Quand Washington perd la mise syrienne et palestinienne…
© Photo: REUTERS/Syria TV via Reuters TV
Vous a-t-on jamais proposé de devenir président ? Je suis sûr que non, mais c’est bien ce qui est arrivé à Bachar al-Assad lorsqu’il se la coulait douce en Grande-Bretagne en préparant son examen de fin d’études pour passer ophtalmo.
Et voilà qu’à la suite du décès de son frère aîné, il s’est trouvé parachuté dans l’actualité proche-orientale avec une seule mission impossible comme objectif à atteindre : démocratiser son pays en le tirant du pétrin. En dépensant moult efforts il y est parvenu. Il fait la pièce à la fois aux Américains et aux Européens, joue quitte ou double et juche à hue et à dia sa Syrie natale en position d’un Etat indépendant non terrassé par l’OTAN. Certes, la Russie l’a beaucoup aidé et il avait l’exemple sanglant d’un Moammar Kadhafi sous les yeux. Quoi qu’il en soit ce président alaouite a su l’emporter et on ne juge pas les vainqueurs.
Pendant tout ce temps-là, un ex-membre du gouvernement libyen et grand blogueur français Thierry Meyssan se tenait à ses côtés et notait tous les étapes de cette lutte que le Raïs a su mener à son terme.
Thierry Meyssan. Le président al-Assad a prononcé son discours d’investiture qui, bien entendu, a été boycotté par presque toute la presse occidentale. Ce discours a été particulièrement important parce qu’il ne s’est pas contenté de présenter son programme de la reconstruction. Il ne s’est pas contenté non plus de fixer les objectifs militaires pour la libération de quelques territoires tout à fait au Nord du pays ou tout à fait à la frontière israélienne qui sont encore occupés par les djihadistes qui sont en fait des mercenaires étrangers. Le président al-Assad a montré sa vision en fait de ce qu’est la résistance à l’impérialisme dans cette région.
Historiquement, depuis 3.000 ans, la Syrie a toujours été un lieu de passage de toutes sortes d’envahisseurs et que pourtant la Syrie a toujours résisté. La ville de Damas est la plus ancienne ville habitée au monde sans interruption. C’est vraiment le berceau de la civilisation humaine. Et le président al-Assad a évoqué une question vraiment spirituelle sur la résistance. En fait, quand on a assisté à de telles atrocités, on pourrait dire : « Ce sont des hommes qui ont fait ça ! » Mais cela mènerait à désespérer complètement du genre humain. Lui a préféré voir dans ces horreurs l’influence des forces qui sont au-delà des hommes. Il a dit : « Nous avons été attaqués par des puissances diaboliques qui ont influé notre pays à travers les Frères Musulmans ! » Il a appelé à l’unité nationale… Il a également appelé à trouver à travers de différentes religions qui se trouvent ici – parce qu’il y a un patchwork au niveau religieux ! – dans la population syrienne. Il a appelé à ce que toutes les religions fournissent la force nécessaire pour s’unir et pour repousser cette attaque inspirée par les forces qui vont au-delà des humains. Pour le public européen cette approche est beaucoup plus extraordinaire que pour le public russe. A mon avis, cela peut déstabiliser que de placer la discussion à ce niveau-là !
Cependant il faut observer que le président al-Assad est en train de sortir vainqueur de cette guerre. Et qu’il est aujourd’hui le seul chef d’Etat au monde à avoir survécu à une attaque d’une Alliance de tous les alliés de Washington qu’ils soient membres de l’OTAN ou qu’ils soient membres du Conseil de la Coopération du Golfe… Alors qu’il a réussi à maintenir en vie son pays - puisque l’objectif était de détruire son pays ! – il a été réélu par une très large majorité : plus de 80% de voix ! Cela s’est opéré avec une énorme participation malgré les déplacements des populations. En fait même si beaucoup de gens ont été empêchés de voter par les déplacements de population, en termes de corps électoral, il avait 63% du corps électoral qui l’a soutenu !
C’est vraiment quelque chose d’exceptionnel et je pense que ça lui donne une autorité maintenant au niveau mondia l pour montrer comment résister à l’impérialisme.
LVdlR. Qu’en est-il d’actualité syrienne au jour le jour ? Est-ce que les rues sont nettoyées des milices sunnites ?
Thierry Meyssan. La vie est revenue à un cours normal dans la très grande majorité du territoire. Mais il reste des endroits où se trouvent ces forces sectaires financées et armées par les Occidentaux. Elles continuent de commettre des crimes. A ce sujet je voulais signaler que le mois dernier il y a eu une séance du Conseil des Nations Unies à la demande de la Russie pour considérer l’aide humanitaire à la Syrie. Au cours de cette séance, l’ambassadeur Djafari qui représentait la Syrie a présenté un document extrêmement surprenant qui était signé par le général Selim Idriss qui a déserté l’armée arabe syrienne et qui est le chef de la soi-disant Armée syrienne libre, une force créée par la France et utilisant le drapeau du mandat français, de la colonisation française pour bien montrer qu’elle dépende de la France. Dans ce document en date du 17 janvier 2014, le général Selim Idriss écrivait aux différents groupes armés dans le pays en leur disant : « Voilà ! Nous avons reçu des munitions en très grande quantité de la France et de la Turquie. Nous allons les distribuer : 2/3 de ces munitions seront donnés à Al-Qaïda ! On vous prie – Al-Qaïda et d’autres groupes – quand vous recevez ces munitions de nous faire des bordereaux de reçus pour que nous puissions en justifier devant le donateur… »
Cela veut dire que contrairement au discours officiel tenu par la France et la Turquie, ces deux Etats continuent à armer des groupes d’Al-Qaïda alors qu’en public ils ont déclaré que ces groupes d’Al-Qaïda étaient des groupes terroristes ! En public le gouvernement français a fait inscrire ces groupes sur la liste d’organisations terroristes des Nations Unies ! On est vraiment dans un système d’une hypocrisie et d’un mensonge sans équivalent !
La France est aujourd’hui un soutien militaire d’Al-Qaïda. L’évolution de la situation militaire en Syrie est positive mais il reste deux problèmes : la campagne au sud de Deraa et une zone à la frontière de la Turquie et de l’Irak qui comprend la ville de Raqqa.
© Photo: REUTERS/Syria TV via Reuters TV
Vous a-t-on jamais proposé de devenir président ? Je suis sûr que non, mais c’est bien ce qui est arrivé à Bachar al-Assad lorsqu’il se la coulait douce en Grande-Bretagne en préparant son examen de fin d’études pour passer ophtalmo.
Et voilà qu’à la suite du décès de son frère aîné, il s’est trouvé parachuté dans l’actualité proche-orientale avec une seule mission impossible comme objectif à atteindre : démocratiser son pays en le tirant du pétrin. En dépensant moult efforts il y est parvenu. Il fait la pièce à la fois aux Américains et aux Européens, joue quitte ou double et juche à hue et à dia sa Syrie natale en position d’un Etat indépendant non terrassé par l’OTAN. Certes, la Russie l’a beaucoup aidé et il avait l’exemple sanglant d’un Moammar Kadhafi sous les yeux. Quoi qu’il en soit ce président alaouite a su l’emporter et on ne juge pas les vainqueurs.
Pendant tout ce temps-là, un ex-membre du gouvernement libyen et grand blogueur français Thierry Meyssan se tenait à ses côtés et notait tous les étapes de cette lutte que le Raïs a su mener à son terme.
Thierry Meyssan. Le président al-Assad a prononcé son discours d’investiture qui, bien entendu, a été boycotté par presque toute la presse occidentale. Ce discours a été particulièrement important parce qu’il ne s’est pas contenté de présenter son programme de la reconstruction. Il ne s’est pas contenté non plus de fixer les objectifs militaires pour la libération de quelques territoires tout à fait au Nord du pays ou tout à fait à la frontière israélienne qui sont encore occupés par les djihadistes qui sont en fait des mercenaires étrangers. Le président al-Assad a montré sa vision en fait de ce qu’est la résistance à l’impérialisme dans cette région.
Historiquement, depuis 3.000 ans, la Syrie a toujours été un lieu de passage de toutes sortes d’envahisseurs et que pourtant la Syrie a toujours résisté. La ville de Damas est la plus ancienne ville habitée au monde sans interruption. C’est vraiment le berceau de la civilisation humaine. Et le président al-Assad a évoqué une question vraiment spirituelle sur la résistance. En fait, quand on a assisté à de telles atrocités, on pourrait dire : « Ce sont des hommes qui ont fait ça ! » Mais cela mènerait à désespérer complètement du genre humain. Lui a préféré voir dans ces horreurs l’influence des forces qui sont au-delà des hommes. Il a dit : « Nous avons été attaqués par des puissances diaboliques qui ont influé notre pays à travers les Frères Musulmans ! » Il a appelé à l’unité nationale… Il a également appelé à trouver à travers de différentes religions qui se trouvent ici – parce qu’il y a un patchwork au niveau religieux ! – dans la population syrienne. Il a appelé à ce que toutes les religions fournissent la force nécessaire pour s’unir et pour repousser cette attaque inspirée par les forces qui vont au-delà des humains. Pour le public européen cette approche est beaucoup plus extraordinaire que pour le public russe. A mon avis, cela peut déstabiliser que de placer la discussion à ce niveau-là !
Cependant il faut observer que le président al-Assad est en train de sortir vainqueur de cette guerre. Et qu’il est aujourd’hui le seul chef d’Etat au monde à avoir survécu à une attaque d’une Alliance de tous les alliés de Washington qu’ils soient membres de l’OTAN ou qu’ils soient membres du Conseil de la Coopération du Golfe… Alors qu’il a réussi à maintenir en vie son pays - puisque l’objectif était de détruire son pays ! – il a été réélu par une très large majorité : plus de 80% de voix ! Cela s’est opéré avec une énorme participation malgré les déplacements des populations. En fait même si beaucoup de gens ont été empêchés de voter par les déplacements de population, en termes de corps électoral, il avait 63% du corps électoral qui l’a soutenu !
C’est vraiment quelque chose d’exceptionnel et je pense que ça lui donne une autorité maintenant au niveau mondia l pour montrer comment résister à l’impérialisme.
LVdlR. Qu’en est-il d’actualité syrienne au jour le jour ? Est-ce que les rues sont nettoyées des milices sunnites ?
Thierry Meyssan. La vie est revenue à un cours normal dans la très grande majorité du territoire. Mais il reste des endroits où se trouvent ces forces sectaires financées et armées par les Occidentaux. Elles continuent de commettre des crimes. A ce sujet je voulais signaler que le mois dernier il y a eu une séance du Conseil des Nations Unies à la demande de la Russie pour considérer l’aide humanitaire à la Syrie. Au cours de cette séance, l’ambassadeur Djafari qui représentait la Syrie a présenté un document extrêmement surprenant qui était signé par le général Selim Idriss qui a déserté l’armée arabe syrienne et qui est le chef de la soi-disant Armée syrienne libre, une force créée par la France et utilisant le drapeau du mandat français, de la colonisation française pour bien montrer qu’elle dépende de la France. Dans ce document en date du 17 janvier 2014, le général Selim Idriss écrivait aux différents groupes armés dans le pays en leur disant : « Voilà ! Nous avons reçu des munitions en très grande quantité de la France et de la Turquie. Nous allons les distribuer : 2/3 de ces munitions seront donnés à Al-Qaïda ! On vous prie – Al-Qaïda et d’autres groupes – quand vous recevez ces munitions de nous faire des bordereaux de reçus pour que nous puissions en justifier devant le donateur… »
Cela veut dire que contrairement au discours officiel tenu par la France et la Turquie, ces deux Etats continuent à armer des groupes d’Al-Qaïda alors qu’en public ils ont déclaré que ces groupes d’Al-Qaïda étaient des groupes terroristes ! En public le gouvernement français a fait inscrire ces groupes sur la liste d’organisations terroristes des Nations Unies ! On est vraiment dans un système d’une hypocrisie et d’un mensonge sans équivalent !
La France est aujourd’hui un soutien militaire d’Al-Qaïda. L’évolution de la situation militaire en Syrie est positive mais il reste deux problèmes : la campagne au sud de Deraa et une zone à la frontière de la Turquie et de l’Irak qui comprend la ville de Raqqa.
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