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Le dernier discours de Bouteflika (Saïd)

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  • Le dernier discours de Bouteflika (Saïd)

    Le dernier discours de Bouteflika (Saïd)


    par Kamel Daoud


    De l'actualité. Difficile à trouver. Saïd Bouteflika, le frère de Bouteflika, vient de dire à un journal proche de lui qu'il n'a jamais pris un mètre carré à Alger. Démenti aux rumeurs sur l'acquisition d'un terrain à Sidi Yahia. Cela va-t-il servir ? Si peu. La communication en Algérie n'est pas la vérité. A cause d'autrefois, des propagandes, du maquis, de la guerre, du socialisme ou d'EL Moudjahid. Quand le pouvoir parle, il ment, dit la vérité populaire. Il est enfermé et on le regarde et il nous regarde. Etrange face-à-face avec du dos à dos au final : le régime, du moins ses technocrates, ne croient pas le bon peuple virtuel quand il gémit, dit qu'il manque d'argent, n'a pas de logements…etc. Et le bon peuple assis dans le café ne croit pas le régime quand le régime montre ses poches vides. Le Frère du président est donc plus éloquent quand il se tait, s'exprime mieux quand il ne dit rien et révèle en ne parlant pas. Quand il dément, il ne dit rien, ne sert pas à grand-chose et cela ressemble à une phrase qui ne veut rien dire, en disant les mots. L'ancien Général, patron de l'Armée, Lamari, avait un jour montré sa fiche de paie à la télévision. En vain contre le « qui prend quoi ? » algérien. Saïd, le frère est donc dans le même cas. Il peut parler, il ne dira rien. Il peut se taire, on parlera à sa place. D'ailleurs le destin des deux Bouteflila face aux mots est étrange : ils sont entourés par un énorme silence qui jacasse. En un an, Bouteflika a dit deux phrases. En quatre mandats, son frère en a prononcé une seule. Pourquoi ce démenti sur un simple terrain ? Pas sur les autres rumeurs, les cousinages, l'homme d'affaires ami, les familles ? Cela aurait pu contribuer au beau temps algérien peut-être. Passons.

    Etrange donc le cas algérien bâti sur la méfiance : les mots ne disent pas la vérité, mais l'indiquent du doigt. Le mouvement du menton vers une direction a le poids d'un dictionnaire. Le sous-entendu est un alphabet. Le code, le chiffre, le MALG ou la RTA. Pères atroces ou de bonne foi du mensonge national. Cela piège au cou. Rend impossible la communication officielle, elle-même enfermée dans le rite, et éloigne la vérité. D'ailleurs est-elle importante ? A peine. L'exactitude ne change pas la vision algérienne. Ni le serment. C'est un univers de croyances où les Dieux bougent en silence. Le pouvoir ne parle pas : il envoie un émissaire, des contrôleurs d'impôts, des messages discrets, des sondes, des ex-ministres, des « amis » ou des signaux. Là, on le comprend mieux et c'est une langue vivante en Algérie. Mais quand il parle avec les mots, il en est décevant presque. Comme tombé dans la mortalité. Comme déchu de l'éternité. Comme si, au final, il n'est que comme nous. C'est la Montagne du Maquis et le silence qui lui assuraient la grandiloquence et l'énigme. Donc la phrase de Saïd est décevante, banale, sans son. On a beau la retourner, elle ne dit que ce qu'elle dit. L'ancien Tewfik l'avait bien compris : un mythe vaut mieux qu'une vérité et un pseudo vaut mille mots.

    A la fin ? Le démenti du conseiller du Président n'est pas l'actualité. Il n'assouvit pas. Du banal donc ? Un peu, non. Il faut reconnaître au moins à Saïd d'avoir parlé à un journal local. Chose jamais son frère n'a daigné faire.


    par Kamel Daoud

    Le Quotidien d'Oran
    " Celui qui passe devant une glace sans se reconnaitre, est capable de se calomnier sans s'en apercevoir "

  • #2
    Il faut reconnaître au moins à Saïd d'avoir parlé à un journal local. Chose jamais son frère n'a daigné faire.
    Yoouuuuuuuuuuuuuupieeeeeeee!!!
    "La chose la plus importante qu'on doit emporter au combat, c'est la raison d'y aller."

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