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Embargo russe: jusqu'où iront les ministres européens de l'Agriculture ?

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  • Embargo russe: jusqu'où iront les ministres européens de l'Agriculture ?

    Les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne se réunissent ce vendredi pour un conseil extraordinaire à propos de l'embargo russe sur les produits alimentaires. Une rencontre qui devrait être surtout axée sur le montant total alloué aux agriculteurs pour faire face à cette situation

    Pêches, nectarines et autres produits périssables ont vu leur sort réglé en urgence. Pour tout le reste, soit toutes les catégories de produits concerné par l'embargo russe sur les produits alimentaires, les ministres de l'Agriculture de l'Union européenne réunis ce vendredi à Bruxelles devraient prendre des décisions. Dans ce contexte évidemment, chaque filière agricole dans les pays les plus directement touchés tente d'obtenir le plus possible de Bruxelles.

    Quelles sommes déjà débloquées?
    En cas de crise sur le marché agricole, six mesures extraordinaires peuvent être prises: des retraits de produits, la non-récolte (ou la récolte de produits non mûrs), la promotion, la formation, l'assurance-récolte afin de préserver les revenus des agriculteurs et la participation aux frais mutuel. Un fonds spécial doté à hauteur de 420 millions d'euros doit servir à ces mesures.


    Sur cette somme, quelque 33 millions d'euros ont été débloqués le 11 août pour les pêches, les nectarines, principalement produits en Italie, en Espagne, en Grèce et en France. Sept jours plus tard, 125 millions d'euros ont été ajoutés pour les fruits et légumes périssables.

    Par ailleurs, le 3 septembre, la direction générale de l'Agriculture à la Commission européenne a confirmé son projet d'ajouter 30 millions "au financement par l'Union des programmes de promotion dans le cadre de la PAC, en plus des 60 millions d'euros prévus chaque année dans le budget de la PAC".

    Chaque année, dans le cadre de la politique agricole commune, des projets de promotion des produits agricoles dans l'UE ou ailleurs sont co-financés pour moitié par Bruxelles (à hauteur de 60% s'ils s'adressent à des enfants). L'enveloppe est donc rallongée cette année, pour les projets qui seront déposés d'ici fin septembre. Le but des "actions de promotions"? Trouver de nouveaux débouchés dans "l'UE et en dehors", a vanté Dacian Ciolos, le commissaire européen à l'Agriculture, cité dans un communiqué.

    Quelles mesures supplémentaires?
    Nathan Subramanian, professeur au sein de l'école britannique Warwick School of economics analyse pour La Tribune:

    "Certes, l'impact global de l'embargo russe est insignifiant puisqu'il représente seulement 1% des exportations européennes. Mais au cas par cas, certains pays et filières sont plus touchées que d'autres.

    De fait, la production de fromage est affectée à hauteur de 33%, celle du beurre à 28%, selon une note de la Commission européenne.

    L'universitaire britannique ajoute:

    "Et dans un contexte de crainte de déflation, surtout sur les fruits et légumes, le sujet est très sensible, des mesures additionnelles seront donc probablement prises."

    Le chercheur anticipe plutôt des paiements supplémentaires ponctionnés sur le fonds de la PAC, observant dans le montant des sommes déjà allouées - environ 200 millions d'euros déjà "utilisés" sur 400 - un signe de la volonté de laisser une marge de manœuvre. "Je doute qu'ils aillent au-délà", anticipe-t-il, notamment en raison des "difficultés économiques actuelles" et peut-être du manque de soutien de certains pays moins touchés ou, comme le Royaume-Uni, plutôt opposés à l'idée de dépenser encore des fonds européens, surtout si c'est dans le cadre de la Politique agricole commune.

    Quelques désaccords dans le camp français
    "On a la possibilité, s'il le faut d'aller plus loin" grâce à la réserve de 420 millions d'euros du fond d'aide de la PAC, a d'ailleurs rappelé le ministre français de l'Agriculture, Stéphane Le Foll, lors d'une allocution jeudi.

    Mais des organisations professionnelles comme les Chambres d'agriculture et les coopératives agricoles (Coop de France) souhaitent que les ministres aillent plus loin. Ils veulent que d'autres fonds européens soient mobilisés. Une option que le ministre français de l'Agriculture rejette, tout comme la mise en place d'aide spécifiques à la France. Toutefois, un travail devrait être mené par FranceAgrimer, organe chargé notamment des études statistiques pour le ministère, qui vise à "cibler les besoins" en faisant des "choix stratégiques".

    La FNSEA, la fédération représentative des syndicats d'agriculteurs français, de son côté souhaite également que les ministres aillent plus loin que la PAC, indique son président Xavier Beulin à La Tribune. Il détaille d'autres mesures souhaitées comme une modulation des sommes allouées aux agriculteurs pour qu'ils retirent une partie de leur production car:

    "Le prix de référence de l'UE pour la pêche nectarine est de 27 centimes alors que son coût de revient pour un agriculteur en France est situé entre 80 centime et un euro le kilo."

    Idem pour les mesures de "stockage" des produits laitiers, financés à hauteur de "200 euros les 1000 litres" dans toute l'UE alors qu'en France, il en coûterait entre "350 et 400 euros" pour produire cette quantité. Enfin, la FNSEA attend beaucoup des mesures de soutien à la promotion, qui seront appliqués en France dans les prochaines semaines via des campagnes vantant le "manger français".

    À Bruxelles, le représentant du gouvernement français défendra une demande d'aide supplémentaire pour trouver de nouveaux déboucher à l'étranger et relever les niveaux de production que les agriculteurs sont autorisés à retirer du marché (en les donnant par exemple). Le but: éviter la surabondance qui aboutirait à un effondrement des prix.

    D'autres types de réponses possibles
    Outre un déblocage des aides, d'autres leviers pourraient être actionnés. Nathan Subramanian pointe:

    "Je ne serai pas surpris si des mesures comme la limitation des importations hors-UE pour laisser plus de place aux productions intra-européennes sur le marché soient décidées. Et puis les consommateurs se rendront compte que les pommes polonaises ou les pêches françaises sont meilleures et moins chères que des produits importés du Chili ou d'ailleurs."


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