Annonce

Réduire
Aucune annonce.

Humaniser et non légitimer la guerre

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • Humaniser et non légitimer la guerre

    Le CICR — Comité international de la Croix-Rouge — , créé en 1863, œuvre dans le monde entier pour fournir une assistance humanitaire aux personnes frappées par un conflit ou une situation de violence armée et faire connaître les règles qui protègent les victimes de la guerre.
    On peut se demander, avec Sylvain Thévoz, conseiller municipal de la ville de Genève, si la participation du CICR, aux côtés de l’INSS (The Institute for National Security Studies), « l’une des institutions militaires les plus influentes en Israël, à une conférence au titre pour le moins cynique sur "les défis de la guerre dans des zones densément peuplées" », est bien conforme à son mandat. Nous reprenons en bas de cette page la lettre ouverte de Sylvain Thévoz au directeur du CICR demandant au CICR de renoncer à sponsoriser cette conférence.

    CICR : humaniser la guerre ou la sponsoriser ?
    par Sylvain Thévoz, Conseiller municipal de Genève, le 28 août 2014 [1]

    Genève et le monde entier fêtent cette année les 150 ans d’existence de cette institution crée par Henry-Dunant sur le champ de bataille de Solférino. Les drapeaux du CICR ont belle allure sur le pont du Mont Blanc. Comme genevois, élu au conseil municipal de la Ville de Genève, je suis fier de cette institution qui porte haut le nom de notre ville aux quatre coins de la planète, envoie des hommes et des femmes au péril de leur vie parfois dans des zones instables ou en guerre pour fournir protection et assistance aux victimes de conflits armés et d’autres situations de violence, apporter une aide humanitaire dans les situations d’urgence.

    Monsieur Yves Daccord, directeur du CICR, présentait dans la Tribune de Genève de ce lundi les objectifs éminemment louables du CICR d’humaniser la guerre. Cette phrase d’humaniser la guerre a fait écho en moi à une pétition [2] lancée le 27 juillet pour demander au CICR de renoncer à participer aux côtés de l’INSS (The Institute for National Security Studies), l’une des institutions militaires les plus influentes en Israël, à une conférence au titre pour le moins cynique sur "les défis de la guerre dans des zones densément peuplées".
    Alors que plus de 2130 humains ont péri dans la bande de Gaza sous les missiles de Tsahal dont 577 enfants broyés sous les bombes à haute précision, en regard de 64 soldats israéliens et de 4 civils, il semble difficile d’adhérer à l’idéologie d’une guerre propre et chirurgicale défendue par l’INSS. L’INSS formate le discours politique en Israël sur les questions de "sécurité". Il est donc pour le moins troublant qu’après plus de 40 jours de bombardements israéliens à Gaza ayant vu la destruction d’hôpitaux, d’écoles, de mosquées et d’une quantité astronomique de maisons, le CICR maintienne sa participation à la co-organisation d’un tel événement prévu tout d’abord le 4 septembre et repoussé désormais au 2 décembre comme annoncé sur le site de l’INSS [3].
    Il y a 1.8 millions de personnes à Gaza répartis sur une surface de 360km². Cela fait une densité de 4726 habitants au kilomètre carré. Prétendre vouloir relever le défi de la guerre dans des zones densément peuplées est une mascarade ou pire, du cynisme. Y participer, de la part du CICR, m’interpelle fortement.
    Sponsoriser une conférence à Tel-Aviv sur le bon usage de la guerre ?
    L’INSS est avant tout un institut qui a pour objectif de couvrir et légitimer les crimes de guerre commis par les forces armées israéliennes. Le directeur de l’INSS, Amos Yadlin est un ex-général des forces armées israéliennes ayant servi durant des années au plus haut niveau à la tête des forces de renseignements d’Israël (Israeli Military Intelligence Directorate). Il a joué un rôle proéminent dans les crimes de guerre commis à Gaza en 2008 et 2009 et lors de l’attaque du Mavi Marmara (Le 31 mai 2010 le Mavi Marmara, bateau sur lequel ont embarqué des militants propalestiniens a cherché à rejoindre Gaza. Il est arraisonné par l’armée israélienne. 9 militants des droits de l’homme sont tués lors de l’opération.)
    Bien sûr, c’est la mission même du CICR d’aller à la rencontre des criminels de guerre et de ceux qui en sont soupçonnés, de parler avec toutes les parties, sans états d’âme afin de protéger la vie et la dignité des victimes de conflit armés et d’autres situations de violence, leur porter assistance. Mais est-il pour autant nécessaire de légitimer leurs conduites et par là renforcer leur influence ?
    Sponsoriser une conférence sur le bon usage des roquettes à Gaza ?
    Le CICR l’affiche sur son site : la confidentialité est une des valeurs cardinales de l’institution. Pourquoi passer alors à l’exhibition concernant cette conférence ? Comment imaginer la manière dont cela est perçu par les palestiniens de Gaza toujours sous les bombes (3 tués à ajouter au compteur aujourd’hui) et par toute personne attachée aux valeurs de la neutralité ? Et puis : combien de palestiniens ont-ils été invités à cette conférence déjà ? Il est problématique pour le CICR, et donc pour Genève, de s’afficher ostensiblement avec l’une des parties en conflit et d’aller même jusqu’à sponsoriser une conférence internationale sur les défis de la guerre dans les zones densément peuplées. Que penserait-on du CICR s’il sponsorisait une conférence à Gaza sur le bon usage des roquettes afin d’humaniser la guerre ?
    Pour le droit des humains pas le droit du plus fort
    Certes, le travail du CICR exige de mener des tractations derrière des portes closes et de travailler avec toutes les parties en présence, mais quel rapport avec celui de se montrer et faire récupérer sur le site web de l’INSS en sponsorisant à Tel Aviv une conférence ? L’INSS est ravi de placer l’annonce de l’événement conjoint avec le CICR sur son site web ; récupérer l’événement à son avantage. Quel gain en tire le CICR et quels sont ces objectifs ?
    Parler avec des criminels de guerre est une chose, leur sponsoriser des conférences en est une autre. Alors que le CICR fête ses 150 ans, a-t-il, dans les vapeurs de sa fête, oublié quelques uns de ses principes de base ?
    De la politique de confidentialité à celle de l’exhibitionnisme ?
    Comme citoyen genevois, admirateur de l’institution du CICR, je suis gêné et emprunté que notre institution s’affiche d’une manière aussi ostensible avec le belligérant d’un conflit. S’agit-il d’un changement de politique, visant à passer de la politique de confidentialité à celle de l’exhibitionnisme ? Ou est-ce l’expression d’un choix de soutien qui a été fait ? Auquel cas l’impartialité, la neutralité et l’indépendance du CICR, sa marque intime, son pedigree, s’en trouvent mis à mal.
    Le CICR doit maintenant rapidement se positionner, soit en refusant de sponsoriser cette conférence à Tel-Aviv, soit en s’expliquant sur les raisons qui l’ont poussé à le faire ainsi qu’à maintenir sa présence en ces lieux. Humaniser la guerre, c’est un magnifique slogan, mais si cela signifie vivre avec la destruction de civils et collaborer avec une institution qui légitime cette guerre, c’est très grave.
    Sylvain Thévoz

  • #2
    « Le CICR doit maintenant rapidement se positionner, soit en refusant de sponsoriser cette conférence à Tel-Aviv, soit en s’expliquant sur les raisons qui l’ont poussé à le faire ainsi qu’à maintenir sa présence en ces lieux.Sylvain Thévoz. »
    En effet, le CICR ou autre, ainsi que les organisations, qu’elles soient publiques ou privées ont moralement le devoir d’annoncer les raisons qui les poussent à participer, à cautionner ou simplement être présentes. Il est d’usage d’éviter la chaise vide quel que soit le sujet ou la situation politique ou social, mais pour ne pas travestir les idées des sympathisants, une N.B. serait toujours utile.
    Nous savons que certaines ONG, créées ou sponsorisées, travaillent pour des bureaux occultes, c’est une raison supplémentaire pour s’en méfier.
    - Faut-il participer à des compétitions sportives chez quelqu’un de peu fréquentable ou « ennemi » ?
    - Est-il raisonnable de se faire inviter à une réunion, débat, colloque..et ne pas dénoncer la voyoucratie ou les turpitudes du pays organisateur ?
    - L’organisation, l’association ou une corporation nationale hôte, peut-elle dénoncer le comportement ou les agissements néfastes des dirigeants du pays ?
    Donc, les valeurs et les idées, généralement universelles, de certaines organisations doivent être mises en avant et les rappelées avec solennité et transparence. Dans le cas contraire, les responsables trahissent les adhérents.
    Dans toute action humaine civilisatrice sans cohérence n’est que fumisterie.

    Commentaire

    Chargement...
    X