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Un vendredi soir à l’aéroport d’Alger

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  • Un vendredi soir à l’aéroport d’Alger

    L’une des plus importantes vitrines du pays, l’aéroport Houari Boumediene d’Alger, est, en cette période des grandes vacances, le point de chute et de rencontre de milliers de voyageurs, notamment des Algériens devant obligatoirement bifurquer par cet espace pour s’«envoler» ou revenir au bled pour se ressourcer.


    Jour de semaine ou durant le week end, l’aérogare internationale est bondée, à l’instar des parkings où il faut s’armer de patience pour pouvoir garer son véhicule. De l’extérieur, l’infrastructure est belle à voir. A l’intérieur, beaucoup de choses sont non seulement à revoir mais ne cadrent plus avec le standing de l’espace qui a besoin d’un lifting et de plus d’informations et de communication, les autres Talons d’Achille de l’endroit.

    D’autant plus qu’après 18 heures, le «bureau» d’information reste vide, au grand désarroi des usagers de l’espace, déçus par les prestations du bureau précité où le sourire et le bon accueil sont inscrits aux abonnés absents. Pour obtenir un renseignement auprès des deux jeunes femmes chargées de la mission, il faut se montrer avenant. Venues pour accompagner un proche en partance pour l’étranger ou accueillir un membre de la famille, des centaines de personnes vadrouillent dans l’espace où les yeux sont le plus souvent rivés sur les tableaux d’affichage annonçant, en ce vendredi 15 août 2014, de nombreux retards.

    Une telle nouvelle déplaît, car les gens sont obligés de poireauter dans un endroit «glacial» parfois plus de trois heures. Pour l’illustration, initialement prévu à 19h30, le vol régulier AH 2005, Alicante-Alger, est dans un premier temps annoncé pour 22h 00. Il accuse ainsi un retard de 2h30 minutes. Ces impondérables mettent mal à l’aise les visiteurs de l’aéroport qui trouvent le plus souvent du mal à dénicher un endroit où s’asseoir. Placées en nombre insuffisant, les chaises disponibles dont une bonne partie a fait son temps, méritent une attention particulière.

    Usés et éventrés par des incivilités, ces «fauteuils» troués ternissent l’image du premier l’aéroport du pays. D’autre part, les tarifs et la qualité de certaines prestations ne sont pas les points forts de l’infrastructure. Avec une tasse de café à 200 DA et 450 DA pour un maigre sandwich qui ne sont jamais accompagnés par un sourire (interdit d’accès à l’aéroport) le client est bien servi : «En plus du prix exorbitant qui n’est appliqué qu’à Alger, la manière de faire de ces prestataires qui laisse à désirer vous donne la nausée. Prenant le dessus sur le sourire, l’arrogance est omniprésente dans ces fast-foods où le client est tout sauf roi.

    Le proverbe arabe dit pourtant que le serviteur des hommes est leur maître», souligne non sans colère une dame qui ne s’est pas empêchée de faire la remarque à une serveuse qui restée de marbre. N’affichant pourtant pas complet en ce jour de repos, les vespasiennes sont mal entretenues. Profitant sans nul doute du week-end, les chargés de l’opération trouvent un malin plaisir à fermer pour un bon bout de temps les toilettes pour les «besoins d’un sommaire lifting», laissant derrière eux toute une rivière d’eau. Au-delà de 19 heures, les boutiques baissent les rideaux l’une après l’autre. Une telle situation plonge le hall dans une autre monotonie.

    N’ayant rien à faire, le visiteur qui a vu et revu la voiture rouge reprend contact avec les tableaux d’affichage où les retards continuent à défiler. «Pour certains esprits tordus, mettre le doigt sur les récurrents retards enregistrés par la compagnie nationale s’inscrit dans le cadre d’une campagne de dénigrement de tout ce qui est algérien. C’est un faux débat, car les usagers des avions d’Air Algérie ont très rarement critiqué le savoir-faire et le professionnalisme de nos pilotes.

    On ne doit pas cultiver l’amalgame et couvrir le soleil avec un tamis. Au lieu de trouver une solution à des problèmes qui s’éternisent, on crie au loup. Sur dix arrivées, neuf vols affichent des retards qui ne sont jamais expliqués ou justifiés. Devant subir la loi du monopole, le voyageur algérien qui n’a pas le choix n’a jamais droit à des excuses», s’indigne un vieux qui partait pour Paris : «Je suis ici depuis 15 heures, je n’ai pas vu la tête d’un occidental.

    Trouvez-vous ça normal ?» s’interroge notre interlocuteur. Le «surbooking» des avions est l’autre problème décrié par un couple de Béjaïa qui dénonce certains chargés de l’enregistrement des bagages à l’aéroport : «Pour éviter toute mauvaise surprise, on achète nos billets pour Alicante au mois de mars. Le jeudi 31 juillet 2014, on se présente à l’aéroport d’Alger deux heures à l’avance. A notre grande surprise, l’agent d’Air Algérie qui a pris tout son temps pour servir ses connaissances qui ont été exemptés de queue nous apprend que le vol AH 2004 est complet.

    On a dû supplier pour obtenir deux cartes d’accès pour quatre billets payés rubis sur l’ongle. On nous a contraints à partager nos places avec nos deux petits enfants qui n’ont pas été ménagés. Notre mésaventure n’est pas un cas isolé, d’autres voyageurs l’ont connue avant nous.» Rencontré à la sortie du hall 2, le couple qui n’oubliera pas de sitôt le périple d’Alicante ne s’arrête pas là, il enfonce le clou : «Pour faire plaisir à des connaissances d’Alger, certains bagagistes des arrivées pointent le bout du nez, demandent au vu et au su de tout le monde les numéros des bagages de ces faux ‘‘VIP’’ qui, par ces comportements, donnent une autre mauvaise image du pays.

    On doit mettre un terme à ces pratiques qui n’existent nulle part ailleurs.» Les dires de ce couple de bougiotes sont corroborés par un initié : «Pour satisfaire les demandes de dernière minute, on est obligé de fermer avant l’heure l’enregistrement de certaines destinations prisées en été, telles Alicante, Barcelone, Casablanca ou Istanbul. Il ne faut pas se voiler la face : cette pratique existe à Air Algérie.

    Pour tromper les gens, on avance l’argument selon lequel on a vendu plus de billets que prévu. Cet alibi ne tient pas la route», dira sous le sceau de l’anonymat un agent de la compagnie qui continue à faire couler de l’encre et de la salive. 22h30, l’aérogare n’enregistrant plus de départ depuis un certain temps retrouve son calme, en attendant la ruée du lendemain…

    Kamel Beniaiche- El Watan
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