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    L’enlèvement, dimanche soir, d’un ressortissant français en Haute-Kabylie est un mauvais signe. Cela fait bien longtemps qu’un étranger n’a été ciblé par les groupes armés en Algérie. Du coup, ce rapt non encore revendiqué remet notre pays dans la case peu glorieuse des territoires à éviter. C’est assurément une mauvaise nouvelle pour la famille du malheureux randonneur français, parti humer un peu d’air frais sur les monts du Djurdjura.

    Mais c’est surtout un coup dur pour l’image de l’Algérie que le discours officiel a faussement magnifiée alors que des poches terroristes subsistent encore, notamment en Kabylie. Depuis 2005, le phénomène des kidnappings s’est banalisé dans cette région. Près d’une centaine de personnes de tout âge ont subi l’amère expérience : tomber aux mains des terroristes de tout poil. Certains y ont péri et d’autres ont sauvé leur peau grâce à la mobilisation citoyenne ou au paiement de rançons qui se chiffrent en milliards de centimes.

    L’Algérie, qui joue – à raison d’ailleurs – le leadership au niveau international contre le paiement de rançon aux terroristes, n’évoque curieusement jamais sa pratique presque mécanique en Kabylie. Faudrait-il alors s’étonner de ce que les terroristes gardent encore une capacité de nuisance en Kabylie où, idéologiquement, le terrain leur est pourtant hostile ?

    Sans doute que le rapt du touriste français provoquera une onde de choc médiatique dont l’Algérie se serait passée volontiers. Notre pays, qui se pose en faiseur de paix au Mali et en Libye, se voit ainsi brusquement projeté sur le devant de la scène. Et c’est une publicité de mauvais goût alors même que les diplomates tentent de vendre la «solution politique» chez nos voisins en proie à des guerres larvées.

    Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, s’est fait fort de déclarer dimanche, depuis Washington, à côté de son homologue américain John Kerry, que l’Algérie était «un exportateur net de stabilité». La formule est magique, en effet. Sauf que le rapt du touriste français risque de produire l’effet inverse, c'est-à-dire transformer l’Algérie en «importateur net d’instabilité». Sous réserve d’identification des ravisseurs et de leurs motivations, on peut légitimement se demander si cette opération ne vise pas à pousser l’Algérie à s’occuper de sa sécurité au lieu de se soucier de celle de ses voisins. Une façon de réinstaller la menace terroriste en Algérie, pendant que le pouvoir étale avec délectation sa «science» et son «expérience» dans la lutte contre ce fléau.

    Le propos, ici, n’est pas de remettre en cause l’action diplomatique de l’Algérie en faveur de la solution politique là où elle est possible. Mais cela sonne comme une fausse note : vouloir faire la paix ailleurs alors que le feu n’est pas vraiment éteint chez soi.
    Puisse ce rapt du touriste français servir de déclic à une prise de conscience que le terrorisme se régénère à l’ombre d’une réconciliation nationale loin d’être parfaite.

    Hassan Moali- El Watan
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