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Des roses rouges ou roses pour nos otages enfin libres ?

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  • Des roses rouges ou roses pour nos otages enfin libres ?

    Il y a l'image et il y a l'image de l'image. La première est une série: images de Bouteflika recevant Ghannouchi mais avec les images d'une autre audience qui remontait à quelques mois avant. Cela a été révélé par la couleur du bouquet de fleurs (rouges puis soudainement roses), la plissure du drapeau derrière lui. Cela a été expliqué à Canal Plus par un Algérien de Canal Algérie par l'idée qu'il s'agit de plusieurs caméras et que «le problème était dans les fleurs» pas dans la caméra ni dans la santé de ce Président. Cela a laissé l'image d'une image pas sérieuse, risible, méprisante pour ce peuple mort pendant sa guerre et de mauvais vieillissement. L'image algérienne voulait donner l'image d'un Président bien portant. Elle laissera l'image d'une image triste et grossière comme un maquillage impudique.

    L'autre image de l'image: l'insécurité. Le flou. Un autre crash d'avion à Tam hier. L'Algérie s'y retrouve impliquée par l'adresse postale et les airs. Ce n'est pas notre faute mais c'est notre espace. L'image est celle d'un avion qui est tombé, mais l'image de l'image est celle d'un pays incertain, mal entretenu, inquiétant, frappé par un destin tordu et une série noire de crashs, retards, bousculades. Ce dernier crash n'est pas notre faute, mais nous en sommes le produit dérivé. Les imaginaires du monde commandent ses économies, ses déplacements, ses flux, ses hommes, ses échanges et ses productions. «Une matrice d'images», a dit un ami à propos des plus modernes définitions des villes-métropoles. Les grandes villes, puissances économiques, sont d'abord des matrices d'images. L'Algérie en a de mauvaises. Ses images sont surveillées, manipulées accidentées ou d'archives, l'image de ses images est peu attrayante, ne séduit pas le désir du voyageur ou le chercheur d'or. Les villes algériennes n'ont pas d'images heureuses. L'image est une impasse pour le désir de voir, vivre.

    Une autre image. Celle d'Algériens attaquant à coups de pierres un malheureux requin échoué sur une plage de Boumerdès. L'image de soi par les siens: dans le reste du monde, dit le ricanement national, le requin est les dents de la mer. Ici, la terre a des dents. Il a été lapidé. Image aussi du joueur Ebossé tué sans images. L'Age de pierre. Ou les images de sa pauvre mère qui ne comprenait pas. Où trouver une belle image du pays pour en faire un objet de désir ? Difficile. Il y a l'image noire de l'environnement en Algérie. La pollution monstrueuse, la saleté, les sachets bleus, l'incivisme. Image aussi des maisons inachevées, partout le long des routes. L'image de ces images est que le pays n'est pas un désir de vivre. Un plaisir.

    Une image qui réconforte ? Peut-être l'image de Mourad Guessas et Kedour Miloudi. Nos deux otages retenus au Mali depuis des années par El-Qaïda. Ils viennent d'être libérés, survivant à un enfer qui a emporté leurs collègues. Images fortes, puissantes, émouvantes mais que personne n'a vues encore. A l'heure de ces lignes.

    L'image de l'image peut être triste ou ridicule ou heureuse. Un coucher de soleil peut inspirer l'infini, pas la mort. Et deux bouquets de fleurs, roses puis rouges, peuvent faire rire la terre sur notre sort et démontrer la clownerie, sous le sérieux du moment.

    L'image de l'image est ce que l'on retient de l'image: son sens. Pour l'arnaque Canal Algérie, on retient le rire. Rares sont les moments et les pays où des fleurs roses et rouges font rire jaune.


    par Kamel Daoud
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill
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