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Écosse : les enjeux économiques et monétaires

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  • Écosse : les enjeux économiques et monétaires

    Les marchés n’aiment pas l’incertitude, et la menace qui pèse sur le Royaume-Uni est un risque financier et économique sérieux aux yeux des investisseurs.

    Les choses se corsent en Écosse. Les camps du Oui et du Non sont à égalité à neuf jours du référendum qui déterminera si l’Écosse quittera le Royaume-Uni et deviendra un pays indépendant en mars 2016, aux termes d’une période de transition.

    L’imprévisibilité du scrutin commence à inquiéter les marchés financiers. La livre sterling perd du terrain sur le marché des changes et les valeurs boursières étaient en fort repli à la Bourse de Londres — un recul nettement accentué chez les entreprises ayant leur siège social en Écosse, comme les très grandes institutions financières qui y sont établies (notamment la Lloyds, RBS [Royal Bank of Scotland] et Standard Life).

    Certains parleront de menaces, de chantage ou d’une campagne de peur pour dissuader les électeurs de voter pour le Non, le 18 septembre. Peut-être, mais retenons que les marchés n’aiment pas l’incertitude, et la menace qui pèse sur le Royaume-Uni est un risque financier et économique sérieux aux yeux des investisseurs.

    Cela a l’air d’un mouvement concerté, mais il est aussi le résultat de milliers, sinon de millions de décisions individuelles.

    Beaucoup de questions tout à fait légitimes se posent. Imaginons que vous avez des actions de RBS, l’une des plus grandes banques au monde. Le gouvernement britannique l’a sauvée à la suite de la crise de 2007-2008 et a acquis 81 % des actions. Que va-t-il se passer si l’Écosse devient indépendante ?

    Le siège social demeurera-t-il en Écosse, même si l’actionnaire principal est un gouvernement étranger et que la banque est surtout active à l’extérieur du nouveau pays ? Le gouvernement britannique va-t-il vouloir se départir de ses actions ? Le nouveau pays de cinq millions d’habitants aura-t-il les ressources pour sauver ses immenses institutions financières si une autre crise de la même ampleur survenait ? Qui sera le prêteur de dernier ressort quand ce ne sera plus la Banque d’Angleterre ? Qui assurera les dépôts des déposants quand ce ne sera plus la banque centrale et le gouvernement britanniques ?

    On trouvera sans doute des réponses à ces questions, mais en attendant, il serait peut-être plus simple de détenir des actions de la Barclays ou de la HSBC si vous tenez à avoir des titres de banques britanniques dans votre portefeuille.

    Les déposants pourraient eux aussi préférer la certitude blindée des banques anglaises plutôt que de courir un risque supplémentaire avec des institutions qui ont leur siège social à Édimbourg. Ce n’est pas de la science-fiction. Une étude de la banque suisse UBS publiée dimanche dernier montre, tableau à l’appui, que les dépôts bancaires ont subi une forte baisse au Québec pendant la campagne référendaire de 1995, alors qu’ils augmentaient considérablement à l’extérieur de la province.

    UBS parle d’un «risque québécois» pour l’Écosse. Il se déclinerait ainsi.

    1. Le risque bancaire. Les gens retirent leur argent des banques écossaises pour le déposer ailleurs. L’incertitude monétaire accentue ce phénomène, car on ne sait pas quelle monnaie aura cours en Écosse. Les Écossais veulent garder la livre, mais les Anglais s’y opposent férocement.

    2. Le risque sur les titres d’emprunts. Le premier ministre écossais Alex Salmond menace de ne pas payer la part de la dette britannique, qui serait dévolue à l’Écosse si une entente monétaire s’avère impossible. Pour le moment, c’est sans conséquence pour l’Écosse, qui n’émet pas de titres d’emprunt sur les marchés. Le refus d’honorer une telle créance pourrait cependant être mal perçu quand l’Écosse deviendra indépendante et fera appel aux marchés financiers.

    3. Le risque sur les investissements. C’est nettement le point faible de cette étude. La situation est difficilement comparable entre le Québec et l’Écosse à cause du pétrole.

    4. Le risque monétaire. L’incertitude politique va provoquer beaucoup de volatilité et risque d’affaiblir la livre sterling.

    Le débat acrimonieux sur l’utilisation de la livre dans l’éventualité du départ de l’Écosse du Royaume-Uni est un prélude aux échanges à venir.

    Les Québécois sont assez familiers avec les termes de ce débat.

    Les souverainistes québécois et écossais disent en effet la même chose. Il faudrait maintenir l’espace économique existant et sauvegarder une union monétaire. L’économiste Jacques Parizeau veut garder le dollar canadien et l’économiste Alex Salmond veut garder la livre sterling comme monnaie de son nouveau pays.

    Les deux soutiennent que les Canadiens et les Britanniques n’auraient pas le choix et qu’il y a des précédents historiques qui montrent qu’une union monétaire peut fonctionner sans une entente économique et politique préalables. Oui, le Panama utilise le dollar américain, mais l’union monétaire prévue dans les accords de divorce entre la République tchèque et la Slovaquie n’a pas duré deux mois, et les Slovaques ont dû rapidement dévaluer leur monnaie de 15 %.

    Les leaders britanniques et le gouverneur de la Banque d’Angleterre, le Canadien Mark Carney, ont réitéré plusieurs fois qu’une entente monétaire est incompatible avec la souveraineté. Qu’on ne peut pas avoir le beurre et l’argent du beurre. Il n’y a pas d’exemple d’union monétaire permanente dans des pays développés sans une union politique avec un système de transfert de revenus d’un gouvernement central et une assiette fiscale commune.

    L’économiste américain Paul Krugman dit la même chose, dans une récente chronique : «La combinaison d’une indépendance politique et d’une monnaie commune est une recette pour un désastre».

    Les Écossais feront leur propre choix, et les considérations économiques ne sont pas les seules en cause. En revanche, il est absurde de prétendre que ces considérations ne sont pas importantes et que le seul fait de les soulever est illégitime et n’a pour seul but que de créer un climat de peur.

    «Si les électeurs écossais croient vraiment qu’il n’y a pas de risques à établir un pays sans sa propre monnaie, je crois qu’il ont été trompés», conclut Krugman, par ailleurs héros de bien des économistes nationalistes et de gauche.

    l'actualité

  • #2
    Cameron, Carney et autres britanniques paniquent avec l'éveil du OUI: ils savent que l'Écosse indépendante sera économiquement beaucoup mieux que le reste de la Grande Betagne s'il y a séparation.... (c'est d'ailleurs la même chose pour la Catalogne si elle se séparait de l'Espagne )

    C'est ce que démontrent des analysent récentes.

    Quant à la monnaie, c'est un faux problème, car si l'Écosse choisit de rester dans l'Europe comme l'Irlande, il auront le choix d'adapter l'Euro.
    Dernière modification par Avucic, 10 septembre 2014, 09h45.
    L'homme parle sans réféchir...Le miroir réfléchit sans parler!

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    • #3
      L'ecosse a beaucoup d'atout pour devenir un pays solide et riche comme le pétrole et le gaz (près de 12 milliards de baril) tourisme, whisky.. et seulement 5 millions d'habitants.

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