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La démesure des magasins de luxe

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  • La démesure des magasins de luxe

    Y a til réellement une démesure dès lors qu'il s'agit de luxe? Le luxe en lui même est une démesure dans un monde où 854 millions de personnes ont faim. Dans le Monde, le luxe se porte bien et les magasins de luxe prospèrent à en avoir le souffle coupé.

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    En quelques jours, Gucci aura ouvert une tour de huit étages à Tokyo et son plus grand magasin à Hongkong. Mercredi, Hermès inaugurera sa « maison » de Séoul, un immeuble de dix étages. Les groupes de luxe rivalisent dans le gigantisme.

    « A Tokyo c'est un peu à qui aura la tour la plus haute », plaisante Frida Giannini, directrice artistique de Gucci. Dans le quartier de Ginza, le maroquinier florentin vient de ravir ce privilège à Dior, de l'autre côté de la rue, qu'il domine d'un bon étage avec son nouvel *immeuble, inauguré fastueusement vendredi. Cela ne devrait pas durer. En travaux juste en face, le futur building d'Armani semble viser encore plus haut.

    Sitôt terminé l'événement tokyoïte, l'équipe Gucci a pris l'avion pour Hongkong, où elle doit inaugurer *demain son plus vaste magasin de la ville, sur deux étages, dans le prestigieux centre commercial Landmark. Les « Guccimen » risquent d'y croiser les gens de Chaumet (groupe LVMH) venus fêter l'ouverture de leur première boutique à Hongkong - la plus grande au monde - quelques semaines après Boucheron (groupe PPR).

    À Séoul, Hermès baptisera mercredi sa « maison » du quartier Dosan Park. L'édifice en question est un immeuble de dix étages et 6 500 mètres carrés. Cette maison Hermès s'ajoute à celles du Faubourg Saint-Honoré (en cours d'agrandissement), de New York et de Tokyo (dont la taille vient de doubler), avant Osaka en 2007.

    Tirée par l'Asie, cette frénésie commerciale touche toute la planète. Les marques de luxe ne se contentent plus de simples magasins pour vendre leurs produits. Il leur faut plus. Louis Vuitton a donné le « la » avec son immeuble des Champs-Élysées ouvert il y a un an sur 7 000 mètres carrés. Six autres ont déjà vu le jour *(Taïpeh, New York, Hongkong, San Francisco...). Dans ces temples de la consommation, seule une partie des immenses surfaces est dévolue à la vente. Le reste est consacré à des activités diverses censées témoigner d'un rayonnement qui transcende les simples sacs à mains : café, restaurant, librairie, musée... Un argument revendiqué par Vuitton dans sa bataille judiciaire pour ouvrir le dimanche, tel un lieu culturel.

    Une folie des grandeurs rentable

    Il s'agit (en particulier sur les Champs-Élysées) de se distinguer des « vulgaires » mégastores des Zara, Benetton ou H & M, qui viennent titiller les griffes de luxe sur leurs trottoirs attitrés. Pour démontrer leur puissance, celles-ci convoquent de grands architectes. Baccarat a fait appel à Philippe Starck pour refaire l'hôtel particulier de Marie-Laure de Noailles à Paris. À *Tokyo, ces lieux de créativité débridée façonnent le paysage urbain, comme la tour de verre d'Hermès *signée Renzo Piano, l'un des concepteurs de Beaubourg. Encore plus tendance, Prada ne parle plus de magasins mais d'« épicenters ».

    Les investissements sont à l'avenant. À Séoul, *Hermès a dépensé 30 millions d'euros. À Tokyo, Gucci a déboursé 100 millions d'euros, dont 65 pour la seule acquisition de l'emplacement de Ginza. Un immeuble a été détruit pour laisser place à la nouvelle tour. Le terrain et le nouveau bâtiment ont déjà été revendus à un spécialiste de l'immobilier, la marque restant locataire.

    Folie financière ? À en croire François-Henri *Pinault, président de PPR, maison-mère de Gucci, il s'agit au contraire d'une bonne opération. « La taille n'est pas une fin en soi. Là où 500 mètres carrés suffisaient auparavant à exprimer l'étendue d'une marque, il faut aujourd'hui le double ou le triple. Dans ces mégastores, le trafic par mètre carré est beaucoup plus élevé qu'ailleurs, les équations économiques sont donc très rentables. »

    La croissance rapide du marché du luxe stimule cette course à la taille. Vuitton rénove ses boutiques en moyenne tous les six ans, Hermès tous les dix ans. Au passage, on en profite pour les agrandir, quitte à annexer le voisin ou à déménager. Un vrai Monopoly. Sur l'année, le budget immobilier d'Hermès atteindra 90 millions d'euros pour une vingtaine d'ouvertures ou réaménagements de boutiques. Chez Vuitton, c'est 200 millions d'euros par an en moyenne.

    Dans le même temps, la conquête des villes vierges de luxe se poursuit. Vuitton a posé son monogramme cette année à Budapest, Kiev (le 21 novembre) et Oslo. En Chine, la marque phare de LVMH est présente dans douze villes pour la plupart inconnues des Français. Dior détient huit boutiques dans le pays, et neuf à Hong*kong. « C'est une stratégie d'occupation de terrain. Les bons emplacements se prennent maintenant », explique Sidney Toledano, président de Dior. Gucci, qui compte dix magasins en Chine, va en ouvrir six de plus l'an prochain, et s'installer en Inde et au Vietnam, où bientôt il faudra aussi inaugurer des mégastores pour accueillir une clientèle de plus en plus avide.

    Par le Figaro
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