François Charles et Abla Merzougui Lahket
"Désormais, privation de soins, mortalité infantile, sous-nutrition, corruption des dirigeants, délitement des services publics, économie informelle, chômage de masse...ne sont plus le triste privilège des pays en développement. Les mêmes maux s'abattent aujourd'hui, par exemple, de la même façon, et pour les mêmes raisons, sur les grecs et les centrafricains. Sachant que, si les africains, en général, subissent la loi d'airain du FMI depuis les années 70/80, ce n'est que depuis quatre ans que la "crise de la Dette" ravage la Grèce, on peut mesurer ce qui attend sa population."
La "crise" de la Dette partout
Alors que l’Europe voit la Grèce arriver à la tête de l’Union, les chiffres concernant la catastrophe qui frappe ce pays demeurent consternants. Un pays d’Europe où le taux de chômage, donné à 28% au mois de novembre 2013, n’en finit pas de grimper mois après mois et frappe désormais 60% de la jeunesse (1) Un pays en Europe où on souligne que 45% des immeubles d’Athènes, équipés du chauffage central au fuel, n’auront pas été fonction cette saison en raison du prix élevé du mazout et des coupes drastiques opérées sur le pouvoir d’achat (2).
Selon une étude réalisée par la Fédération des Petits et Moyens Commerces et Artisans de Grèce, ce sont moins de 10% des personnes sans emploi qui touchent une allocation. 90% laissé sans rien !
On le sait, ce pays, comme tant d’autres avant lui, est depuis quatre ans, soumis aux diktats de la tristement célèbre Troïka (FMI, BCE, Union Européenne) qui, chaque mois, envoie ses sbires, armés de nouvelles "réformes", surveiller la bonne obéissance des gouvernants.
Comme depuis longtemps déjà en Afrique, on assiste désormais à Athènes, au prétexte d’honorer le service d’une dette abyssale, on assiste à la mise en oeuvre d’une politique ultra austéritaire. Une Dette certes, mais au demeurant illégitime et qui, par le jeu des intérêts et des taux consentis, ne fait que creuser son propre trou. Une situation infernale qui, vue d’Afrique, a un air de "déjà vu" : Dette, intérêts de la Dette, remboursement, endettement, emprunts... Autrement dit, on rembourse, plus on rembourse. Sachant que, plus on rembourse plus on doit et plus les banques s’enrichissent pour mieux nous prêter aux fins de...les rembourser.
Parce qu’on sait comment cela s’est passé et continue de se passer, précisément en Afrique, on imagine sans peine, pour la Grèce, les conséquences sur la survie de ses services publics, de la santé, de l’école, de l’Etat, de l’avenir même du pays...
Europe, Afrique, mêmes causes, mêmes effets
A un observateur non averti, il pourrait paraître osé, voire abusif, de mettre sur le même plan un pays européen, aux origines mêmes de l’idée d’Europe, membre de l’Union Européenne et qui plus est, momentanément à la tête de l’Union, et un pays africain pauvre, exsangue, affamé, déchiré, dépourvu d’Etat, dépourvu de tout, livré aux pilleurs, militairement occupé et en voie d’éclatement.
Pourtant...Il faut pourtant bien garder à l’esprit que si la Centrafrique est aujourd’hui dans cet état de mort clinique elle le doit bel et bien, elle aussi, au FMI et à la Banque Mondiale. En effet, ce pays, comme tant d’autres avec lui en Afrique, préalablement endetté par les bons soins de la Banque Mondiale, s’est toujours plié par la suite aux recettes, pour ne pas dire aux diktats, de ces institutions concernant les remboursements de sa Dette.
Les menaces proférées alors à l’encontre de l’Afrique, comme elles le sont désormais pour l’Europe, suivaient un programme clair : désengagement maximum de l’Etat ! Autrement dit, privatisations massives et mise en oeuvre du slogan favori des FMI-boys (3) : "moins d’Etat possible !". Ces mesures-programme assassines avaient un nom, connu comme le loup blanc sur le continent : Les PAS. (Plans d’Ajustement Structurels)
"Vendez-tout !" tel était alors le cri de guerre des agent du FMI, le pied sur les tarmacs africains, fraichement débarqués de leurs avions spéciaux (3ibid). Et immédiatement, passent alors par pertes et profits, les services de l’Etat, la santé, l’école, la protection sociale, les ressources minières... Ainsi, durant des années et des années, la Centrafrique, entre autres, par gouvernants-marionnettes interposés, a tout bradé, tout vendu, tout concédé, tout gratté jusqu’à l’os.
On sait le résultat : en tant qu’Etat, la RCA ne possède quasiment plus rien et n’est plus en mesure d’exercer un quelconque pouvoir. Même ce qui reste de sa police et de son armée, faute de moyens, échappe à son autorité et Catherine Samba-Panza, présidente intérimaire, n’a plus d’autre choix, que d’appeler des forces étrangères à son secours.
C’est bien ce mortel désengagement de l’Etat, obtenu par les prêteurs-tueurs à gages, qui produit aujourd’hui ces résultats dramatiques pour la Centrafrique : Un pays en voie de disparition avec des fonctionnaires dispersés aux quatre vents et impayés depuis des mois et des mois (4) ; une famine qui, selon les ONG sur place, menace l’ensemble du pays ; des régions entières, notamment dans le Nord qui, faute de logistique minimum pour les encadrer, sont littéralement abandonnées à leur sort ; les habitants laissés sans protection, livrés aux organisations pseudo-étatiques et aux bandits de grand chemin...
"Désormais, privation de soins, mortalité infantile, sous-nutrition, corruption des dirigeants, délitement des services publics, économie informelle, chômage de masse...ne sont plus le triste privilège des pays en développement. Les mêmes maux s'abattent aujourd'hui, par exemple, de la même façon, et pour les mêmes raisons, sur les grecs et les centrafricains. Sachant que, si les africains, en général, subissent la loi d'airain du FMI depuis les années 70/80, ce n'est que depuis quatre ans que la "crise de la Dette" ravage la Grèce, on peut mesurer ce qui attend sa population."
La "crise" de la Dette partout
Alors que l’Europe voit la Grèce arriver à la tête de l’Union, les chiffres concernant la catastrophe qui frappe ce pays demeurent consternants. Un pays d’Europe où le taux de chômage, donné à 28% au mois de novembre 2013, n’en finit pas de grimper mois après mois et frappe désormais 60% de la jeunesse (1) Un pays en Europe où on souligne que 45% des immeubles d’Athènes, équipés du chauffage central au fuel, n’auront pas été fonction cette saison en raison du prix élevé du mazout et des coupes drastiques opérées sur le pouvoir d’achat (2).
Selon une étude réalisée par la Fédération des Petits et Moyens Commerces et Artisans de Grèce, ce sont moins de 10% des personnes sans emploi qui touchent une allocation. 90% laissé sans rien !
On le sait, ce pays, comme tant d’autres avant lui, est depuis quatre ans, soumis aux diktats de la tristement célèbre Troïka (FMI, BCE, Union Européenne) qui, chaque mois, envoie ses sbires, armés de nouvelles "réformes", surveiller la bonne obéissance des gouvernants.
Comme depuis longtemps déjà en Afrique, on assiste désormais à Athènes, au prétexte d’honorer le service d’une dette abyssale, on assiste à la mise en oeuvre d’une politique ultra austéritaire. Une Dette certes, mais au demeurant illégitime et qui, par le jeu des intérêts et des taux consentis, ne fait que creuser son propre trou. Une situation infernale qui, vue d’Afrique, a un air de "déjà vu" : Dette, intérêts de la Dette, remboursement, endettement, emprunts... Autrement dit, on rembourse, plus on rembourse. Sachant que, plus on rembourse plus on doit et plus les banques s’enrichissent pour mieux nous prêter aux fins de...les rembourser.
Parce qu’on sait comment cela s’est passé et continue de se passer, précisément en Afrique, on imagine sans peine, pour la Grèce, les conséquences sur la survie de ses services publics, de la santé, de l’école, de l’Etat, de l’avenir même du pays...
Europe, Afrique, mêmes causes, mêmes effets
A un observateur non averti, il pourrait paraître osé, voire abusif, de mettre sur le même plan un pays européen, aux origines mêmes de l’idée d’Europe, membre de l’Union Européenne et qui plus est, momentanément à la tête de l’Union, et un pays africain pauvre, exsangue, affamé, déchiré, dépourvu d’Etat, dépourvu de tout, livré aux pilleurs, militairement occupé et en voie d’éclatement.
Pourtant...Il faut pourtant bien garder à l’esprit que si la Centrafrique est aujourd’hui dans cet état de mort clinique elle le doit bel et bien, elle aussi, au FMI et à la Banque Mondiale. En effet, ce pays, comme tant d’autres avec lui en Afrique, préalablement endetté par les bons soins de la Banque Mondiale, s’est toujours plié par la suite aux recettes, pour ne pas dire aux diktats, de ces institutions concernant les remboursements de sa Dette.
Les menaces proférées alors à l’encontre de l’Afrique, comme elles le sont désormais pour l’Europe, suivaient un programme clair : désengagement maximum de l’Etat ! Autrement dit, privatisations massives et mise en oeuvre du slogan favori des FMI-boys (3) : "moins d’Etat possible !". Ces mesures-programme assassines avaient un nom, connu comme le loup blanc sur le continent : Les PAS. (Plans d’Ajustement Structurels)
"Vendez-tout !" tel était alors le cri de guerre des agent du FMI, le pied sur les tarmacs africains, fraichement débarqués de leurs avions spéciaux (3ibid). Et immédiatement, passent alors par pertes et profits, les services de l’Etat, la santé, l’école, la protection sociale, les ressources minières... Ainsi, durant des années et des années, la Centrafrique, entre autres, par gouvernants-marionnettes interposés, a tout bradé, tout vendu, tout concédé, tout gratté jusqu’à l’os.
On sait le résultat : en tant qu’Etat, la RCA ne possède quasiment plus rien et n’est plus en mesure d’exercer un quelconque pouvoir. Même ce qui reste de sa police et de son armée, faute de moyens, échappe à son autorité et Catherine Samba-Panza, présidente intérimaire, n’a plus d’autre choix, que d’appeler des forces étrangères à son secours.
C’est bien ce mortel désengagement de l’Etat, obtenu par les prêteurs-tueurs à gages, qui produit aujourd’hui ces résultats dramatiques pour la Centrafrique : Un pays en voie de disparition avec des fonctionnaires dispersés aux quatre vents et impayés depuis des mois et des mois (4) ; une famine qui, selon les ONG sur place, menace l’ensemble du pays ; des régions entières, notamment dans le Nord qui, faute de logistique minimum pour les encadrer, sont littéralement abandonnées à leur sort ; les habitants laissés sans protection, livrés aux organisations pseudo-étatiques et aux bandits de grand chemin...
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