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Casablanca croule sous ses ordures

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  • Casablanca croule sous ses ordures

    Dans la capitale économique, la collecte des ordures ménagères tarde encore à fonctionner correctement. Au jour d’aujourd’hui, des quartiers historiques de Casablanca croulent, encore et toujours, sous les montagnes nauséabondes de différents déchets.

    Que ceux qui croyaient que l’arrivée de deux nouveaux gestionnaires délégués aux commandes allait changer la donne, se détrompent. Comme quoi il ne faut jamais crier victoire trop vite. Combien même avec un coup d’envoi de la circulation d’un nouveau parc de véhicules et matériels pour la collecte des ordures, dont l’acquisition a nécessité la coquette somme de plus de 500 MDH, donné en fanfare et tout le tutti quanti, par les autorités de la ville, jeudi dernier. En fait, tous les habitants de la métropole s’attendaient, non sans joie, au lendemain de l’événement, à savoir le 5 septembre au plus tard (voire depuis le 1er du mois courant comme précédemment annoncé par les responsables de la ville) à une nouvelle ère se profiler à Casablanca via la présence des nouvelles bennes à ordures, camions, laveuses et balayeuses (environ 300 véhicules, 10.000 conteneurs à déchets et 10.000 corbeilles publiques, etc.).

    Toutefois, un petit tour de la grande ville qui n’est blanche que par le nom permet aisément de constater de visu qu’il n’en est rien encore. En effet, les déchets traînent, a fortiori, sur les trottoirs, au coin des rues ou à côté des terrasses de cafés, jonchant moult artères principales et formant des conglomérats de bacs individuels ou collectifs éparpillés deçà, delà. Ces ordures finissent même par devenir quasiment une sorte de décharge à ciel ouvert avec des relents insupportables.

    Résultat des courses: une situation intenable qui cloue au pilori les deux nouveaux délégataires de la gestion des déchets au niveau de la métropole n’ayant pas, au final, respecté le délai imparti fixé par le cahier des charges. Le tout sachant que ces deux opérateurs ont bénéficié, tout de même, d’une période transitoire et d’adaptation de six mois accordée pour la circonstance, avant l’entrée en lice du nouveau matériel.

    C’est dire que ces gestionnaires délégués ne sont pas du tout effrayés par les pénalités de retard conformément audit cahier des charges. En effet, ces derniers sont soumis, depuis le premier de ce mois de septembre, à payer, des espèces sonnantes et trébuchantes, soit une amende de pas moins 3.000 DH pour chaque jour de retard.

    De la collecte défaillante à l’incohérence des tâches entre éboueurs et balayeurs, en passant par des odeurs répugnantes d’urine et d’excréments qui règnent en maître obligeant ainsi tous les passants à se pincer le nez ou carrément retenir leur respiration,…le ramassage des ordures ménagères pose incontestablement de nombreux problèmes qui ont trait principalement à l’hygiène.

    D’où la grogne de plusieurs Casablancais qui manifestent, et à juste titre, leur « ras-le-bol » des poubelles laissées de la sorte au vu et au su des riverains et touristes avec tous les désagréments subis. Dans la foulée, ils mettent en cause et la ville et les sociétés délégataires qui ne rempliraient pas correctement leur mission.

    Tout en espérant que de par les remontrances successives les Casablancais finiront, tôt ou tard, par obtenir gain de cause contre l'inefficacité de ce système de gestion de propreté actuel, d’aucuns s’interrogent, par la même occasion, sur le fait qu’on puisse mettre en place, sans coup férir, un réseau de tramway en moins de dix ans, construire des malls, lancer en grande pompe des projets d’envergure, le tout pour redorer l'image de la capitale économique jusqu'à vouloir en faire l'une des plus prisées en matière d’attractivité d’investisseurs étrangers, et finalement caler sur la question triviale du ramassage des poubelles !

    Dans la ville dite blanche, les péripéties de la collecte des ordures ménagères alimentent depuis des lustres la chronique, de façon parfois rocambolesque. Et légitiment lorsque l’on sait que les différents prestataires de service ayant défilé au fil du temps ont pratiquement tous ou presque essuyé un échec cuisant.

    D’où l’interrogation non fortuite des habitants de Casablanca : comment se fait-il qu’avec autant de personnes chargées de la propreté et un budget de collecte conséquent de pas moins 530 millions de DH annuellement, la métropole continue de pâtir de cet état de fait ?

    Sur le plan des faits, ils ont raison. Mais pour ce qui est des responsabilités, c’est moins net. En effet, entre Conseil de la ville qui est censé assurer le suivi et le contrôle des prestations des sociétés délégataires et ces dernières qui balayent royalement d’un revers de main l’hygiène des Casablancais ainsi que leur cadre de vie, les torts sont d’autant plus partagés.

    «Soit, certains habitants qui font preuve d’une incivilité manifeste en balançant détritus et déchets dans les rues sont aussi à blâmer, mais le changement de mentalité peut s’opérer avec l’installation de petites bennes à ordures fixes à l’instar de ce qui se fait dans d’autres pays développés !!», tonne un riverain incommodé et en mal de patience.

    Et d’ajouter qu’il est essentiel que ces poubelles ne soient pas transportables pour bannir, en même temps, les comportements incompréhensibles de certains qui se permettent de les emporter à leur domicile !

    A l’approche de la fête du mouton, d’aucuns se demandent naïvement si les opérateurs ne vont pas être dépassés, sachant que la quantité des déchets ramassés quotidiennement et en temps normal est déjà de 4000 tonnes jour!

    Meyssoune Belmaza
    Libération; 10 Septembre 2014
    Si vous ne trouvez pas une prière qui vous convienne, inventez-la.” Saint Augustin
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