Bachar al-Assad contesté dans sa famille et sa communauté
Ignace Leverrier
jeudi 4 septembre 2014
La menace que l’Etat islamique (Da’ech) fait aujourd’hui peser en Irak et en Syrie a finalement contraint les Etats-Unis et les Etats démocratiques à prendre la mesure des dangers auxquels les exposait leur indifférence prolongée pour les souffrances du peuple syrien. Alors qu’ils pourraient être obligés de sortir bientôt de leur indécision, principale raison de leur immobilisme, il est cocasse de lire ou d’entendre des hommes politiques, des députés, des chercheurs et des experts suggérer à ces même Etats de faire confiance, s’ils devaient intervenir en Syrie, au… Costa Concordia !
Comme cet ex- fleuron de la marine de loisir, Bachar al-Assad, au profit duquel ils plaident explicitement ou implicitement en dressant de lui un tableau flatteur déconnecté de la réalité, ne se maintient à la surface depuis la fin de l’année 2012 que grâce aux énormes flotteurs qu’ont constitué pour lui les milliers de mercenaires, recrutés du Liban à l’Afghanistan avec l’aide de l’Iran dans l’ensemble du monde chiite. En dépit de leur taille ces adjuvants inélégants risquent d’être bientôt insuffisants pour empêcher le navire de sombrer, les défaites militaires consécutives subies par les forces du pouvoir provoquant des remous et des critiques contre le capitaine du bateau, dont les compétences sont mises en doute à haute voix par des membres mêmes de son équipage.
A ceux qui, pour influencer les arbitres de la situation en faveur de leur poulain, affirment que les forces de Bachar al-Assad sont dans "une dynamique de victoire" et qui se déplacent d’une chaine de radio à l’autre en chantant sur l’air des lampions "Bachar il a gagné, Bachar il a gagné", on rappellera brièvement que :
> désignée objectif prioritaire après la reconquête de Qousseir, au début du mois de juin 2013, la ville d’Alep reste en majorité entre les mains de l’Armée syrienne libre et de ses alliés ;
> la prise de Yabroud n’a nullement mis fin à la résistance du Qalamoun, dans lequel les groupes armés font subir au Hizbollah et à l’armée régulière de lourdes pertes, les morts seuls se comptant par centaines ;
> en dépit de bombardements quotidiens et du recours à des gaz asphyxiants, les forces pro-régimes ne sont pas encore parvenues à s’emparer de certains quartiers de Damas et de quelques agglomérations du gouvernorat de Damas campagne, auxquelles elles n’ont d’autre solution que de proposer des trêves ;
> les "rebelles" ont progressé ces dernières semaines dans le gouvernorat de Daraa, en dépit des difficultés qu’ils rencontrent dans leurs relations avec le Front de Soutien ;
> le régime est en passe d’être chassé de celui de Qouneitra et en particulier de la zone tampon avec les forces israéliennes ;
> après la prise de Morek, les révolutionnaires avancent aujourd’hui dans le gouvernorat de Hama en direction de son aéroport militaire ;
> l’aéroport de Deïr al-Zor est désormais sous la menace directe d’une opération de l’Etat islamique qui mettrait fin à toute présence du régime dans ce gouvernorat aussi…
Au cours des mois de juillet et d’août 2014, l’Etat islamique s’est emparé des dernières implantations de l’armée régulière dans le gouvernorat de Raqqa, capturant et exécutant dans la foulée plus d’un millier de soldats et d’officiers, dans une stratégie de terreur destinée à démontrer tout à la fois sa force, sa résolution et son impunité. Or, si la cruauté manifestée à cette occasion par le groupe radical a choqué l’ensemble des Syriens, elle est aussi à l’origine de critiques aussi sévères qu’inhabituelles de partisans inconditionnels du pouvoir en place contre les plus hauts responsables de l’Etat-major et de la Défense.
Elles visent en réalité, sans pouvoir la nommer, la personne même de Bachar al-Assad, commandant en chef de l’Armée et des Forces armées syriennes, qui porte la responsabilité de toutes les décisions politiques, sécuritaires et militaires en Syrie. Elles témoignent d’une perte de confiance dans les rangs des soutiens traditionnels du régime, qui prennent enfin conscience que leur vie et celle de leurs proches comptent peu pour celui dont la seule préoccupation, en dépit de l’accumulation des morts et de l’aggravation quotidienne des destructions, est de se cramponner ad vitam aeternam à son poste et à ses privilèges.
* * *
La première salve de critiques ou du moins la plus bruyante a été tirée après la chute du camp de la 17ème division entre les mains de Da’ech, le 24 juillet. Ce qui a particulièrement attiré l’attention, c’est qu’elle émanait d’une parente du chef de l’Etat, sa cousine Falak al-Assad, fille de Jamil al-Assad et d’Amina Aslan. Mariée à un autre cousin, Qousaï Ali Aslan, elle a laissé libre cours à sa colère le 26 juillet, au lendemain de la diffusion par Da’ech d’une photo montrant le cadavre décapité du colonel Samir Aslan, l’un de ses cousins par alliance, qui était à la fois le chef de la Sécurité militaire à Raqqa et l’officier responsable de la 17ème Division.
Elle écrivait : "A quelques jours de distance, chute du champ pétrolier d’al-Cha’er et désastre de la 17ème Division… Ces jours ont suffi pour mettre en lumière l’extrême faiblesse des responsables militaires, sécuritaires et médiatiques, qui ne pensent à rien d’autre qu’à se remplir les poches, fut-ce au détriment du sang des martyrs… Où sont les grands chefs militaires ? Cela faisait 2 ans que la division était encerclée. Da’ech avait annoncé qu’elle s’en emparerait avant la fête... Où sont passés le soutien, les avions, les armes stratégiques ? A moins que leur rôle se réduise à récupérer et à voler ? La sécurité n’a-t-elle pour mission que de rechercher ceux qui ont fait l’objet de rapports, de poursuivre les détenteurs de dollars et de les rançonner, à inventer des histoires et à terroriser les simples citoyens et les commerçants, à faire du business et de la contrebande dans les ports et les aéroports ? Si les fils de responsables se trouvaient avec leurs camarades au service de la Patrie, nous l’aurions certainement déjà emporté… Il n’y aura de victoire que lorsque des hommes honorables seront installés aux postes de décision".
Son exaspération envers les responsables militaires, dont l’incompétence ou la corruption avaient contribué à l’issue dramatique des combats pour la possession du camp, était justifiée par les interrogations sur les circonstances exactes de sa capture et le sort de ses occupants. Pourquoi le régime n’avait-il pas répondu aux appels à l’aide lancés par les officiers qui savaient l’attaque imminente ? Pourquoi les bombardiers du régime avaient-ils interrompu leurs vols de soutien après quelques passages, au cours de la journée du 24, tirant davantage sur la ville de Raqqa que sur les forces de Da’ech ? Comment une petite centaine d’officiers et de soldats étaient-ils parvenus à gagner à pied le casernement du 93ème régiment, à près de 45 kilomètres, alors que la région est tenue et quadrillée par le groupe radical ? Le camp abritant quelque 1 500 militaires au moment de sa capture, qu’était-il advenu de ceux dont les noms ne figuraient ni parmi les victimes (105), ni parmi les rescapés (97) ?
* * *
Une autre salve est venue d’un autre cousin du chef de l’Etat, Douraïd al-Assad, dont le père n’est autre que Rifaat al-Assad et dont la mère appartient à la famille Makhlouf. Il a lui aussi laissé éclater son irritation en réclamant sur sa page Facebook, le 28 août, au lendemain de la chute de la base de Tabqa, dernière emprise du régime dans le gouvernorat, "la mise à pied du ministre de la défense, celle du chef d’état-major, celle du commandant des forces aériennes, celle du ministre de l’Information, et celle de de tous ceux qui sont impliqués dans la chute de l’aéroport militaire de Tabqa et qui portent la responsabilité de la capture et de l’assassinat de centaines de soldats de l’armée arabe syrienne. Ils doivent être déférés devant une cour spéciale".
Le nom même de Bachar al-Assad n’a évidemment été mentionné ni par l’un, ni par l’autre de ses cousins. Mais le destinataire ultime de leurs messages d’insatisfaction ne fait aucun doute. Lorsqu’ils demandent le limogeage du général Fahd al-Freij, le ministre de la Défense surnommé par les partisans du régime "ministre de la Mort", et le renvoi du général Ali Abdallah Ayyoub, le chef d’état-major, ils sont bien placés pour savoir que les intéressés n’ont "aucun pouvoir et ne peuvent prendre une décision de quelque importance sans en référer au chef suprême des Armées, Bachar al-Assad, qui détient seul, avec les chefs des services de renseignements, la capacité de décider". La personne du chef de l’Etat étant sacrée et celle de ses collaborateurs devant être au minimum ménagée, ils ne peuvent faire plus, pour exprimer leur désarroi ou leur colère, que de s’en prendre à ceux qui sont là pour prendre les coups et servir de "décor".
Bachar al-Assad n’étant disposé à entendre aucune critique sur ses décisions, de telles dénonciations ne sont pas sans danger pour leurs auteurs… quand elles proviennent d’ailleurs que du sein de sa famille. On l’a vu ces tout derniers jours avec le sort réservé à l’un des initiateurs d’une campagne destinée à demander aux responsables du pays, sous le titre #waïnoun (où sont-ils ?), de répondre aux légitimes interrogations des parents sur le sort de leurs proches présents dans le gouvernorat de Raqqa, lors de la chute des derniers bastions gouvernementaux. Ils avaient envisagé d’organiser une marche de soutien aux disparus et à leurs familles, mardi 26 août, mais ils y ont finalement renoncé sous la pression des moukhabarat. Ceux-ci n’en ont pas moins sanctionné l’un d’entre eux, un dénommé Moudarr Hassan Khaddour, un chabbiha connu pour son attachement au régime, qui a été enlevé vendredi 29 août par les services de renseignements de l’armée de l’air et qui a depuis lors disparu...
Et, pour montrer qu’il n’entend se laisser guider sa conduite par personne, et surtout pas par le fils d’un oncle dont il craint également les ambitions et le retour, Bachar al-Assad a reconduit à son poste le ministre de la Défense contesté, en bonne position dans l’ordre protocolaire dans le nouveau gouvernement du Dr Wa’el al-Halqi !
* * *
BLOG SYRIE LE MONDE
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Ignace Leverrier
jeudi 4 septembre 2014
La menace que l’Etat islamique (Da’ech) fait aujourd’hui peser en Irak et en Syrie a finalement contraint les Etats-Unis et les Etats démocratiques à prendre la mesure des dangers auxquels les exposait leur indifférence prolongée pour les souffrances du peuple syrien. Alors qu’ils pourraient être obligés de sortir bientôt de leur indécision, principale raison de leur immobilisme, il est cocasse de lire ou d’entendre des hommes politiques, des députés, des chercheurs et des experts suggérer à ces même Etats de faire confiance, s’ils devaient intervenir en Syrie, au… Costa Concordia !
Comme cet ex- fleuron de la marine de loisir, Bachar al-Assad, au profit duquel ils plaident explicitement ou implicitement en dressant de lui un tableau flatteur déconnecté de la réalité, ne se maintient à la surface depuis la fin de l’année 2012 que grâce aux énormes flotteurs qu’ont constitué pour lui les milliers de mercenaires, recrutés du Liban à l’Afghanistan avec l’aide de l’Iran dans l’ensemble du monde chiite. En dépit de leur taille ces adjuvants inélégants risquent d’être bientôt insuffisants pour empêcher le navire de sombrer, les défaites militaires consécutives subies par les forces du pouvoir provoquant des remous et des critiques contre le capitaine du bateau, dont les compétences sont mises en doute à haute voix par des membres mêmes de son équipage.
A ceux qui, pour influencer les arbitres de la situation en faveur de leur poulain, affirment que les forces de Bachar al-Assad sont dans "une dynamique de victoire" et qui se déplacent d’une chaine de radio à l’autre en chantant sur l’air des lampions "Bachar il a gagné, Bachar il a gagné", on rappellera brièvement que :
> désignée objectif prioritaire après la reconquête de Qousseir, au début du mois de juin 2013, la ville d’Alep reste en majorité entre les mains de l’Armée syrienne libre et de ses alliés ;
> la prise de Yabroud n’a nullement mis fin à la résistance du Qalamoun, dans lequel les groupes armés font subir au Hizbollah et à l’armée régulière de lourdes pertes, les morts seuls se comptant par centaines ;
> en dépit de bombardements quotidiens et du recours à des gaz asphyxiants, les forces pro-régimes ne sont pas encore parvenues à s’emparer de certains quartiers de Damas et de quelques agglomérations du gouvernorat de Damas campagne, auxquelles elles n’ont d’autre solution que de proposer des trêves ;
> les "rebelles" ont progressé ces dernières semaines dans le gouvernorat de Daraa, en dépit des difficultés qu’ils rencontrent dans leurs relations avec le Front de Soutien ;
> le régime est en passe d’être chassé de celui de Qouneitra et en particulier de la zone tampon avec les forces israéliennes ;
> après la prise de Morek, les révolutionnaires avancent aujourd’hui dans le gouvernorat de Hama en direction de son aéroport militaire ;
> l’aéroport de Deïr al-Zor est désormais sous la menace directe d’une opération de l’Etat islamique qui mettrait fin à toute présence du régime dans ce gouvernorat aussi…
Au cours des mois de juillet et d’août 2014, l’Etat islamique s’est emparé des dernières implantations de l’armée régulière dans le gouvernorat de Raqqa, capturant et exécutant dans la foulée plus d’un millier de soldats et d’officiers, dans une stratégie de terreur destinée à démontrer tout à la fois sa force, sa résolution et son impunité. Or, si la cruauté manifestée à cette occasion par le groupe radical a choqué l’ensemble des Syriens, elle est aussi à l’origine de critiques aussi sévères qu’inhabituelles de partisans inconditionnels du pouvoir en place contre les plus hauts responsables de l’Etat-major et de la Défense.
Elles visent en réalité, sans pouvoir la nommer, la personne même de Bachar al-Assad, commandant en chef de l’Armée et des Forces armées syriennes, qui porte la responsabilité de toutes les décisions politiques, sécuritaires et militaires en Syrie. Elles témoignent d’une perte de confiance dans les rangs des soutiens traditionnels du régime, qui prennent enfin conscience que leur vie et celle de leurs proches comptent peu pour celui dont la seule préoccupation, en dépit de l’accumulation des morts et de l’aggravation quotidienne des destructions, est de se cramponner ad vitam aeternam à son poste et à ses privilèges.
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La première salve de critiques ou du moins la plus bruyante a été tirée après la chute du camp de la 17ème division entre les mains de Da’ech, le 24 juillet. Ce qui a particulièrement attiré l’attention, c’est qu’elle émanait d’une parente du chef de l’Etat, sa cousine Falak al-Assad, fille de Jamil al-Assad et d’Amina Aslan. Mariée à un autre cousin, Qousaï Ali Aslan, elle a laissé libre cours à sa colère le 26 juillet, au lendemain de la diffusion par Da’ech d’une photo montrant le cadavre décapité du colonel Samir Aslan, l’un de ses cousins par alliance, qui était à la fois le chef de la Sécurité militaire à Raqqa et l’officier responsable de la 17ème Division.
Elle écrivait : "A quelques jours de distance, chute du champ pétrolier d’al-Cha’er et désastre de la 17ème Division… Ces jours ont suffi pour mettre en lumière l’extrême faiblesse des responsables militaires, sécuritaires et médiatiques, qui ne pensent à rien d’autre qu’à se remplir les poches, fut-ce au détriment du sang des martyrs… Où sont les grands chefs militaires ? Cela faisait 2 ans que la division était encerclée. Da’ech avait annoncé qu’elle s’en emparerait avant la fête... Où sont passés le soutien, les avions, les armes stratégiques ? A moins que leur rôle se réduise à récupérer et à voler ? La sécurité n’a-t-elle pour mission que de rechercher ceux qui ont fait l’objet de rapports, de poursuivre les détenteurs de dollars et de les rançonner, à inventer des histoires et à terroriser les simples citoyens et les commerçants, à faire du business et de la contrebande dans les ports et les aéroports ? Si les fils de responsables se trouvaient avec leurs camarades au service de la Patrie, nous l’aurions certainement déjà emporté… Il n’y aura de victoire que lorsque des hommes honorables seront installés aux postes de décision".
Son exaspération envers les responsables militaires, dont l’incompétence ou la corruption avaient contribué à l’issue dramatique des combats pour la possession du camp, était justifiée par les interrogations sur les circonstances exactes de sa capture et le sort de ses occupants. Pourquoi le régime n’avait-il pas répondu aux appels à l’aide lancés par les officiers qui savaient l’attaque imminente ? Pourquoi les bombardiers du régime avaient-ils interrompu leurs vols de soutien après quelques passages, au cours de la journée du 24, tirant davantage sur la ville de Raqqa que sur les forces de Da’ech ? Comment une petite centaine d’officiers et de soldats étaient-ils parvenus à gagner à pied le casernement du 93ème régiment, à près de 45 kilomètres, alors que la région est tenue et quadrillée par le groupe radical ? Le camp abritant quelque 1 500 militaires au moment de sa capture, qu’était-il advenu de ceux dont les noms ne figuraient ni parmi les victimes (105), ni parmi les rescapés (97) ?
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Une autre salve est venue d’un autre cousin du chef de l’Etat, Douraïd al-Assad, dont le père n’est autre que Rifaat al-Assad et dont la mère appartient à la famille Makhlouf. Il a lui aussi laissé éclater son irritation en réclamant sur sa page Facebook, le 28 août, au lendemain de la chute de la base de Tabqa, dernière emprise du régime dans le gouvernorat, "la mise à pied du ministre de la défense, celle du chef d’état-major, celle du commandant des forces aériennes, celle du ministre de l’Information, et celle de de tous ceux qui sont impliqués dans la chute de l’aéroport militaire de Tabqa et qui portent la responsabilité de la capture et de l’assassinat de centaines de soldats de l’armée arabe syrienne. Ils doivent être déférés devant une cour spéciale".
Le nom même de Bachar al-Assad n’a évidemment été mentionné ni par l’un, ni par l’autre de ses cousins. Mais le destinataire ultime de leurs messages d’insatisfaction ne fait aucun doute. Lorsqu’ils demandent le limogeage du général Fahd al-Freij, le ministre de la Défense surnommé par les partisans du régime "ministre de la Mort", et le renvoi du général Ali Abdallah Ayyoub, le chef d’état-major, ils sont bien placés pour savoir que les intéressés n’ont "aucun pouvoir et ne peuvent prendre une décision de quelque importance sans en référer au chef suprême des Armées, Bachar al-Assad, qui détient seul, avec les chefs des services de renseignements, la capacité de décider". La personne du chef de l’Etat étant sacrée et celle de ses collaborateurs devant être au minimum ménagée, ils ne peuvent faire plus, pour exprimer leur désarroi ou leur colère, que de s’en prendre à ceux qui sont là pour prendre les coups et servir de "décor".
Bachar al-Assad n’étant disposé à entendre aucune critique sur ses décisions, de telles dénonciations ne sont pas sans danger pour leurs auteurs… quand elles proviennent d’ailleurs que du sein de sa famille. On l’a vu ces tout derniers jours avec le sort réservé à l’un des initiateurs d’une campagne destinée à demander aux responsables du pays, sous le titre #waïnoun (où sont-ils ?), de répondre aux légitimes interrogations des parents sur le sort de leurs proches présents dans le gouvernorat de Raqqa, lors de la chute des derniers bastions gouvernementaux. Ils avaient envisagé d’organiser une marche de soutien aux disparus et à leurs familles, mardi 26 août, mais ils y ont finalement renoncé sous la pression des moukhabarat. Ceux-ci n’en ont pas moins sanctionné l’un d’entre eux, un dénommé Moudarr Hassan Khaddour, un chabbiha connu pour son attachement au régime, qui a été enlevé vendredi 29 août par les services de renseignements de l’armée de l’air et qui a depuis lors disparu...
Et, pour montrer qu’il n’entend se laisser guider sa conduite par personne, et surtout pas par le fils d’un oncle dont il craint également les ambitions et le retour, Bachar al-Assad a reconduit à son poste le ministre de la Défense contesté, en bonne position dans l’ordre protocolaire dans le nouveau gouvernement du Dr Wa’el al-Halqi !
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