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Halte à la surconsommation d’antibiotiques en Algérie

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  • Halte à la surconsommation d’antibiotiques en Algérie

    Rien que pour l’année 2011, la facture annuelle des importations d’antibiotiques a atteint les 200 millions d’euros.

    “Les antibiotiques, c’est pas automatique”, titrait la campagne de sensibilisation largement diffusée, à partir de 2002 en France, pour lutter contre la surconsommation de ces traitements. L’objectif visé par les autorités françaises était d’expliquer à la population l’inefficacité des antibiotiques lorsqu’il s’agit d’une infection virale. Mais au-delà du gaspillage, la surconsommation d’antibiotiques pose un réel problème de santé publique.

    L’accoutumance induite par l’automédication et/ou la prescription abusive d’antibiotiques peut mener à leur inefficacité, même dans des cas d’infections bénignes.

    En Algérie, où l’effort de lancer ce type de campagne de sensibilisation n’a pas été consenti, le problème de la résistance aux antibiotiques est aujourd’hui bien réel. Selon le Pr Khiati, qui intervenait, hier, au Forum du quotidien DK News, “si des mesures concrètes ne sont pas prises, dans quelques années, nous ne pourrons plus soigner les maladies les plus banales”.
    Le phénomène est pourtant simple à expliquer. Les antibiotiques soignent les infections bactériennes uniquement. S’ils sont utilisés de façon abusive, les bactéries développent une résistance au traitement qui devient alors inefficace. Plusieurs facteurs peuvent mener à cette résistance. Le Pr Khiati explique que “la surconsommation d’antibiotiques comme le non-respect de leur dosage et de la durée du traitement prescrit sont à l’origine du développement de la résistance aux antibiotiques”. Il insiste sur l’importance du dosage et pointe la responsabilité des laboratoires pharmaceutiques.
    “Le sous-dosage peut également causer un problème de résistance aux antibiotiques, or les antibiotiques destinés aux pays en voie de développement possèdent, le plus souvent, un pourcentage de principe actif peu élevé.” Le professeur met en garde contre cette dérive, notamment s’agissant des jeunes enfants. “Tous les ans en Algérie, près d’un million d’enfants se présentent en consultation pour des infections respiratoires, 50 000 d’entres eux ont moins de 5 ans, et plus l’enfant est jeune, plus la prescription augmente. Cette utilisation inappropriée des antibiotiques mène à une résistance dès le jeune âge”, prévient-il. Le Pr Khiati déplore, également, l’absence de recherches et de statistiques sur la question de la résistance aux antibiotiques.

    Des propos appuyés par l’OMS qui évoque, s’agissant de la région Afrique dont l’Algérie fait partie, “de graves lacunes”. Selon lui, le danger se trouve même dans notre alimentation induit par l’importance des prescriptions d’antibiotiques par les vétérinaires. “Des tests ont récemment été réalisés sur la volaille et les résultats montrent la présence d’antibiotiques à des taux jusqu’à cent fois supérieur à la normale. En mangeant cette viande ‘hyperantibiotisée’, nous ingérons encore une autre dose d’antibiotiques dans notre organisme”, assure-t-il. Pour ce professionnel de la santé, il y a urgence à imposer des bonnes pratiques en matière de prescription médicale. Il plaide pour le lancement de campagnes de sensibilisation en direction de la population comme pour les professionnels de la santé. Il préconise de rendre obligatoire la formation continue des médecins. “Les médecins ne peuvent pas continuer à prescrire n’importe quel antibiotique n’importe comment”.
    Le Pr Khiati désigne, également, la responsabilité des laboratoires pharmaceutiques dont le souci mercantile prime sur la sauvegarde du capital immunologique. Il rappelle, de plus, le rôle du pharmacien qui doit se limiter au conseil sans jamais prescrire ou changer de prescription.
    Enfin, le professeur appelle le ministère de la Santé à intensifier les mécanismes de contrôle et à installer une commission de suivi de l’usage des antibiotiques car, insiste-t-il, “il n’y a pas de nouvelles molécules, pas d’autres antibiotiques de remplacement”.

    Amina Hadjiat-Liberté
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