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FRANCE :Déficit : les illusions perdues

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  • FRANCE :Déficit : les illusions perdues

    Paris reporte l'objectif de 3 % de déficit à 2017 et invoque des "circonstances exceptionnelles" pour obtenir l'approbation de ses partenaires

    L'affichage est désastreux et l'UMP ne manquera pas de s'en emparer pour instruire le procès en incompétence de la gauche au pouvoir : à la fin de l'année, le déficit public de la France sera supérieur à celui de 2013. Dans une opération "vérité", le ministre des Finances Michel Sapin a révélé que le trou budgétaire atteindrait 4,4 % du PIB en 2014 contre 4,2 % en 2013.

    Pour la première fois depuis 2010, la consolidation budgétaire est interrompue, malgré toutes les hausses d'impôts et toutes les promesses de baisse des dépenses annoncées. Mais il y a pire. Fin 2015, le déficit ne sera pas plus réduit. Il redescendra tout juste à 4,3 %. Si le gouvernement avait déjà annoncé qu'il ne reviendrait pas à 3 % à la fin de l'année prochaine comme il l'avait pourtant à nouveau promis à ses partenaires en avril dernier, l'écart surprend par son ampleur. Paris ne prévoit même plus de revenir à 3 % de déficit avant... 2017 ! Ce qui revient à réclamer un nouveau délai de deux ans à nos partenaires européens, après celui accordé en 2013.

    Faible croissance et faible inflation

    "Le cap qui est le nôtre, c'est celui de la réduction du déficit budgétaire compatible avec la croissance", a martelé Michel Sapin qui refuse d'enfoncer la France dans une austérité caractérisée. Voilà qui devrait ravir Arnaud Montebourg, lui qui avait pris le risque de se faire sortir du gouvernement au moment où sa demande d'un ajustement budgétaire raisonnable allait être entendue...

    Pour sa défense, Michel Sapin a - une nouvelle fois - brandi la faiblesse de la croissance, ce qui réduit mécaniquement les rentrées fiscales. Attendue à 1 % cette année, elle ne sera finalement plus que de 0,4 %. Pour 2015, le gouvernement dégrade sa prévision de 1,7 % à 1 %.

    Le ministre a également invoqué la faiblesse de l'inflation. Bercy prévoyait 1,5 % de hausse des prix en 2015, elle ne devrait finalement atteindre que 0,9 %, après un tout petit 0,5 % en 2014. Or une inflation faible réduit mécaniquement les recettes fiscales, mais aussi les efforts d'économies de dépenses. Si la faible inflation empêche les Français de perdre en pouvoir d'achat, les gels de prestations, normalement indexées sur la hausse des prix, ne rapportent pas autant qu'espéré. "C'est exactement ce qui vient d'arriver cette année aux partenaires sociaux avec le gel des retraites complémentaires", a souligné le ministre pour bien montrer que l'État n'était pas la seule victime de la faiblesse des prix. Au total, leur atonie va diminuer de 2 milliards l'effort d'économies sur les dépenses de 2015, qui devait atteindre 21 milliards, grâce notamment au gel des retraites de base supérieures à 1 200 euros par mois.

    Revirement sur les économies

    Mais les 21 milliards seront finalement tenus. La semaine dernière, Michel Sapin avait annoncé qu'il ne compenserait pas le manque à gagner par de nouvelles mesures de baisses de dépenses. "Rajouter des économies ne me paraîtrait pas adapté à la situation", déclarait-il à l'AFP. Visiblement, il a changé d'avis. Et pour cause, mardi, le tout nouveau commissaire européen aux affaires économiques - un certain Pierre Moscovici - avait exhorté la France à tenir ses engagements de baisse de dépenses dans des propos rapportés par Le Point.

    Si Paris peut espérer obtenir son nouveau délai pour ramener son déficit à 3 % comme les règles européennes l'autorisent, il faut en effet que l'obligation de moyens demandée par ses pairs pour diminuer le déficit structurel - celui qui ne dépend pas des effets de la conjoncture économique sur les comptes publics - soit respectée. Or, Paris s'est engagé à réduire son déficit structurel de 0,8 % en 2015. Ce qui signifie concrètement qu'il doit compresser énormément ses dépenses pour compenser les 6 milliards de baisses nettes de prélèvements obligatoires qu'il a prévus en 2015 dans le cadre du pacte de responsabilité et de solidarité. En dernier ressort, la Commission juge en effet l'effort réalisé pour contenir la progression des dépenses publiques ainsi que les recettes supplémentaires éventuelles.

    Sans cet effort minimal, difficile en effet d'imaginer la Commission européenne et les partenaires européens de la France reporter l'objectif de réduction du déficit à 3 % en 2017, fût-ce à cause de "circonstances exceptionnelles" prévues par les traités, ainsi que le réclame ouvertement François Hollande. Pierre Moscovici l'a affirmé mardi au Point : "La France ne peut se dérober. Au boulot."

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