Lors d’un entretien accordé à L’Express en mars 2014, l’économiste grec Yannis Varoufakis déclarait : « Il aurait mieux valu que la Grèce fasse faillite. » Selon lui, la politique menée par l’Union européenne pour lutter contre la crise serait inefficace. Pire, les plans de sauvetage adoptés n’auraient fait que plonger plus profondément les pays concernés, comme la Grèce ou le Portugal, dans un marasme économique durable. Force est de constater que malgré les milliards d’euros débloqués par les dirigeants de l’Eurogroupe, la reprise dans ces pays est loin d’être acquise. Une étude menée par Eric Dor, directeur de recherche en économie auprès de l’IESEG dresse un état des lieux des sommes versées par les différents mécanismes financiers européens et analyse leurs effets sur l’économie des pays bénéficiaires. Le cas grec est révélateur des limites de ces gigantesques plans de sauvetage. Ainsi depuis 2010, plus de 190 milliards d’euros ont été réinjectés dans le budget grec sans faire baisser la dette publique, qui paradoxalement augmente depuis 2012 pour atteindre 177,2 % du PIB en 2014 selon les chiffres de la Commission européenne. Le déficit public s’est quant à lui légèrement réduit, mais cette tendance est attribuée aux politiques d’austérité : elles auraient permis de diminuer les coûts grâce à la fermeture ou à la privatisation de certaines structures (hôpitaux, réseaux de transport…). En outre, la réduction des importations a contribué à l’amélioration de la balance commerciale. Ces bénéfices mesurés de l’austérité ont en revanche un effet délétère au niveau social. Débloquer des fonds pour sauver une économie ne serait efficace que si le pays parvenait à retrouver de la croissance, or l’austérité apparaît à bien des égards le pire ennemi de cette même croissance
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