Annonce

Réduire
Aucune annonce.

D’un 11 septembre à l’autre, les Etats-Unis toujours en guerre

Réduire
X
 
  • Filtre
  • Heure
  • Afficher
Tout nettoyer
nouveaux messages

  • D’un 11 septembre à l’autre, les Etats-Unis toujours en guerre

    Treize ans après le 11 septembre 2001, on se trouve à nouveau au seuil d'une nouvelle guerre. Or le monde ne semble pas avoir tiré les bonnes leçons des guerres contre Al-Qaida. Et l'Occident sait comment commencer une guerre au Moyen-Orient, mais ne sait toujours pas comment la finir.

    Le souvenir des attentats du 11 septembre 2001 résonne différemment cette année. De la victoire contre Al-Qaida et de la poursuite de ses dirigeants il ne reste qu’un goût amer. Washington, qui avait proclamé la guerre mondiale contre le terrorisme, a autant perdu sur le front intérieur qu'extérieur. L’organisation de Ben Laden a aussi perdu nombre de ses dirigeants et une grande partie de ses capacités à lancer des opérations d'envergure contre les intérêts occidentaux.

    Mais aujourd’hui les intérêts occidentaux au Moyen-Orient ne sautent plus aux yeux comme en 2001. Les Américains cherchent plutôt à se désengager de cette région, quels que soient les efforts des acteurs régionaux pour les y maintenir.

    Quand l'ancien président américain George Bush fils disait qu'il avait été pris de court en 2001 par les attaques contre les Etats-Unis, on se moquait de lui parce qu'on savait qu'il passait de longues vacances dans sa ferme. Quelque chose du même genre est arrivé avec son successeur Barack Obama lors de l'exécution du journaliste James Foley [le 19 août]. Or le président actuel insiste pour dire qu'il ne ressemble pas à son prédécesseur et promet de ne pas commettre les mêmes erreurs. Il évite également de parler de "guerre mondiale" contre le terrorisme.

    L'Histoire ne se répète pas

    Il n'en reste pas moins qu'il s'efforce lui aussi de constituer une alliance internationale et régionale pour mener la guerre, cette fois-ci contre Daech [l'Etat islamique]. Or l'Histoire ne se répète jamais, et la principale différence entre le 11 septembre de jadis et celui d'aujourd'hui réside dans la différence entre l'Etat d'Al-Qaida en Afghanistan en 2001 et l'Etat islamique [Daech] en Irak et en Syrie aujourd'hui.

    Alors qu'Al-Qaida représentait l'Etat profond, laissant les premières loges aux partenaires locaux [comme les talibans], Daech ne s'embarrasse pas de ce genre de prévenances et se déclare califat, ni plus ni moins. De l'organisation transfrontalière à l'Etat "califal" sans frontières, la nécessité de s'accommoder de la réalité que connaissait Al-Qaida cède la place à un "Etat" qui prétend imposer sa propre réalité.

    Si Daech paraît la suite logique de la doctrine d'Al-Qaida, il constitue en fait une rupture. Al-Qaida appartient à l'Histoire depuis que Daech a déclaré l'aboutissement de l'Histoire par le "califat".

    Assécher les sources de financement de Daech

    Des grottes de Kandahar [en Afghanistan] au désert entre l'Irak et la Syrie, la différence n'est pas seulement d'ordre logistique. Les sources de financement de Daech ne sont pas opaques comme celles qui avaient rendu perplexes les services de renseignements à propos des sources d'Al-Qaida.

    On ne fait que révéler un secret de Polichinelle en annonçant que, en plus d'avoir mis la main sur les dépôts de la banque centrale à Mossoul, en Irak, et sur du matériel militaire de l'armée irakienne en déroute, Daech vend du pétrole et des céréales au régime syrien. En effet, vis-à-vis de la Syrie, l'Etat islamique se comporte en Etat exportateur de céréales et de pétrole ; vis-à-vis de l'Irak, il se comporte en Etat occupant.

    Il est théoriquement plus facile d'assécher les sources de financement de Daech que celles d’Al-Qaida, qui étaient fondées sur des transferts personnels d’argent. Or, en pratique, parler des sources de financement de Daech, c’est accuser publiquement le régime syrien de collusion avec le terrorisme.

    D'un septembre l'autre, les acteurs sont les mêmes

    Les guerres de Bush en Afghanistan et en Irak après le 11 septembre 2001 voulaient éloigner le danger islamiste du territoire américain tout en mettant les soldats américains sur le terrain face à Al-Qaida [sur le territoire afghan]. Aujourd'hui, la stratégie d'Obama ne repose pas sur l'affrontement direct. Et, contrairement aux néoconservateurs de l'ère Bush [qui voulaient instaurer la démocratie au Moyen-Orient], Obama ne compte pas imposer une vision d'avenir pour la région, ni remodeler l'ordre mondial.

    Si on excepte l'invasion de l'Irak, la guerre contre le terrorisme faisait l'objet d'un consensus mondial. Aujourd'hui, on assiste aux prémices d'une nouvelle guerre, mais en ordre plus dispersé.

    D'un septembre l'autre, une des sources du désespoir est que le monde ne change pas ni ne tire les leçons du passé. On se trouve sans doute au seuil d'une nouvelle guerre. L'important est de savoir non pas comment la commencer, mais comment la finir. Une capacité dont l'Occident n'a pas souvent fait preuve dans la région.


    le courrier international
Chargement...
X