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Marçais : les frères infatigables !

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  • Marçais : les frères infatigables !

    Cette terre est séduisante. Captivante ! Depuis, Apulée de Madaure auteur de “L’Âne d’or”, premier roman universel, cette terre est toujours féconde et généreuse. Depuis Ibn Khaldoun (1332-1406), pionnier en recherche dans l’Histoire de l’architecture et de la géographie humaines, celui qui s’est isolé à la Qalaa de Beni Salama, dans les grottes de Taghzout, aux alentours de Frenda, pour, en toute méditation absolue, entamer l’écriture de son ouvrage sur l’Histoire universelle “Al Muqaddima”, cette terre est fascinante. Elle est provocante et alléchante ! Sur cette terre, à Alger, à Oran, par amour, jalousie ou piraterie, Cervantès a été enlevé. Mais cette terre, par sa séduction, a été le socle de son imaginaire, le déclic créateur, en lui inspirant son œuvre inégalée Don Quichotte de la Mancha.

    Et je vous invite à lire sa pièce théâtrale “Los Banös de Argel” (Les bains d’Alger) pour toucher l’influence palpable de cette terre sur ce géant de la littérature universelle. Cette terre, à travers son histoire ancienne ou moderne, avait toujours les bras ouverts aux démunis, aux persécutés, aux exilés : Ahmed Fouad Nejm, Saidi Youcef, Haidar Haidar et d’autres. L’âme de la générosité ! Malheureusement nos institutions universitaires et culturelles, nos intellectuels ont une courte mémoire. Il y a une perturbation dans la succession historique des chaînes culturelles. Des maillons défectueux. Cette terre a été le moteur et le chantier pour un nombre de chercheurs, d’artistes et historiens d’art : Stéphane Gsell (1864-1932), Germaine Tillion (1907-2008), Pierre Bourdieu (1930-2002) et d’autres. Aujourd’hui, j’évoque deux infatigables, les frères Marçais : le premier s’appelle William (1872-1956) et le deuxième s’appelle George (1876-1962). Très jeunes, ils sont tombés amoureux de ce pays, de son Histoire, de son art, de ses cultures et de ses langues. En somme du génie de son peuple. Sur les pas de Stéphane Gsell, inlassables, ils ont voué leur vie à la recherche en archéologie, la peinture et les langues locales maghrébines. Ils ont conservé, pendant plus d’un demi-siècle, une relation de cœur avec le Maghreb culturel. Ils menaient leur travail scientifique et artistique avec rigueur et passion.

    L’honneur revient aux Marçais de pouvoir mettre en valeur le patrimoine algérien et maghrébin. Tlemcen était le point de départ pour cette aventure culturelle qui perdurera toute une vie. En 1898, William est nommé professeur d’arabe à Tlemcen, directeur de la médersa de Tlemcen de 1898 à 1903. Une institution chère et notable aux yeux de l’intelligentsia tlemcénienne. William a consacré sa vie à l’étude de la langue arabe, plus particulièrement le dialectal maghrébin. Par la suite, des années plus tard, il fut professeur du président Habib Bourguiba. Les écrits de William sur les parlers maghrébins à l’image de “Le dialecte arabe de Saïda-Algérie”, “Les textes arabes de Taroüna- Tunisie” ou ses études effectuées à Fezzan –Libye sont un travail encyclopédique et anthropologique sur la vie quotidienne du génie linguistique. George peintre de formation s’est penché, en priorité, sur l’histoire de l’art. Il devient l’historien de l’art musulman maghrébin. Il a occupé le poste de conservateur du musée d’Alger. En 1913, il publie une thèse en histoire traitant un thème nouveau et problématique dont le titre est “Les Arabes en Berbérie du 11e au 14e siècles”. Elle sera complétée et annotée pour en faire un autre volume sous le titre de “La Berbérie musulmane et l’Orient au Moyen Age” publié en 1946.

    Ensemble, William et George réalisent un ouvrage exceptionnel intitulé “Les monuments arabes de Tlemcen” qui demeure, jusqu’à nos jours, le document le plus complet sur la mémoire de cette cité. En ce temps où règne la culture de l’oubli, il est de notre devoir de faire découvrir ou redécouvrir les frères Marçais, placés dans la même lignée de Stéphane Gsell, qui ont voué leur vie à la culture et à l’Histoire du Maghreb, aux jeunes chercheurs, aux artistes et aux conservateurs.

    Amine ZAOUI- Liberté
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