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Par : Mustapha Hammouche “Air Algérie ressemble aux Algériens.” C’est par cette formule que son président-directeur général nous a renvoyés à notre responsabilité quant à l’état de sa compagnie et, partant, quant à tout ce qui ne fonctionne pas normalement dans ce pays.
Il y a du vrai dans l’assertion de Boultif. La ponctualité, par exemple : ce point faible de la compagnie nationale, si souvent décrié, ne constitue-t-il pas une caractéristique de la vie nationale ? De la plus petite officine de province aux instances les plus prestigieuses, quelle institution peut encore se prévaloir de quelque respect de sa propre programmation ? Dans la vie courante, le retard constitue la règle et le cauchemar des usagers. Le médecin, comme le chauffeur de taxi ou le plombier nous font attendre sans délai.
Et comme pour ajouter au calvaire du retard, l’Algérie est le pays des salles d’attente les moins accueillantes au monde et des réceptions — si l’on peut les nommer ainsi ! — les moins avenantes ! Si l’adage dit qu’“on ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure” ; pour notre part, nous en sommes à signaler la moindre manifestation de ponctualité. On remercie ceux qui arrivent à point !
Et pour se délier de l’obligation de ponctualité, l’Algérien s’est libéré de la contrainte de la mesure scientifique du temps. En général, il ne regarde la montre ou l’horloge que pour quitter son poste de travail. Quant à ses engagements, il les établit en référence aux heures de prières : après le “dohr”, le “âssar”, etc. La plage de temps qui suit une prière et s’étale jusqu’à la suivante lui laisse le loisir de temporiser jusqu’à la suivante. Et dans l’intervalle, il n’est toujours pas en retard ! Et en plus de cet élastique “timing” s’appuyant sournoisement sur de pieuses références, l’Algérien, impénitent dévot, dispose-t-il de l’excuse absolue et préventive : “Inch’Allah”. Ainsi, la formule, probablement popularisée par son sens profond selon lequel nos intentions sont soumises à la volonté, ultime, du Tout-Puissant, se transforme-t-elle, dans nos bouches, en une excuse préventive à nos éventuelles dérobades.
Air Algérie cumule les avatars du système politique : traitements privilégiés des puissants, interférence de l’injonction, préséances népotiques dans le pourvoi des postes à l’étranger, improvisation prospective… Son instrumentation clanique est à l’origine même du maintien de la compagnie dans une fonction de monopole commercial du ciel algérien. Et dans un conservatisme manageriel du transport aérien d’un autre âge !
La mentalité ambiante, cultivant la désinvolture, l’incivisme et l’indiscipline, n’explique donc pas, seule, les manquements d’Air Algérie à ses engagements envers le client-usager. Et ne l’excuse pas. Car, d’une part, son activité se réfère à un cadre réglementaire et coutumier universel strictement défini et, d’autre part, une institution à vocation représentative, le pavillon national, remplit une fonction d’exemplarité vis-à-vis de son public.
Dans leur décadence, les institutions en général ont déserté cette responsabilité pédagogique, encourageant du même coup la dégénérescence comportementale du citoyen. Les deux composantes du système, en gros État et Société, se soutiennent mutuellement, dans un processus solidaire de décomposition.
Il y a du vrai dans l’assertion de Boultif. La ponctualité, par exemple : ce point faible de la compagnie nationale, si souvent décrié, ne constitue-t-il pas une caractéristique de la vie nationale ? De la plus petite officine de province aux instances les plus prestigieuses, quelle institution peut encore se prévaloir de quelque respect de sa propre programmation ? Dans la vie courante, le retard constitue la règle et le cauchemar des usagers. Le médecin, comme le chauffeur de taxi ou le plombier nous font attendre sans délai.
Et comme pour ajouter au calvaire du retard, l’Algérie est le pays des salles d’attente les moins accueillantes au monde et des réceptions — si l’on peut les nommer ainsi ! — les moins avenantes ! Si l’adage dit qu’“on ne parle pas des trains qui arrivent à l’heure” ; pour notre part, nous en sommes à signaler la moindre manifestation de ponctualité. On remercie ceux qui arrivent à point !
Et pour se délier de l’obligation de ponctualité, l’Algérien s’est libéré de la contrainte de la mesure scientifique du temps. En général, il ne regarde la montre ou l’horloge que pour quitter son poste de travail. Quant à ses engagements, il les établit en référence aux heures de prières : après le “dohr”, le “âssar”, etc. La plage de temps qui suit une prière et s’étale jusqu’à la suivante lui laisse le loisir de temporiser jusqu’à la suivante. Et dans l’intervalle, il n’est toujours pas en retard ! Et en plus de cet élastique “timing” s’appuyant sournoisement sur de pieuses références, l’Algérien, impénitent dévot, dispose-t-il de l’excuse absolue et préventive : “Inch’Allah”. Ainsi, la formule, probablement popularisée par son sens profond selon lequel nos intentions sont soumises à la volonté, ultime, du Tout-Puissant, se transforme-t-elle, dans nos bouches, en une excuse préventive à nos éventuelles dérobades.
Air Algérie cumule les avatars du système politique : traitements privilégiés des puissants, interférence de l’injonction, préséances népotiques dans le pourvoi des postes à l’étranger, improvisation prospective… Son instrumentation clanique est à l’origine même du maintien de la compagnie dans une fonction de monopole commercial du ciel algérien. Et dans un conservatisme manageriel du transport aérien d’un autre âge !
La mentalité ambiante, cultivant la désinvolture, l’incivisme et l’indiscipline, n’explique donc pas, seule, les manquements d’Air Algérie à ses engagements envers le client-usager. Et ne l’excuse pas. Car, d’une part, son activité se réfère à un cadre réglementaire et coutumier universel strictement défini et, d’autre part, une institution à vocation représentative, le pavillon national, remplit une fonction d’exemplarité vis-à-vis de son public.
Dans leur décadence, les institutions en général ont déserté cette responsabilité pédagogique, encourageant du même coup la dégénérescence comportementale du citoyen. Les deux composantes du système, en gros État et Société, se soutiennent mutuellement, dans un processus solidaire de décomposition.
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