Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Les propriétés anesthésiantes du régime

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Les propriétés anesthésiantes du régime

    Sellal assistera, demain, aux festivités de commémoration du débarquement de Provence du 15 août 1944. Comme récemment, au sommet États-Unis - Afrique à Washington, il représentera, à Toulon, le président Bouteflika, celui-ci ne pouvant représenter en personne l’Algérie.
    La capacité du Président à remplir ses fonctions protocolaires et de représentation n’est plus un thème de débat. Si elle le fut un temps, à la veille des déclarations de candidature pour la présidentielle du 17 avril, les assurances prodiguées par les préposés à la campagne du quatrième mandat sur la santé en constante amélioration du Président ne leur sont donc pas rappelées. Et un tacite consensus autour du fait accompli a fini par s’imposer. Silence, donc, sur le silence du Président…
    D’une part, l’opacité coutumière des processus de décisions au sommet de notre système politique, en ce qu’elle ne change rien à son obscur fonctionnement, aura certainement contribué à rendre cette situation acceptable ; d’autre part, est-il question, nous concernant, d’un président que nous nous sommes choisi ou, tout du moins, contre l’élection duquel nous n’avons pas fait grand-chose ?
    Du coup, si nous en venions à regretter le quatrième mandat, il ne serait point raisonnable d’accabler celui sur lequel notre choix se sera porté…
    Quand Hollande, lors de sa campagne de communication post-crash, déclarait qu’il avait “discuté avec les présidents du Burkina Faso et du Mali et parlé, pendant quinze minutes, au Premier ministre algérien”, il nous rappelait, involontairement, que, concernant l’Algérie, il n’était pas possible de parler au Président. Dans un tel moment, on ne peut pas ne pas être interpellé par cette situation, où le pays est contraint de faire exception en termes de représentation.
    Le paradoxe, c’est qu’aux termes de notre Constitution, le Premier ministre n’est pas chef du gouvernement. C’est même, entre autres, pour cela, et en ce sens, qu’elle a été révisée !
    En exauçant sa volonté de les régir pour un quatrième mandat, malgré les difficultés prévisibles qu’il allait avoir à remplir toutes ses obligations, le pays et ses institutions se sont mis en devoir de s’adapter au fonctionnement du Président. À l’issue de la question du quatrième mandat, c’est plus l’autorité du Président que la légitimé du candidat qui aura prévalu.
    En quinze années de régime, le peuple algérien, son personnel politique et ses forces sociales ont globalement perdu toute autonomie de conception dans la représentation de leur avenir. Le clientélisme rentier, le populisme infantilisant et l’autoritarisme anémiant ont eu cet effet conjugué : bénéficiaires et victimes de ce système se sentent assujettis à ce même système, prodigue pour certains, magnanime pour d’autres, effrayant pour d’autres encore. L’autorité fait la légitimité. Et la démocratie en devient une menace contre le confort d’un ordre dépourvu de règles du jeu, un ordre régi par la seule autorité, un ordre qui nous enferme, mais nous déresponsabilise.
    Un tel régime a des propriétés pétrifiantes. C’est pour cela qu’ils ne sont pas nombreux à oser concevoir, même en théorie, une alternative à un régime à l’évidence finissant. Un régime qui s’offre même le luxe de nous préparer la Constitution de “l’après-lui” !

    Mustapha Hammouche
    " Regarde le ciel c'est marqué dedans , toi et moi. Il suffit de regarder les étoiles et tu comprendra notre destinée "♥ღ♥
    M/SR
Chargement...
X