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Le hammam , une histoire, une tradition, un repère en voie de disparation en Algérie

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  • Le hammam , une histoire, une tradition, un repère en voie de disparation en Algérie

    Le bain, l’hygiène et... l’interdit

    Le hammam est un lieu de palabres, un lieu intime où l’on se confie, et où règne au milieu des brumes parfumées une ambiance extraordinaire faite de bruits d’eau, de rires et de murmures. La tradition du bain maure remonte à plusieurs siècles. Elle est issue de la fusion des traditions grecques, romaines et turques. Avec l’expansion de l’Islam, le bain maure s’est imposé comme partie intégrante de la culture maghrébine.

    Chez nous, dans la plupart des régions du pays, le hammam est une destination incontournable. S’il est vrai qu’il a beaucoup perdu de ses fréquentations ces dernières années pour cause de modernité, d’une part, et de rumeurs accablantes, d’autre part, il n’en demeure pas moins qu’une virée dans la salle chaude du hammam reste un moment privilégié pour bon nombre d’Algériens.

    Le hammam fait partie de nos traditions, comme il est partie prenante de notre quartier. Une virée à l’intérieur de cet établissement mérite le détour. Le hammam se divise en trois enceintes. La première appelée « sqifa » sert de salle d’attente. Un rideau y est accroché lors de la séance pour femmes. Il est bon de préciser que le hammam est un lieu que partagent les matinées les femmes et en fin d’après midi, voire les débuts de soirées, les hommes. C’est pour cela qu’un écriteau est placée juste devant la porte pour indiquer la présence d’une telle ou telle catégorie. La deuxième enceinte est une salle ornée d’arcades au style mauresque et fait fonction de vestiaire.

    La troisième salle est nommée « bit eskhouna » ou chambre chaude. La température y varie entre 40° et 60°, saturée à 100% d’humidité. Dans les bains traditionnels, on y trouve deux bassins, un pour l’eau chaude et l’autre pour l’eau froide. Les femmes sont censées ramener avec elles un seau, afin de puiser l’eau. Dans les régions du centre, ce seau porte le nom de « mahbess ». Dans les bains modernes, les deux bassins sont supprimés et remplacés par un socle, communément appelé « sorra » et des petits éviers en marbre avec des robinets d’eau chaude et froide, épargnant ainsi aux baigneuses l’effort d’aller chercher l’eau. En tant que lieu public, le hammam est presque l’unique endroit où il n’existe aucune distinction sociale. Toutes les catégories s’y côtoient.

    Mis à part le bain, le principe premier du hammam est de s’extraire de son quotidien, surtout de se détendre. Pour cela, tout un personnel y est mobilisé pour garantir la meilleure prise en charge. Pour les hommes, il s’agit d’un homme assez costaud, un gaillard, appelé « moutcho ». Cet homme, dont l’appellation tire son origine de l’espagnol, a une grande carrure, une bonne musculation et surtout un grand souffle, sachant qu’il passe son temps dans une salle à la température très élevée. Le moutcho se charge du massage et du gommage.
    Dans certaines régions du pays, la plupart des moutchos venaient du Maroc, un pays où existent beaucoup de hammams. Pour information, c’est l’Egypte qui détenait le plus grand nombre de hammams renommés pour être les plus beaux de l’Orient.
    Aujourd’hui, le Caire ne compte que six établissements. Mais pour revenir aux moutchos, il faut souligner que ce métier se perd, et « la main d’oeuvre » qui parvenait du Maroc s’est tarie au fil des années. Chez les femmes, il y a deux sortes de services. Celui accompli par la « nadhera », et celui de la « tayyaba ».

    En premier lieu, et dès l’entrée au hammam, nous retrouvons la nadhera. C’est elle qui se charge des affaires des clientes, déshabille les enfants qui accompagnent les parents, applique les teintures et le henné, surveille les affaires et se tient mobilisée pour servir les serviettes ou le peignoir lorsque la femme finit son bain. En parlant des enfants, il faut signaler que dans les traditions, les jeunes garçons de plus de 8 ans ne sont pas admis dans le hammam des femmes. Les gérantes veillent au grain.
    Dans la chambre chaude, nous retrouvons le rôle de la tayyaba. Cette dernière est chargée du massage et du gommage. Pour l’histoire, disons que le mot « tayyaba » tire son origine de l’époque où les femmes étaient chargées de faire chauffer l’eau pour le servir aux clientes. D’où l’appellation « tayyaba ». Elles jouaient un rôle social très important. La tayyaba était, en quelque sorte, une véritable agence matrimoniale. Rien ne lui échappait.

    Toutes les portes des maisons lui étaient ouvertes. Elle était respectée et avait sa place dans toutes les cérémonies familiales. La tayyaba faisait l’intermédiaire entre deux familles, les rapprochait et ramenait les informations utiles pour une union. Plusieurs accords de mariage se sont déroulés dans un hammam sous la conduite vigilante d’une tayyaba.
    Les jeunes filles n’avaient pas le droit d’élever la voix au hammam, encore moins d’offenser la tayyaba, de peur de ne jamais figurer sur la liste des prétendantes au mariage. Certaines versions rapportent que la tayyaba disposait d’une chambre où elle recevait les dames à la recherche de la perle rare pour leur fils. Que ce soit à Alger, Constantine ou à Oran, le bain de la mariée reste un évènement très spécial. Les manières de le célébrer demeurent presque les mêmes. Dans certaines régions, un matériel spécial est toutefois nécessaire.

    Au centre du pays, on célèbre le dernier bain de célibat de la future épouse avec la derbouka, cherbette et des gâteaux faits maison. L’heureuse élue est accompagnée de toute sa tribu avec un enchaînement de youyous et de chansons jusque devant la porte du hammam.
    Tradition oblige, elle ne doit se déshabiller que dans la pièce chaude où une chaise l’attend sur la sorra ornée de bougies. Après son bain, elle reviendra s’asseoir avant de se diriger avec ses accompagnatrices vers la chambre froide où cherbette et gâteaux seront distribués à tous les présents au hammam, y compris les étrangers aux familles. A Constantine, l’ambiance est presque la même. La mariée reçoit un traitement spécial de la part des propriétaires du bain. Ce qui fait la différence entre les deux régions est qu’à Constantine, c’est parfois la mariée elle-même qui prend en charge les frais de toutes ses accompagnatrices. A Oran, l’ambiance du dernier bain de célibat est presque identique. Par contre, après la cérémonie de mariage, la nouvelle mariée va encore au bain, accompagnée cette fois-ci de sa belle-mère. Dans la ville de Sidi El Houari, modernité oblige, la cérémonie du bain est impérativement accompagnée d’une chaîne Hifi et d’une caméra.

    Le hammam aujourd’hui…

    Le hammam, ce n’est pas seulement l’histoire d’un mariage où d’un bain, c’est aussi les légendes qui accompagnent l’histoire d’un établissement par rapport à un autre, par rapport aussi à des périodes. Par exemple, l’on rapporte qu’une femme qui est entrée dans une chambre chaude « vide » s’est retrouvée quelques instants plus tard en compagnie d’une étrange belle dame qui changeait de place sans bouger. Cette baigneuse sortit terrifiée de la chambre chaude au moment où cette étrange femme arriva près d’elle et lui ordonna de ne jamais revenir au hammam après la prière d’El Asr. Dans la même croyance, plusieurs pratiques, parfois insensées, se déroulent dans les bains maures, comme le miroir qu’on doit mettre en face de la mariée pour parer contre le mauvais œil. Tant que la mariée se regarde dans ce fameux miroir, sa vie sera très claire et sans problèmes.

    Pire encore, à Aflou dans la wilaya de Laghouat, on donne trois coups de balai au hammam dans le dos de la jeune fille qui ne se marie pas. On embrasse les murs de la chambre chaude pour ne pas avoir affaire à des djins ou encore, on allume des bougies pour espérer avoir des enfants ou garder son bébé, et bien d’autres pratiques encore plus bizarres les unes que les autres. Bien que le nombre des hammams n’est plus le même comparé aux années passées, et que ce rituel est souvent boudé par les nouvelles générations, pour certains, rien ne remplace un bon bain, au moins une fois par mois. Durant la décennie noire, les prêches incendiaires aidant, ce lieu public était quasiment interdit aux hommes et surtout aux femmes. Il était considéré comme un lieu de débauche. La plupart des bains maures ont été abandonnés, d’autres carrément détruits, comme Hammam Boualem, à Blida, démoli par son nouveau propriétaire dans l’indifférence des autorités locales. D’autres hammams, véritables repères de l’histoire, sont dans un état vétuste et nécessitent un peu d’attention de la part des autorités concernées par la sauvegarde du patrimoine, car c’est une véritable architecture qui dépérit.

    Dans plusieurs endroits du pays, les bains maures ont une histoire, un nom, mais aussi une extraordinaire architecture qu’il serait criminel de ne pas s’y intéresser de plus près. Abandonnés par les clients, décriés par les esprits rétrogrades, les hammams doivent faire l’objet d’une meilleure attention, et surtout d’une meilleure sensibilisation auprès de leurs propriétaires plus inquiets par le chiffre d’affaires que de l’entretien. Cette situation a fait que plusieurs lieux sont devenus infréquentables, de par le manque d’hygiène et l’éventualité d’une propagation de maladies contagieuses.

    Par Asma Bersali
    - El Watan
    dz(0000/1111)dz

  • #2
    Le rituel du bain

    Larbi Mehdi, sociologue, chercheur à l’université d’Oran, au soirmagazine :
    «Le hammam a occupé une place prépondérante dans le développement des facultés physiologiques et sociologiques de


    Larbi Mehdi, en répondant à nos questions, a mis l’accent sur le fait que les bains ont de tous temps été réputés comme étant des lieux de rencontre et de socialisation. Il précisera, par ailleurs, que ces espaces, depuis l’empire gréco-romain et avec l’apogée de l’islam, ont permis aux hommes de traiter leurs affaires commerciales et politiques.

    Soirmagazine : Le bain signifie-t-il pour le sociologue un lieu où l'on se «décrasse» uniquement ?
    Larbi Mehdi : Non, le bain ne signifie pas uniquement un lieu pour se laver. Tout dépend du désir personnel et le lieu où se trouve la personne pour prendre son bain. Avec l’urbanisation et les nouveaux équipements domestiques en matière d’hygiène, l’Algérien d’aujourd’hui se retrouve avec plusieurs choix pour prendre son bain. Il peut le prendre chez lui comme il peut se laver dans un bain public. Dans les quartiers populaires, où les maisons ne sont pas équipées d’un lieu d’hygiène, le hammam du quartier remplit la fonction de salle de bains. Ils se retrouvent tous dans ce lieu pour remplir le rituel classique et discuter de sujets qui les intéressent. Cela ne veut pas dire que l’histoire du bain est liée essentiellement à la question urbaine, au contraire, au-delà de sa fonction primaire —l’hygiène — le hammam a occupé une place prépondérante dans le développement des facultés physiologiques et sociologiques de l’homme. Sa présence remonte à l’empire gréco-romain, et avec l’apogée de l’islam, le hammam ou le (bain maure) était déjà réputé comme un lieu de rencontre et de socialisation. Ces lieux ont permis aux hommes de traiter leurs affaires commerciales et politiques et permis aux vielles femmes de trouver des épouses pour leurs fils.

    Y a-t-il un lien entre l'architecture des bains maures, l'eau et le corps ?

    En effet, l’homme a toujours pensé à organiser les espaces et leurs équipements par rapport à ses besoins multiples. L’architecture des bains maures a suivi la disponibilité de l’eau et sa canalisation pour répondre aux besoins du corps. Généralement, les bains maures sont organisés en deux ou trois salles. La première salle est très chaude : elle permet l’ouverture des pores de la peau, de transpirer et d’évacuer les toxines. Ensuite, on procède à un processus de lavage (rituel) dans la salle à chaleur intermédiaire pour débarrasser le corps de ses impuretés. On frotte la peau énergiquement avec un gant spécial appelé kassa qui permet d’éliminer les peaux puis se savonner pour obtenir une peau douce. Cette propreté n’interpelle pas uniquement l’hygiène du corps, mais elle renvoie aussi à un imaginaire religieux qui signifie la propreté de l’âme. C’est pourquoi, le lavage des morts «musulmans» avant l’enterrement est exigé pour accomplir le rituel religieux.

    Le rituel du bain a-t-il évolué avec les ans ?

    Cela dépend de plusieurs paramètres. On peut lier l’évolution de ce rituel avec les changements sociétaux et particulièrement les instruments mis en œuvre pour l’organisation architecturale et sociale des villes par exemple. On peut suivre son évolution par rapport au processus culturel personnel et collectif, voire aussi la nature des institutions sociales et leur impact sur le changement des comportements et des pratiques du groupe familial ou social qui accompagnent les personnes. En ce qui nous concerne, on peut dire que malgré les lacunes que posent les politiques urbaines en matière d’aménagement du territoire, le logement qui caractérise la ville algérienne et particulièrement le social a bien modifié le rituel du bain des habitants. La disponibilité de la salle de bains et de l’eau chaude dans le logement social a poussé les habitants à modifier leur comportement hygiénique. Se doucher quotidiennement évite le frottage de la peau, et dans le même temps, limite la fréquentation des bains et affaiblit les relations sociales et la socialisation

    Par Naïma Yachir

    le soir d'algerie
    dz(0000/1111)dz

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    • #3
      oui c'est vrais je pense que la mode de hammam s'est démodée la ère raison le manque de propreté 2eme raison en islam le hammam pour les femmes n'est pas a 100% haram mais c'est interdit vu les dommages causés 3eme c'est que maintenant on trouve a chaque maison une salle de bain bien equipée alors pourquoi aller au hamam

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      • #4
        @Wahiba,
        maintenant on trouve a chaque maison une salle de bain bien equipée alors pourquoi aller au hamam
        Oui pourquoi continuer à y aller ???!!!...c'est comme ça que se meurt la mémoire...l'air de rien...tout en douceur...tout en moiteur...

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        • #5
          Merci pour l'article ..ça me rappelle mes cours ...
          Je ne suis pas du tout hammam par contre.....

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          • #6
            Une salle de bain même la plus ultra moderne ne remplace le hammam...il fait partie e notre culture et nos traditions...
            ..."Le sourire que tu m'envoies, revient vers toi" ...

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            • #7
              Merci pour l'article ..ça me rappelle mes cours ...
              Pourquoi , Y a des cours pour devenir tyabatte el hammam ?

              Fella ; twahachnak !

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              • #8
                Mais non PhilFou pas ça
                C'était certains passages sur la description du lieu...oeilfermé

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                • #9
                  Une salle de bain même la plus ultra moderne ne remplace le hammam...il fait partie e notre culture et nos traditions...
                  tout à fait Fellati ,méme si je vis de plein pied le present , pour moi le Hammam n'est pas qu'un rituel beauté ou de dellassement , c'est aussi un lieu social ou se tissent des relations sociales depassant certaines barriere existants dans la rue ...
                  Dernière modification par coccidz, 19 octobre 2014, 15h37.
                  ¸.¤*¨¨*¤.¸¸...¸.
                  \¸.♥ ALGERIE ♥.¸¸.
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                  ..\

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                  • #10
                    Bonsoir,

                    Je rejoins mon amie Fella, rien ne peut remplacer un bon hammam!

                    C'est l'un des rares plaisirs que les femmes de chez nous pouvaient s'accorder, j'espère que cette tradition ne va pas disparaitre.
                    Hope is the little voice you hear whisper "maybe" when it seems the entire world is shouting "no!"

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                    • #11
                      Phileas
                      Pourquoi , Y a des cours pour devenir tyabatte el hammam ?
                      le prof est à l'agonie,enfin pour ce que j'en sais oeilfermé

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                      • #12
                        malika

                        c'est agraiable

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                        • #13
                          j'aimerais bien y aller

                          je vais demander demain au travail, si quelqu'un pourrait en trouver un et qu'il voudrait bien m'accompagner

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                          • #14
                            j'aimerais bien y aller

                            je vais demander demain au travail, si quelqu'un pourrait en trouver un et qu'il voudrait bien m'accompagner
                            C'est difficile d'en trouver un en Algérie ? Honnêtement, au Maroc tu en trouves au moins un dans chaque quartier. Ca va du plus populaire qui coûte trois fois rien au plus luxueux qui proposent des services de massage, relaxation (mais plus dans des quartiers plus huppés). Même si on a une salle de bain avec baignoire, je continue à y aller une fois par semaine pour faire un bon gommage avec étirements avec ce que vous appelez moucho en Algérie.

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