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Bombardement mystérieux à Tripoli : Des pistes et des interrogations

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  • Bombardement mystérieux à Tripoli : Des pistes et des interrogations

    Lundi 18 août vers 2h du matin. Le ciel de la capitale libyenne est déchiré par le bruit des réacteurs d’avions de chasse. S’ensuit une série d’explosions qui secouent plusieurs endroits au sud et à l’est de la ville. De gigantesques boules de feu illuminent la nuit. Tripoli, secouée depuis presque deux mois par des combats entre factions autour de l’aéroport et certains points sensibles, n’avait pas connu de bombardements aériens depuis la chute d’El Gueddafi.


    D’où venaient les bombardiers, invisibles à la faveur de la nuit, qui ont détruit deux campements des milices de Misrata et un dépôt de munitions ? Premiers à nier toute implication, la France, les Etats-Unis et la Grande Bretagne diffusent des communiqués de presse. L’Algérie leur emboîte le pas un peu plus tard, et l’Egypte laisse planer le doute. L’armée libyenne s’interroge aussi sur la provenance de ces avions et promet une enquête.

    Le soir, un premier rapport est publié par l’état-major de l’armée de l’air libyenne. Il donne des détails peu précis. «Le bombardement est le fait d’une armée de l’air étrangère, il est écarté que les avions soient venus d’aérodromes intérieurs ou de ceux maîtrisés par les rebelles, les premiers n’étant pas équipés pour faire décoller des appareils de nuit, et les seconds sont trop éloignés. Les munitions utilisées sont des bombes guidées dont ne disposent pas les forces aériennes libyennes», affirme le premier communiqué.

    Il sera suivi d’un plus détaillé qui affirmera que plus d’un appareil ont été impliqués dans le raid et qu’ils ont engagé leurs objectifs à une dizaine de kilomètres de distance, confirmant le caractère chirurgical de la frappe. Plus tard dans la soirée du 18, une photo d’un débris de bombe est diffusée, il porte un marquage spécifique lié à un type de munition occidental, la bombe MK82. Tout de suite, les analystes égyptiens revendiquent la paternité du raid à travers les réseaux sociaux et les sites spécialisés, leur argument principal étant que l’Egypte est le seul pays voisin de la Libye disposant de capacité de frappe de nuit et de bombes intelligentes américaines comme celles utilisées lors de ce raid.

    Démenti d’Alger

    Mais voilà, si sur le papier les forces aériennes égyptiennes sont capables d’une telle prouesse, elles sont très loin de pouvoir l’exécuter à Tripoli, l’Egypte ne disposant pas d’avions ayant un rayon d’action suffisant, la base la plus à l’ouest qui est celle de Marsa Matrouh étant distante de 1350 kilomètres de la cible, soit presque trois fois la distance d’engagement maximale d’un F16. L’armée de l’air égyptienne n’ayant pas non plus de capacité de ravitaillement en vol et encore moins de missiles pouvant traiter des cibles aussi lointaines. Reste l’Algérie qui dispose de bombardiers Su24 ayant largement le rayon d’action pour cibler Tripoli et de capacité de ravitaillement en vol.

    La distance entre la capitale libyenne et certains aérodromes algériens étant parfois juste de 600 km, toute la partie occidentale de la Libye est sous la couverture radar d’Alger. Mieux, les forces aériennes algériennes utilisent elles aussi des bombes MK82 (copiées en Afrique du Sud) non guidées et auxquelles sont parfois adjoints des systèmes externes de guidage dénommés Umbani de la même origine, qui une fois installés transforment cette munition simple en bombe intelligente et dont les fragments retrouvés pourraient bien en être issus.

    Sauf que l’Algérie a nié toute implication dans l’attaque, le démenti a même été suivi d’une revendication étonnante par les forces ralliées au général dissident Khalifa Haftar, dont les avions en état de décrépitude totale n’ont ni l’allonge ni les capacités nocturnes, ni les munitions nécessaires à ce genre d’opérations complexes. Le communiqué des forces de Haftar, non sans humour, explique que les deux avions utilisés, en invoquant un modèle fictif, auraient été transportés par route de leur base principale de Tobrouk vers la base aérienne de Zintane, proche de la capitale.

    Pis encore et toujours selon les infos distillées par les pro-Haftar, ces appareils auraient été mis en condition par des prisonniers russes et ukrainiens captifs des milices locales. Reste que ces affirmations sont très difficiles à croire et sont loin des réalités techniques de l’aviation de guerre. Enfin, si les USA ont nié et même si aucun porte-avions ne croisait en Méditerranée ce jour précis, ils restent tout à fait en mesure d’avoir mené discrètement cette attaque avec des moyens conventionnels ou même expérimentaux.

    Akram Kharief
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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