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Ukraine, Etat islamique: que peut faire l'Otan?

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  • Ukraine, Etat islamique: que peut faire l'Otan?

    Le sommet de l'Otan sera dominé par la crise en Ukraine. Certains voisins de la Russie -Pologne et pays Baltes en tête- appellent à une réponse plus énergique à l'encontre de Moscou. Que peut faire l'Otan?

    Dans la crise ukrainienne, la réponse de l'Alliance atlantique est double. La première s'adresse aux alliés, et notamment aux Etats Baltes, à la Pologne et aux pays d'Europe centrale et orientale, qui s'inquiètent de la résurgence de la puissance russe, laquelle n'hésite pas à utiliser ses moyens militaires pour atteindre ses objectifs. L'Otan a répondu par des mesures de réassurance depuis le début de juin, en renforçant notamment la police du ciel au-dessus des pays baltes. Lors du sommet sera également annoncée la création d'une force de réaction très rapide, capable de déployer 4000 hommes en deux jours - au lieu d'une semaine aujourd'hui.

    La seconde réponse s'adresse à l'Ukraine, qui ne fait pas partie de l'Alliance atlantique: Kiev n'est pas un allié mais un partenaire. Or l'Otan a manifesté son soutien politique au gouvernement légitime ukrainien. Elle a également livré une guerre de l'information pugnace avec la Russie, en répondant, chaque fois que nécessaire et preuves à l'appui, aux avancées des troupes russes.

    Ces mesures de réassurance peuvent-elles aller plus loin? Certains pays demandent une présence militaire accrue sur leur territoire de crainte d'une attaque russe.

    Un certain nombre de ces mesures répondent à des questions structurelles qui dépassent celle de la Russie. Le sommet de Cardiff signe la fin de l'ère expéditionnaire, qui a commencé en Bosnie en 1995 et se termine, en 2014, avec le retrait d'Afghanistan. Avant la crise ukrainienne, l'Otan se demandait déjà comment conserver son expérience, entretenir son interopérabilité et adapter son outil militaire aux nouveaux enjeux. On parlait déjà d'augmenter le nombre de coopérations militaires et d'exercices en commun. Depuis l'offensive russe en Ukraine, ce besoin apparaît évident à tout le monde. C'est ce qui explique le Readiness action plan ["plan de réactivité"], qui doit permettre à l'Alliance d'être capable de répondre vite et de façon appropriée à toutes les situations, aussi bien les crises conventionnelles, mobilisant de grandes masses de blindés, que des opérations expéditionnaires lointaines comme l'Organisation a pu le faire sur terre en Afghanistan ou dans les Balkans, sur mer comme au large de la Somalie, ou dans les airs comme en Libye.

    En face, la Russie a annoncé qu'elle allait adapter sa doctrine militaire: l'Otan redevient une "menace", comme au temps de la guerre froide...
    Cela en a l'apparence. En réalité, vingt-cinq ans après, les choses ont profondément changé. La Russie n'est pas l'Union soviétique et le pacte de Varsovie a vécu. Sur le plan militaire, on ne fait pas la guerre aujourd'hui comme on l'envisageait à l'époque de la guerre froide. Les opérations russes en Ukraine ont d'ailleurs surpris les Occidentaux. Vladimir Poutine a été imaginatif: il a utilisé des "proxies", des troupes de manoeuvre qui n'étaient pas les siennes, des séparatistes prorusses, des volontaires et probablement des mercenaires. La tension entre la Russie et l'Occident est réelle mais elle ne structure pas les relations internationales comme pouvait le faire l'ordre bipolaire. D'autant que la Russie ne s'intéresse qu'à son étranger proche. Bref, il ne s'agit pas d'un retour à la guerre froide.

    Les alliés semblent partagés entre les partisans d'une stratégie d'apaisement et les tenants de la fermeté...
    Depuis 1949, il est fréquent que les divergences s'expriment à l'intérieur de l'Alliance. A la fin, c'est l'objet des sommets, les uns et les autres finiront par s'entendre sur un consensus. Celui-ci devrait réaffirmer la solidarité et la cohésion de l'Alliance: la défense collective est un principe intangible. Par ailleurs, l'Otan a vocation à surveiller ses marges: l'Ukraine mais aussi la Syrie et la Libye qui bordent la Méditerranée. Elle doit se montrer prête à agir dans toutes les circonstances.

    La situation en Irak et en Syrie sera aussi abordée en marge du sommet. Quel peut être le rôle de l'Otan?

    A court terme, compte tenu des expériences passées, l'Otan ne jouera pas le premier rôle. La réponse, en revanche, peut venir des pays membres. On a déjà vu des coalitions ad hoc intervenir. Aujourd'hui, les Etats-Unis sont en pointe en Irak. D'autres alliés, qui ont l'habitude d'intervenir à leur côté, pourraient les suivre. La situation en Irak est préoccupante car les djihadistes de l'Etat islamique remettent en question l'ordre régional. Les djihadistes européens posent également un problème de sécurité indirecte.

    Quels sont les autres enjeux du sommet?

    Il y aura une déclaration transatlantique. L'an dernier, les Européens s'inquiétaient du pivotement stratégique américain vers l'Asie. Par la force des choses, les Etats-Unis continuent de s'intéresser à l'Europe et au Moyen-Orient. De plus, la question des ressources et donc des dépenses de défense sera évoquée pour faire face à la montée des crises. Au fond, l'Alliance est une boîte à outils militaire qui n'a cessé de se transformer depuis 1949. La crise ukrainienne fait émerger de nouveaux défis: elle l'oblige à s'adapter encore.

    l'express fr
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