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Le travail en France, 30 ans d'instabilité croissante

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  • Le travail en France, 30 ans d'instabilité croissante

    L'Insee publie une étude montrant que les emplois sont devenus plus précaires et plus instables, notamment pour les plus fragiles.
    La France, pays figé? A l’heure où le Medef surenchérit, jusqu’à la provoc, dans ses propositions de libéralisation du marché du travail, l’Insee revient judicieusement, dans une étude publiée ce mercredi, sur la flexibilisation de l’emploi dans l’Hexagone depuis 30 ans.
    Selon l’institut, la part des formes particulières d’emploi (FPE, qui incluent l’intérim, les CDD, les contrats aidés et l’apprentissage) est passée, dans le privé, de 5% en 1982, à 13% en 1998. Soit une multiplication par près de trois en 15 ans. Depuis, elle a stagné. Mais la «fluidité» du marché a pris d’autres formes. En effet, parallèlement, le taux de rotation des salariés a explosé. Cet indicateur, qui mesure, sur un an, les entrées et les sorties dans les entreprises, est passé de 32% en 1982, à 125% en 1999, puis à 177% en 2011... Autrement dit, pour cette dernière année, explique l’insee, «pour 100 salariés présents à un moment donné, il y a eu en moyenne, sur un an, 177 entrées et sorties (y compris celles d’un même salarié dans un même établissement)».

    Alors que depuis 1998, la part des FPE dans l’emploi privé s’est stabilisée, la poursuite de la hausse du taux de rotation est en réalité due à la réduction drastique des embauches en CDI et à la division par trois de la durée des FPE. En effet, alors qu’en 1982, 50% des embauches se faisaient en CDI, les contrats à durée indéterminée n’en représentent plus, 30 ans plus tard, que 5%. A la place, les employeurs privilégient les contrats précaires, et notamment les contrats de moins de trois mois, qui constituent la très grande majorité des embauches aujourd’hui.

    «Surreprésentés parmi les salariés qui occupent des types d’emploi à fort taux de rotation», selon l’insee, les jeunes sont de plus en plus rejoints par les seniors. Ainsi, la part des plus de 55 ans en CDD est passée de 2% en entre 1990 et 1994, à 5% entre 2007 et 2011. Ce chiffre monte même à 8% pour les plus de 60 ans. Et parmi les seniors en CDD, 27% sont sous contrat de moins d’un mois, contre 16% seulement pour les moins de 30 ans.

    Concernant les métiers, ce sont les mêmes dix familles (manutentionnaire, professionnel des arts et spectacles, employé de l’hôtellerie-restauration) qui sont en tête depuis 20 ans. Sauf qu’entre temps, leur taux de rotation a été multiplié par 5. Et «parmi les sept familles professionnelles à plus fort taux de rotation, six concernent des ouvriers non qualifiés», précise l’Insee. A noter, par ailleurs, que le plus fort taux de rotation s’observe chez les professionnels des arts et des spectacles, profession qui a peu recours à l’intérim, mais où «un tiers des postes sont occupés par des salariés sur des contrats de durée moyenne d’à peine plus d’une semaine».

    Cette flexibilisation à la française depuis 30 ans reste néanmoins «réservée» aux précaires, donnant naissance à un marché du travail de plus en plus dual. «Le fonctionnement du marché du travail se rapproche d’un modèle segmenté, où les emplois stables et les emplois instables forment deux mondes séparés», note l’Insee. Un monde où «les emplois instables y constituent une « trappe » pour ceux qui les occupent, la diminution continue sur 30 ans des transitions vers l’emploi en CDI attestant de cette segmentation»**

    libération fr
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