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«CRISE UKRAINIENNE» Les six coups de la partie

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  • «CRISE UKRAINIENNE» Les six coups de la partie

    «CRISE UKRAINIENNE»

    Les six coups de la partie


    Par Aissa HIRECHE

    Après la crise des Balkans c'est au tour de l'Ukraine
    La crise ukrainienne est, peut-être, le brasier le plus ardent sur lequel s'est assise l'humanité depuis très longtemps.
    Vendredi 29 août 2014. Le Tu-154 décolle de l'aéroport de la capitale slovaque avec, à son bord, le ministre russe de la Défense, Sergueï Choïgou. Il revient d'une cérémonie à laquelle il avait pris part, dans la matinée, et qui était dédiée au 70ème anniversaire du Soulèvement des Slovaques, en 1944, contre les nazis.
    Peu après, les pilotes furent informés que la Pologne leur interdisait de survoler son espace aérien. Ils en avertirent le ministre qui leur demanda de revenir à Bratislava. La nouvelle n'étonna personne, car dans la crise ukrainienne, la Pologne a accaparé le rôle du pays le plus critique vis-à-vis de l'ex-grand frère russe.
    Presqu'au même moment, devant un parterre de jeunes qu'il rencontre à l'occasion d'un forum de la jeunesse qui se tenait à Moscou, Vladimir Poutine dont la «gestion de la crise ukrainienne se fait au coup par coup, en fonction des événements» (1), laissa tomber devant les caméras, dans un sourire peu habituel: «Nous sommes une puissance nucléaire et nous sommes prêts à toute agression!».
    La phrase est lâchée. La phrase que beaucoup redoutaient et qui signifie, tout simplement, que la Russie ne compte pas revenir en arrière dans ce conflit qui n'a pas encore fini d'inquiéter. Elle lance un avertissement à l'Union européenne qui se réunira le lendemain, samedi 30 août 2014 à Bruxelles. La crise ukrainienne est, peut-être, le brasier le plus ardent sur lequel s'est assise l'humanité depuis très longtemps. Bien plus grave que celle des missiles de Cuba en 1962, cette crise n'est pas loin de ressembler, en dangerosité, du moins à celles qui avaient causé les deux guerres mondiales. En ce qui suit, nous proposons une visite d'une poudrière qui pourrait allumer le monde, c'est-à-dire un retour sur une partie d'échecs dont les coups fourrés et tordus à n'en plus pouvoir, n'ont eu de cesse de monter crescendo avec le temps.

    1er coup: la démocratie
    Le 21 novembre 2004 eut lieu la proclamation du résultat du deuxième tour de l'élection présidentielle en Ukraine. Cette élection fut remportée par Victor Ianoukovich auquel Poutine avait fait une grande campagne et donné un grand appui moral et logistique, disent d'autres.
    De nombreux Ukrainiens, persuadés de l'irrégularité de ces élections, répondent à l'appel de Viktor Iouchtchenko et son alliée Ioulia Tymochenko et entament des manifestations à Kiev ainsi que dans plusieurs autres endroits du pays.
    Ces manifestations prennent vite l'allure d'une révolution avec l'appui «de nombreux gouvernements occidentaux, dont celui des Etats-Unis et le financement d'organisations américaines». (2). Pour justifier ce soutien, on évoque côté Occident, le droit des peuples à la démocratie et le devoir des pays démocrates (entendre par là les Etats-Unis et l'Union européenne) de les aider.
    La presse dont, notamment, le journal britannique The Guardian, rapporta à l'époque que «le gouvernement des États-Unis a dépensé 14 millions de dollars pour organiser la Révolution orange, et plusieurs autres organisations américaines, notamment le parti démocrate et le parti républicain y ont contribué.» (3)
    Conséquence: au nom de la démocratie, le scrutin des élections est invalidé par la Cour suprême et une nouvelle élection est organisée un mois plus tard. Cette fois, c'est Viktor Iouchtchenko qui est élu et, pour faire plus vrai que vrai, il n'est accrédité que de «52% des voix contre 44% pour son rival Viktor Ianoukovytch» (4).
    Poutine n'est pas dupe et dès le départ, il savait que ces manoeuvres et ces soutiens financiers de l'Union européenne et des Etats-Unis visaient, non seulement à affaiblir son pays en retirant Kiev à son influence, mais aussi à l'étouffer sur le plan naval.
    C'est alors que, quelques jours plus tard, Moscou décida de mettre fin aux tarifs préférentiels accordés sur son gaz à Kiev. Pour montrer à quel point la décision était sérieuse, Moscou brandit la menace de «couper les vannes si Kiev ne rentre pas dans le rang. Le ton monte entre les deux pays et le 1er janvier 2005, Gazprom met ses menaces à exécution. Un accord est finalement trouvé le 4 janvier» (5).
    Mais la bataille entre les deux adversaires ne cessa pas. C'est ainsi que, en août 2006, Ianoukovitch devient Premier ministre après avoir remporté les législatives (de mars 2006) et il manifesta ouvertement sa proximité de Moscou. Il le paya quatre mois plus tard, à l'issue de nouvelles législatives décidées par le président ukrainien. Le 18 décembre 2007, ces élections portèrent Iulia Timochenko, la dame aux tresses d'or, comme l'appelaient certains, au poste de Premier ministre.

    2ème coup: l'Europe
    La démocratie ne donne pas toujours ce qu'on en attend. Les Occidentaux le savent mieux que quiconque. Aussi, les responsables européens se réunirent-ils pour prendre le temps d'évaluer la situation et de bien considérer le jeu de Moscou. Ils décidèrent alors de changer de stratégie. Ils avancèrent une pièce maîtresse: l'Europe.
    Dès son retour à la tête du gouvernement, et sur le conseil des Occidentaux, Timochenko s'attela à la tâche du rapprochement de son pays avec l'Union européenne qui, de son côté, n'a pas manqué de travailler, tambour battant, sur une politique de voisinage avec Kiev à qui elle fixa dans un programme d'action à moyen terme, un certain nombre d'objectifs dont il faut remarquer surtout la «mise en place d'un État de Droit fonctionnel (...) et l'ouverture des frontières à la libre concurrence en échange d'une aide financière versée régulièrement». (6)
    La Russie ne digère ni le renversement de Iakounovitch ni ce rapprochement avec l'Europe. Elle réagit en déplaçant le même pion et, une fois encore, la question du gaz est remise sur le tapis.

    3ème coup: le FMI
    Les dirigeants d'Europe et des Etats-Unis ne voulaient pas lâcher Kiev, et au bout de plusieurs rencontres entre experts et personnalités politiques, ils arrivèrent à la conclusion que, pour en finir avec cette histoire de gaz, le FMI avancerait à Kiev de quoi payer.
    Lorsque le FMI accourt au secours de l'Ukraine pour régler sa facture, Moscou qui ne décolèrait pas, décida de monter d'un cran dans les exigences. C'est en novembre 2009 que «Medvedev, qui remplace Poutine à la tête du pays, annonce clairement qu'il veut voir un nouveau président en Ukraine sortir de la prochaine élection présidentielle»(7).
    Aussitôt dit, aussitôt fait. Deux mois plus tard, c'est-à-dire en février 2010, à l'issue de l'élection présidentielle en Ukraine, Ioulia Timochenko, pourtant favorite des Européens, avait remporté 45,47% des voix, au second tour. Cela demeurait insuffisant pour battre Viktor Ianoukovitch qui avait remporté 48,95%. Victor Ianoukovich alors effectuait son retour à la tête du pays. Sa victoire était, en réalité, celle des Russes, décidés à ne pas laisser leur échapper ce pays voisin.
    Tout paraissait normal sauf que, déjà, le destin de l'Ukraine était en train d'être tissé avec du fil de fer.
    Le nouveau président ukrainien envoya sa rivale en prison et, en novembre 2013, il décida de renoncer à la signature d'un accord d'association avec l'Union européenne (accord négocié par Timochenko en 2009).
    «Ianoukovitch opère un revirement, commenta à l'époque Le Figaro. Il n'est plus question de regarder vers l'Europe» (8). Il préféra une Union douanière avec le voisin russe.

    4ème coup: la violence et la déstabilisation
    Le 21 novembre, l'Ukraine connut alors un vaste mouvement de contestation qui commença par l' «Euro Maïdan» que certains décrivaient comme le «plus grand rassemblement pro-européen de l'histoire». (9) Ces manifestations ne tardèrent pas à tourner en contestations violentes qui mirent Kiev à feu et à sang du 30 novembre 2013 au 21 février 2014, faisant une centaine de morts.
    Moscou reprocha, plus tard, à Wahington cette violence. «On peut se souvenir, dit Serguei Lavrov, que la violence sur la place Maïdan qui s'est soldée par des dizaines et des dizaines de morts, était qualifiée de démocratie» (10)
    C'est, bizarrement, cette période que choisirent Européens et Américains pour envoyer leurs émissaires. On assista à un véritable ballet de personnalités et hommes politiques américains et européens qui se relayèrent sans relâche à Kiev.
    Ainsi, le 5 décembre 2013, le secrétaire général du Conseil de l'Europe, Thorbjørn Jagland, arrive en Ukraine (11). Dix jours plus tard, «le sénateur américain, partisan d'une politique de fermeté à l'égard de Moscou, a rendu visite le 15 décembre aux manifestants de Kiev» (12). Le 25 décembre 2013, c'est au tour d'Henri Malosse, président du Comité économique et social européen (Cese), d'atterrir à Kiev. (13)
    Devant ce ballet qui tentait de séduire Kiev et de pousser les manifestants vers plus de fermeté, Moscou se dépêcha, la mi-décembre, de mettre la main à la poche et Kiev obtient un crédit de 15 milliards de dollars (dont 3 seront versés fin décembre) en plus d'une réduction de 30% sur le prix du gaz.
    La violence durant jusqu'au 21 février lorsque fut signé un accord de sortie de crise et, comme on le sait, finit par mener à la fuite puis de Ianoukovitch, le 22 février 2014 et à sa destitution deux jours plus tard (14). L'Ukraine se trouvait alors au bord du chaos. On se dépêcha de se débrouiller un président par intérim.
    Mais, encore une fois, la chute du président Ianoukovich alla déchaîner la colère de Moscou. La Crimée s'opposa alors aux changement à Kiev et s'en démarque. réagissant contre ce revirement de Kiev, le 16 mars, «les électeurs de Crimée se prononcent à 96,77% en faveur du rattachement à la Fédération de Russie» (15) et le 18 mars le Traité d'annexion de la péninsule est signé par Poutine.
    Autour du 10 avril, le directeur de la CIA effectua, sous un faux nom, bien sûr, une visite éclair à Kiev. Moscou le signala à Washington et lui demanda une explication à propos de cette visite. Après avoir nié dans un premier temps, la CIA finit par reconnaître, par le biais de la Maison-Blanche que John Brennan s'était réellement rendu en Ukraine. «Nous ne commentons normalement pas le voyage du directeur de la CIA, mais étant donné les circonstances extraordinaires dans cette affaire et les fausses allégations portées par les Russes contre la CIA, nous pouvons confirmer que le directeur était à Kiev dans le cadre d'un voyage en Europe», a annoncé aux journalistes, le porte-parole de la Maison-Blanche, Jay Carney (16).

  • #2
    5ème coup: les menaces et les sanctions
    L'annexion de la Crimée étourdit les Occidentaux qui ne s'y attendaient pas. Les menaces fusèrent alors de Washington, de Paris, de Berlin et de toute l'Europe. Entre-temps, à la fin mars 2014, le FMI accourut une seconde fois au secours de l'Ukraine avec la décision de lui accorder une aide de 17 milliards de dollars sur deux ans. Une première tranche d'aide de 3,2 milliards de dollars fut débloquée immédiatement.
    Quatre jours plus tard, Moscou réagit. Elle remit sur le tapis, encore une fois, le prix du gaz vers l'Ukraine qui passe alors «de 268,50 dollars les 1000 mètres cubes à 485 dollars» (17).
    Quelques jours plus tard, dans l'est russophone de l'Ukraine, des manifestations eurent lieu. Les sièges des gouvernements régionaux à Donetsk et Kharkiv furent attaqués puis pris par des manifestants pro-russes. C'est la guerre qui commençait alors entre l'armée ukrainienne et les séparatistes pro-russes. Une guerre qui, depuis cette date, gagne en intensité chaque jour.
    Washington et l'Europe accusent Moscou de soutenir les rebelles en armes et en fonds et promettent des sanctions. Des sanctions qui, notera le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, Camille Grand n'ont presque aucun effet car, «que l'Union européenne mette 15 jours à décider de nouvelles sanctions qui commenceront à porter leurs fruits dans trois mois ne me semble pas être une option très efficace à court terme pour faire pression sur Poutine.» (18).

    6ème coup: l'Otan
    Les responsables européens se sont réunis samedi 30 août 2014 à Bruxelles pour étudier les réponses à apporter à la crise en Ukraine. Ils réfléchissent à l'adhésion de l'Ukraine à l'Otan, ce qui lui permettrait d'être protégée par ce traité. Une semaine plus tôt, la chancelière allemande Angela Merkel avait effectué une visite à Kiev. Une manière de dire aux Russes l'importance attachée par l'Europe à ce pays. Mais Moscou laissera-t-il faire?
    Déjà, quelques heures avant la réunion de Bruxelles, Poutine avait laissé tomber cette phrase lourde de sens: «Nous sommes une puissance nucléaire et sommes prêts en cas d'agression!».
    Où va-t-on? Vers une troisième guerre mondiale comme l'avaient laissé clairement entendre certains? Difficile de croire, car malgré tout, les différents protagonistes de cette crise se connaissent bien et connaissent exactement la puissance destructrice de chaque partie. Ils n'auront pas assez de folie pour pousser le bouchon jusqu'à faire une guerre. D'ailleurs, comme l'a déclaré le directeur de la Fondation pour la recherche stratégique, il est même peu probable que «Poutine ait l'intention d'aller jusqu'à déclarer la guerre à l'Ukraine» (19).
    Toujours est-il que cette crise dévoile à quel point Européens et Américains tiennent à l' Ukraine. Veulent-ils à ce point affaiblir la Russie? Pourquoi? Certains pensent que «l'Ukraine est sans aucun doute victime de la stratégie détournée de l'administration Obama pour se venger de ne pas avoir été autorisée à bombarder la Syrie» 20), mais en réalité enlever l'Ukraine à la Russie, c'est limiter la puissance russe et puis, si l'Ukraine adhère à l'Otan, n'est-ce pas que ses terres pourraient servir de bases militaires anti-russes? C'est ce que, entre autres, Poutine tente d'empêcher coûte que coûte et c'est ce qui explique pourquoi on a l'impression d'assister à une véritable partie d'échecs. Jusque-là, il y a eu seulement six coups. Combien en reste-t-il? Dieu seul sait!

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    • #3
      Cette affaire ukrainienne est semblable aux difficultés que rencontre M. Valls. Même s'il arrivait à fédérer suffisamment, il ne serait pas en mesure de sortir la France de la crise économique par la voie libérale. Le monde libre ne donne pas lieu à des adhésions de fauteuil (manifestations ...), c'est plutot un jeu de conquête. Pour l'Ukraine, M. Poutine, dans le cas où il accepterait l'adhésion ukrainienne à l'Europe, il ne serait pas en mesure de peser positivement sur cette adhésion même avec l'argument de la suprématie militaire, il le sait. L'attitude russe laisse penser que la Russie prépare son adhésion elle même.
      Quant à M. Valls, il est à parier qu'il continuera le perfectionnement du vieux modèle capitaliste car il ne cherchera pas la confrontation et le sacrifice pour la liberté.

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      • #4
        Nous assistons à une propagande et à une désinformation qui frise les débilités du colonialisme du 19° siècle. Ces « va-t-en guerre » sont en retard de quelques générations! Les peuples occidentaux ne se laissent plus bernés (je pense!), comme ils l’étaient de coutume, pour décider de servir "clés en mains" cette prétendue démocratie à des peuples qu'ils ignorent et méprisent même.
        Aujourd'hui notre belliqueux et militariste gouvernement Harper parle de l'impérialisme russe !
        Il existe combien de bases militaires russes hors de leurs frontières ?
        Très peu en comparaison à cette réelle armada américaine répartie sur toute la planète.
        En 2009, Chalmers Johnson, professeur américain de l'Université de Californie et ancien consultant de la CIA (1967-1973) comptait 865 bases militaires US présentes dans 46 Pays avec 190 000 soldats US et près de 100 000 civils liés à l'entretien de ces bases.
        Si on veut parler de danger impérialiste, il faut rester dans la réalité.
        - Qui donc a envahi l'Irak et l'Afghanistan ?
        - Qui donc a bombardé pendant huit mois la Libye pour parvenir à assassiner son président et une bonne partie de sa famille ainsi que la plupart de ses partisans ?
        - Qui donc a renversé Laurent Gbagbo en Côte d'Ivoire ?
        - Qui donc a recruté, entrainé, financé et armé ces fous du « allah wakbar » afin de parvenir à tuer le président Syrien ?
        L'occident est en déclin: depuis plus de dix ans l'Europe est en décroissance depuis plus de 5 ans, et tous le savent. L’Europe cumule 1000 Mds de dettes. Les Etats unis en déficit depuis 1980, atteignent 2100 Mds!! Qui dit mieux !
        Ils viennent au secours de l’Ukraine avec un tiers de fascistes au gouvernement et accusent la Russie de tous les maux (qui a eu 27 millions de morts contre ce même fascisme) , c’est prendre les russes pour des demeurés!
        Au juste on attend toujours les résultats des boîtes noires de ce fameux avion « abattu » !

        "La mode est au négationnisme, alors oui, le nazisme revient, à grand pas, et aujourd'hui comme hier on ne veut pas croire que de telles horreurs soient possibles ... mais demain les victimes ce sera vous, ou moi."
        Maryvonne Leray

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