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Les lobbies, c’est qui ?

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  • Les lobbies, c’est qui ?

    Le ministre des Transports s’est mis à défendre Air Algérie contre les attaques qui ciblent la compagnie depuis le crash du vol Ouagadougou-Alger.

    C’est pourtant bien Ghoul qui avait mis la compagnie nationale dans l’embarras et l’avait livrée à la critique et à l’ire des usagers, en faisant la promesse d’une baisse improvisée des tarifs pour l’été que celle-ci n’avait pu honorer. C’était le 4 juin, cinquante jours avant le crash de l’avion affrété auprès de SwiftAir !

    Les jours suivant “l’annonce”, la télévision publique, s’adressant à “la communauté nationale à l’étranger” — dont on se rappelle tous les mois de juin —, reprenait “la bonne nouvelle” : “Des tarifs réduits de 30 à 50% effectifs du 22 juin au 22 septembre”. Laissant alors Air Algérie, cette fausse nouvelle sur les bras, faire face à sa clientèle. Entre-temps, Ghoul, toujours en campagne, était passé à un autre thème : le transport maritime urbain et la liaison par mer du centre-ville d’Alger à Tamentfoust, puis finalement à La Madrague.

    Le temps que le ministre s’aperçoive de la différence entre une réduction des tarifs et une offre promotionnelle, forcément limitée en temps et en nombre de sièges, Air Algérie devait assumer la polémique avec des clients, notamment ceux organisés en CCTA. C’eût été couper la branche sur laquelle celle-ci est assise que de lancer des offres promotionnelles au cours de la saison la plus profitable ! C’est même, là, la raison pour laquelle elle défend son monopole…

    Et c’est ce monopole que le ministre se remet donc, aujourd’hui, à défendre, sans revenir un instant sur son engagement rompu. Un engagement politique que les clients étaient en droit de faire valoir face à Air Algérie et qui aura donc porté préjudice à l’entreprise. Dont le tragique accident du 24 juillet a, bien entendu, contribué à ternir l’image et provoqué la médiatisation des reproches.

    Le ministre semble regrette déplorer que ces attaques “ne visent pas les personnes”, mais “le pavillon national”. Heureusement qu’elles ne visent pas des personnes ! Mais heureusement qu’elles ne visent pas le pavillon national, non plus ! Elles visent la mauvaise gestion d’une activité économique et de service public : le transport aérien. Non, les critiques s’adressent à l’entreprise seule. Qui, justement, en la matière, applique la — mauvaise — politique du pouvoir.

    Il n’est pas très fair-play de défendre sa politique en se cachant derrière la notion de pavillon, en jouant sur l’amalgame pavillon-souveraineté. La souveraineté, c’est autre chose qu’un pavillon, et un pavillon, c’est autre chose qu’une compagnie. Sinon, un pays comme la Grèce, qui héberge des centaines d’armateurs sous son pavillon, ne serait pas un pays souverain.

    Le facile haro sur “les lobbies étrangers” qui fomentent un complot contre le pavillon national est, ici, plus qu’ailleurs, inapproprié.

    Dans les véritables complots, les “lobbies étrangers” s’associent en général avec “les lobbies locaux”, et sans bruit.

    Et comme le montrent les cas passés de Sonatrach, de l’autoroute et d’autres cas encore, l’opinion publique et les commentateurs ne s’en aperçoivent qu’une fois le forfait accompli. Quand ils s’en aperçoivent.


    Mustapha Hammouche- Liberté
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