sans conséquences. Car les crédits avaient explosé et les ménages algériens étouffés avaient du mal à rembourser.
Devant cette situation, le gouvernement met fin au crédit à la consommation. La décision est prise en 2008. A la même période, la taxe sur le véhicule neuf voit le jour. Une décision qui avait conduit entre 2009 et 2010 à stabiliser les importations qui sont restées au-dessus des 300 000 unités/an.
Mais en 2011, les ventes rebondissent. L’Algérie enregistre des importations et des ventes record. Le pic a été enregistré en 2012, où la facture des concessionnaires a doublé. Pour l’année écoulée, 568 610 véhicules pour une valeur de 514,43 milliards DA, ont été importés contre 390 140 véhicules en 2011 (354,16 milliards de DA), soit une hausse de 45,75%. Cette évolution dans les ventes est essentiellement due aux augmentations du revenu des classes moyennes algériennes, particulièrement des fonctionnaires, qui ont bénéficié au cours des 2 dernières années de rappels compris entre 500 000 et un million de DA. Ce qui expliquerait une telle frénésie. La «fièvre de l’automobile» qui s’est emparée des Algériens ne semble pas vouloir baisser. Pour les deux premiers mois de 2013 les importations ont augmenté de 23,28%, et ce, malgré le fait que l’AC2A prévoit une baisse de 25% des ventes. Ainsi, les mois de janvier et février de l’année en cours, l’Algérie a importé en effet 91 891 véhicules contre 74 534 unités pour la même période de 2012. En valeur, elles représentent 88,82 milliards de DA (1,1 milliard de dollars) contre 63,72 milliards de DA durant la même période de 2012.
La voiture… un prestige social
Pour tenter d’apporter quelque explication à la «fièvre de l’automobile», le sociologue Omar Derras que Liberté a sollicité à cet effet fait savoir que «le phénomène du nombre sans cesse grandissant des voiture en Algérie est lié à plusieurs facteurs. La voiture au niveau symbolique exprime plusieurs choses.
Elle est un symbole de prestige social, de réussite sociale, ou de liberté et d’autonomie dans la vie quotidienne ou enfin un moyen et besoin, utile et indispensable dans la ville. Depuis 1992, nous avons réalisé plusieurs études empiriques où nous nous sommes intéressés entre autres, à la hiérarchisation des besoins des Algériens. Pour le sociologue, “la proportion des salariés possédant une voiture représentent 45% de notre population tout en gardant à l’esprit qu’à l’époque (1970/1980), posséder une voiture était un luxe et un signe fort de prestige social”. Et d’ajouter : “La proportion de classes socioprofessionnelles (CSP) qui possédait une voiture est proportionnelle à l’importance de la position sociale dans la hiérarchie socioprofessionnelle.” Omar Derras prend l’exemple des cadres, agents de maîtrise et agents d’exécution, pour expliquer le phénomène. Selon lui, “les deux premières franges de la population se rapprochent au niveau de la possession de la voiture avec presque la moitié d’entre eux. Mais la différenciation est très prononcée entre les deux CSP (cadres et agents de maîtrise), d’une part, et les agents d’exécution, d’autre part, puisque 35% de ces derniers seulement possédaient une voiture. Il souligne aussi que “15 ans plus tard, la différenciation s’est maintenue entre les différentes CSP avec presque la même configuration de 1992 surtout lorsque nous prenons le critère de l’ancienneté des véhicules comme critère de différenciation».
Après la remise en cause de cette facilitation bancaire en vigueur de 2005 à 2008, les ventes n’ont pas baissé. Bien au contraire, elles ont connu des pics même si 2013 semblent être une année calme. Entre le prestige social que procure l’achat d’une voiture, le besoin réel d’une famille et les augmentations de salaires suivies de rappels, la «bagnole» semble primer sur tout, y compris sur le logement.
Autres temps, autres mœurs, des sociologues analysent cette nouvelle tendance. Les concessionnaires, principaux bénéficiaires de cette aubaine, se frottent les mains. Qui ne possède pas de voiture de nos jours en Algérie ? La question est sur toutes les lèvres des Algériens qui voient le parc auto de plus en plus étoffé et le circuit routier de plus en plus étouffé par d’innombrables bouchons. Dans le même temps, il est clair que ce ne sont pas tous les Algériens qui ont une «caisse» mais plusieurs en ont plus d’une. Cette équation a été posée en marge de la 16e édition du Salon international de l’automobile d’Alger qui a eu lieu en mars dernier. Bien que des concessionnaires aient fait état d’une baisse relative des ventes cette année, il n’en demeure pas moins qu’ils restent confiants quant à la demande de plus en plus forte des consommateurs malgré les longs délais de livraison.
Pour essayer de mieux cerner la situation, revenons sur la genèse du phénomène. En 2005, l’Algérie instaure le crédit à la consommation. Cette nouvelle mesure installe de nouvelles habitudes de consommation dont la plus importante fut la ruée sur l’achat des véhicules. Plusieurs familles algériennes dans leur plus grande majorité avaient contracté des crédits pour l’acquisition d’une voiture. Mais cela ne s’est pas fait sans conséquences. Car les crédits avaient explosé et les ménages algériens étouffés avaient du mal à rembourser.
Devant cette situation, le gouvernement met fin au crédit à la consommation. La décision est prise en 2008. A la même période, la taxe sur le véhicule neuf voit le jour. Une décision qui avait conduit entre 2009 et 2010 à stabiliser les importations qui sont restées au-dessus des 300 000 unités/an.
Mais en 2011, les ventes rebondissent. L’Algérie enregistre des importations et des ventes record. Le pic a été enregistré en 2012, où la facture des concessionnaires a doublé. Pour l’année écoulée, 568 610 véhicules pour une valeur de 514,43 milliards DA, ont été importés contre 390 140 véhicules en 2011 (354,16 milliards de DA), soit une hausse de 45,75%. Cette évolution dans les ventes est essentiellement due aux augmentations du revenu des classes moyennes algériennes, particulièrement des fonctionnaires, qui ont bénéficié au cours des 2 dernières années de rappels compris entre 500 000 et un million de DA. Ce qui expliquerait une telle frénésie. La «fièvre de l’automobile» qui s’est emparée des Algériens ne semble pas vouloir baisser. Pour les deux premiers mois de 2013 les importations ont augmenté de 23,28%, et ce, malgré le fait que l’AC2A prévoit une baisse de 25% des ventes. Ainsi, les mois de janvier et février de l’année en cours, l’Algérie a importé en effet 91 891 véhicules contre 74 534 unités pour la même période de 2012. En valeur, elles représentent 88,82 milliards de DA (1,1 milliard de dollars) contre 63,72 milliards de DA durant la même période de 2012.
La voiture… un prestige social
Pour tenter d’apporter quelque explication à la «fièvre de l’automobile», le sociologue Omar Derras que Liberté a sollicité à cet effet fait savoir que «le phénomène du nombre sans cesse grandissant des voiture en Algérie est lié à plusieurs facteurs. La voiture au niveau symbolique exprime plusieurs choses.
Elle est un symbole de prestige social, de réussite sociale, ou de liberté et d’autonomie dans la vie quotidienne ou enfin un moyen et besoin, utile et indispensable dans la ville. Depuis 1992, nous avons réalisé plusieurs études empiriques où nous nous sommes intéressés entre autres, à la hiérarchisation des besoins des Algériens. Pour le sociologue, “la proportion des salariés possédant une voiture représentent 45% de notre population tout en gardant à l’esprit qu’à l’époque (1970/1980), posséder une voiture était un luxe et un signe fort de prestige social”. Et d’ajouter : “La proportion de classes socioprofessionnelles (CSP) qui possédait une voiture est proportionnelle à l’importance de la position sociale dans la hiérarchie socioprofessionnelle.” Omar Derras prend l’exemple des cadres, agents de maîtrise et agents d’exécution, pour expliquer le phénomène. Selon lui, “les deux premières franges de la population se rapprochent au niveau de la possession de la voiture avec presque la moitié d’entre eux. Mais la différenciation est très prononcée entre les deux CSP (cadres et agents de maîtrise), d’une part, et les agents d’exécution, d’autre part, puisque 35% de ces derniers seulement possédaient une voiture. Il souligne aussi que “15 ans plus tard, la différenciation s’est maintenue entre les différentes CSP avec presque la même configuration de 1992 surtout lorsque nous prenons le critère de l’ancienneté des véhicules comme critère de différenciation».
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