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Pourquoi les puissants du monde ont les yeux rivés sur Jackson Hole

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  • Pourquoi les puissants du monde ont les yeux rivés sur Jackson Hole


    Pierre-Henri de Menthon
    Publié le 22-08-2014
    C'est ici que, jusqu'à samedi, Mario Draghi, Janet Yellen et les autres grands argentiers de la planète discutent, à huis clos, des mesures à prendre pour réduire le chômage et relancer l'économie.
    Janet Yellen, la patronne de la Réserve fédérale américaine lors de son arrivée à Jackson Hole jeudi 21 août. (Sipa) Janet Yellen, la patronne de la Réserve fédérale américaine lors de son arrivée à Jackson Hole jeudi 21 août. (Sipa)


    Une station de ski dans un cadre montagneux. Somptueux décor naturel ou chaque année se retrouve les puissants de ce monde…Davos ? Non, Jackson Hole. Nous sommes au beau milieu de l’Etat américain du Wyoming. Le complexe hôtelier du Four Seasons offre une ambiance chalet conviviale propice aux échanges intellectuels avec ses fauteuils club en cuir, sa charpente apparente, ses cheminées en pierre et ses vastes terrasses. Les courageux peuvent aller escalader les célèbres Mont Tétons qui dominent la bourgade. Pas besoin de skis ou de raquettes, il suffit d’une bonne paire de baskets, puisque le symposium international de Jackson Hole se tient ici en août (du 21 au 23 cette année).

    Autre différence avec le World Economic Forum qui a lieu chaque hiver depuis 1971 dans le canton suisse des Grisons : on est ici entre gens sérieux. Jackson Hole réunit une centaine d’experts de très haut vol triés sur le volet. On est loin du barnum qu’est devenu Davos. Alors que Klaus Schwab, l’organisateur des festivités de la mondialisation à la sauce helvétique adore se faire de la publicité en invitant des vedettes, on ne croisera jamais à l’economic policy symposium de Jackson Hole le chanteur Bono ou l’actrice Sharon Stone. Les hommes politiques –trop souvent médiocres intellectuellement- ne sont pas non plus les bienvenus. Les journalistes sont tous justes tolérés, mais bien à l’écart.

    On leur communique les textes rédigés à l’avance des différents intervenants. Les "agenciers" de Reuters ou Bloomberg les dissèquent et envoient aussitôt les phrases les plus significatives à leur desk qui les relaient instantanément chez les abonnés dans les salles de marché de Wall Street ou de la City.

    Congrès mondial de la politique monétaire

    Car pendant quelques jours chaque été, le centre du monde est ici. Cette année, les vedettes sont naturellement Janet Yellen, la présidente de la Réserve fédérale des Etats-Unis et Mario Draghi, son collègue de la Banque centrale européenne. C’est un certain Roger Guffey, président de la Réserve Bank de Kansas City, un des établissements affiliés à la Réserve fédérale des Etats-Unis, qui eut l’idée de réunir en un même lieu banquiers centraux et économistes pour deviser sur l’avenir du monde. En 1978, pour la première édition consacrée au commerce mondial agricole on rameuta quelques experts et le sénateur du coin. Mais dès 1982, le symposium délaissa pour de bons les sujets sur l’avenir des petites exploitations ou des ressources en eaux. La manifestation pris alors ses quartiers au pied des Monts Tétons pour parler cette année-là de "la politique monétaire des années 1980".

    Parmi les invités, James Tobin, tout juste auréolé de son prix Nobel d’économie, qui livra une critique constructive du modèle Tinbergen-Theil avant de disserter sur le mix entre la politique fiscale et monétaire. On l’a compris, on est ici entre pro, et les "éléments de discussions, sont truffés comme de vrais articles académiques de notes de bas de page. Une bonne occasion pour les professeurs de Havard ou Chicago de se jauger et surtout d’entrer en relation directe avec ceux qui pilotent vraiment l’économie mondiale : les banquiers centraux.

    Jackson Hole est peu à peu devenu une sorte de congrès international de la politique monétaire. C’est ici, en 1990, que les argentiers occidentaux firent le point avec leurs collègues banquiers centraux de l’ex-URSS sur la façon de gérer la désintégration du communisme. Le président de la Réserve Fédérale, Ben Bernanke, est bien sûr un habitué. Doté d’un solide bagage académique, ancien de Harvard et du MIT, ce quinquagénaire à la barbe bien soignée se sent ici chez lui. Et c’est au pied des Monts Tétons, en août 2010, qu’il pérennisa sa politique de "quantitative easing" qui consiste à intervenir de façon massive et accommodante sur les marchés si la situation l’exige" -voilà le bout de phrase retenu par les salles de marchés- afin d’accompagner et favoriser la relance économique.

    Le fameux QE2 est né ici

    Il est vrai que cet été-là, la conjoncture n’est pas bonne. La croissance américaine a été révisée à la baisse à 1,6% et le taux de chômage pointe à 9,5%. Les marchés mettront quelques séances à bien comprendre le sens du discours. Mais le message finira par passer : la banque centrale est prête a faire fonctionner à fond la planche à billets pour sortir l’économie américaine de l’impasse. Les spécialistes parlent de "QE2" (prononcer kiouitou), de politique monétaire non orthodoxe, ou plus simplement d’épandage de dollars. Aux commandes de son hélicoptère, le pilote de la Réserve fédérale, cet été-là à Jackson Hole est venu expliquer qu’il était prêt à vider ses soutes pour éteindre l’incendie.

    Au déjeuner, Jean-Claude Trichet prend la parole. Le président de la Banque centrale européenne (BCE), tient un tout autre discours. Il est vrai que malgré le doute qui s’instille sur la capacité de certains Etats membres à rembourser leurs dettes, l’Union européenne ne va pas si mal. Le rythme de croissance y est alors deux fois plus élevé qu’aux Etats-Unis, à près de…4%. Aujourd’hui les rapports sont inversés, l’Europe est en panne et les Etats-Unis sont repartis. Janet Yellen veut débrancher sa planche à billet, tandis que Mario Draghi n’a d’autre choix que d’accélérer le rythme de la sienne.
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Janet Yellen veut débrancher sa planche à billet, tandis que Mario Draghi n’a d’autre choix que d’accélérer le rythme de la sienne.
    Un peu comme deux nageurs de combat entrain de se noyer, qui se passent l'unique tuba restant et qui retiennent leur souffle le plus possible dans l'espoir de se noyer en dernier.

    Merci Solas ;
    Kindness is the only language that the deaf can hear and the blind can see - Mark Twain

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