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Il a été assassiné le 26 septembre 1994- Abderrahmane Fardeheb, défenseur assidu des idées de progrès et de démocra

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  • Il a été assassiné le 26 septembre 1994- Abderrahmane Fardeheb, défenseur assidu des idées de progrès et de démocra

    Voilà déjà 20 ans que le professeur Abderrahmane Fardeheb a été lâchement assassiné par la main armée de l’intégrisme islamiste.


    C’était en 1994, une triste année pour Oran, qui a vu également tomber Cheb Hasni et Abdelkader Alloula, sous les balles assassines de l’obscurantisme sauvage. Le professeur Fardeheb a été assassiné précisément le 26 septembre, alors qu’il sortait de son appartement, situé à Dar El Beïda, un quartier populaire d’Oran. Il accompagnait, ce matin-là, sa fille à l’école, quand deux individus se sont approchés de lui, pour commettre leur odieux crime, sous les yeux éplorés de son enfant.

    Aussi, afin que nul n’oublie, une série de manifestations sont prévues à Oran, pour rendre hommage à cet homme de progrès, militant de l’ex-Parti de l’avant-garde socialiste (PAGS), grand humaniste et démocrate. Un recueillement à sa mémoire est prévu ce matin, à 10h30, au cimetière d’Aïn El Beïda, où sont conviés ses proches, ses camarades de lutte, ainsi que ses anciens élèves. L’après-midi, sur initiative du MDS d’Oran, une conférence sera organisée, dès 15h, au siège de l’association Afepec (13, rue Monge, quartier de Miramar, centre-ville).

    Les participants reviendront longuement sur la carrière de ce grand sociologue algérien, carrière hélas interrompue à cause de ses idées de progrès qui gênaient plus d’un dans les rangs de ceux qui revendiquaient le retour au Moyen-Age. Par le biais d’un communiqué, le MDS d’Oran salue «les pensées qu’auront pour le défunt, assassiné par des terroristes islamistes, en 1994, les démocrates, et en particulier ses amis à travers le monde». «Nous ne saurons laisser passer sous silence la date de son lâche assassinat, le 26 septembre 1994. Samedi prochain (aujourd’hui, ndlr) un membre, ou plus, de sa famille à Oran sera présent pour organiser, en concertation avec quelques amis, une modeste commémoration.»

    Le mois prochain, l’université d’Oran compte, à son tour, rendre hommage à Abderrahmane Fardeheb, en organisant un colloque de deux jours, les 19 et 20 octobre, sur ses travaux au sein de l’université. Né le 23 mai 1944 à Maghnia, Abderrahmane Fardeheb était connu pour être un grand humaniste, un syndicaliste acharné et un défenseur assidu des idées de progrès et de démocratie. Après l’obtention de son baccalauréat, en 1963, il a poursuivi ses études universitaires en sciences économiques à l’université d’Alger. Par la suite, il a embrassé, dès les années 1970, une carrière universitaire à Oran, durant laquelle il a dirigé différents travaux.

    Il a été également l’auteur de plusieurs essais ayant trait à l’économie, parus dans des revues spécialisées. Il était aimé et respecté de ses étudiants. Son assassinat a créé un émoi sans précédent au sein de la famille universitaire, et c’est pour cette raison qu’en cette vingtième et triste anniversaire, ses amis ont tenu, en guise de devoir de mémoire, à lui rendre un hommage solennel. «Mon mari était un grand humaniste, connu de tous pour son intégrité. Il était au service des plus faibles et des plus vulnérables. Il s’est toujours battu pour la justice et l’équité, pour les droits des femmes et pour une école ouverte à tous, où les enfants aient les mêmes droits», a témoigné Mme Fardeheb, que nous avons contactée hier.

    Et de poursuivre : «Le devoir de mémoire est une nécessité. Il faut dénoncer l’horreur absolue, restituer et transmettre ce pan sanglant de notre vie afin que nul n’oublie. La mémoire, c’est insérer le passé dans le présent et l’inscrire à jamais dans le futur et dans l’histoire. Et aujourd’hui, les parents, les enfants et les veuves des victimes du terrorisme sont sommés d’oublier, de se taire et de pardonner. Nous sommes appelés à enterrer ce qui nous reste de dignité : la mémoire.»

    Akram El Kébir
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

  • #2
    Lettre pour l’Au-delà (Hommage)

    20 ans, 20 ans depuis que tu es parti, assassiné. Il y a 20 ans, c’est toute une vie qui a basculé. Nous avons été contraints à l’exil. Toi tu n’es plus, mort, à tout juste 50 ans. Nous avions fêté tes 50 ans cette année-là en famille, en présence d’une de mes tantes ainsi que de mon oncle. Je me souviens encore de l’ambiance qui y régnait, des éclats de rire. Tu aimais dire que tu avais un demi-siècle ! Tu avais soufflé tes bougies, tu étais heureux.

    Assassiné. Un mot encore difficilement prononçable. Peut-être même tabou. Car c’est reconnaître, qu’un jour en Algérie, des gens mouraient assassinés.Assassinés parce qu’ils affirmaient leur opinion, assassinés parce qu’ils refusaient le diktat, assassinés parce qu’ils résistaient en continuant à sortir, à aller travailler, à rejoindre les écoles... A vivre !

    Aujourd’hui, il y a un déni, un déni du passé. On veut tellement dire que «tout va bien», que le pays ne souffre d’aucun mal, qu’«El hamdoullah, labas bina»... que rappeler la période de ladite «décennie noire» devient presque gênant. Oui, je perçois encore et toujours de la gêne chez certaines personnes. D’autres préfèrent même débattre de ce qui se passe ailleurs, des maux dans d’autres sociétés, mais de grâce «épargnez-nous la décennie» !

    Pourquoi ?

    Est-ce parce que cette tragédie n’était qu’un mauvais rêve qu’il fallait vite oublier ? Est-ce parce le problème n’a jamais été réellement résolu et qu’on a peur de réveiller la bête qui sommeille et qui demeure toujours présente ? Est-ce parce que justice n’a pas été rendue à toutes les victimes du terrorisme et que l’on estime, de façon d’ailleurs très approximative à 200 000 morts ?

    Mais comme disent certaines personnes, «El hamdoullah, l’amnistie a ramené la paix» ! La paix, oui, mais pas à n’importe quel prix. La paix, oui, mais pas une paix intermittente ! Je ne veux pas de cette paix qui m’impose de pardonner à ceux qui m’ont faite orpheline.
    Par coup de décret, il a fallu apprendre à vivre avec cette idée, que les bourreaux d’hier, des terroristes amnistiés, vivent dans l’impunité la plus absolue et bénéficient d’une liberté sans failles.

    Ma mémoire reste vivace et me dicte de réclamer justice. La mémoire ! Que dicte la mémoire, celle qui refuse l’oubli ? Ma mémoire à moi me porte à inscrire dans les profondeurs de l’âme ce que je ne veux pas effacer, elle garde vivace le mal que l’on m’a fait. Et jusqu’à mon dernier souffle, je dénoncerai les actes barbares des terroristes en Algérie. Je demanderai que la justice remplisse le rôle pour lequel elle est faite : celui de juger les criminels. On vient m’obliger à enterrer les souvenirs d’une tragédie meurtrière. Oh non ! C’est trop facile. Le drame des années noires a atteint des proportions si démesurées qu’il ne reste plus de place sur terre pour l’ensevelir. On aura beau s’ingénier, il reste apparent, et donc gravé dans les mémoires des plus frileux. L’amnésie même ne pourra l’engloutir, il est trop gros.

    Impunité, voilà ce qui résume 10 années de terrorisme islamiste

    Le paysage de l’Algérie de mon enfance s’est effacé. Mais, que l’Algérie d’avant disparaisse, c’est finalement normal, le temps y a laissé ses empreintes. Que je sois nostalgique du passé, là encore c’est bien normal. Mais l’absence de justice, plus encore, le fait qu’elle ne soit même pas à l’ordre du jour, ce n’est pas normal et me laisse amère. Qu’on ne me parle surtout pas de fatalité !

    J’ai pourtant tenté, mais en vain, de comprendre comment cela a fonctionné dans d’autres pays, comment s’organise le vivre-ensemble, et l’acceptation du «tourner la page» et «passer à autre chose»... Je me suis inspirée d’autres expériences, dans d’autres pays... et j’avoue que je n’y arrive pas. Il y a une grande absente en Algérie : Dame Justice ! Je continue à espérer, qu’un jour, tous les crimes et massacres soient reconnus et qu’un mémorial soit enfin érigé au nom de toutes les victimes de la barbarie et de l’obscurantisme. Je continue à espérer une Algérie moins violente et moins archaïque. Je continue à espérer une Algérie moderne, avec une réelle démocratie installée et ancrée, plutôt qu’une démocratie approximative et une paix civile fragile.

    Cette année encore, pour la vingtième année, ta famille, tes amis et tes collègues te rendent hommage.
    Repose en paix papa, toi et tous ceux sacrifiés pour une Algérie moderne et libre.


    Amel Fardeheb
    The truth is incontrovertible, malice may attack it, ignorance may deride it, but in the end; there it is.” Winston Churchill

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    • #3
      Fardeheb soutien des janviéristes et éradicateur déclaré ne bénéficiait pas de l'estime du DRS pour lequel il était le type même du candidat à faire exécuter en attribuant l'assassinat aux islamistes. Dans les opérations ciblant ce professeur il y eu celle qui a suivi et qui visait Mohammed BRAHIM un autre universitaire ,connu pour son aversion des militaires et militant des droits de l'homme. Celui qui avait tué Fardeheb, un jeune binational revenu en Algérie depuis quelques années , ne parvient qu'à blesser sa seconde cible avant d'être lui même abattu par des agents des services. Une balle au pied , celui qui avait échappé à la mort pris l'avion pour aller se faire soigner en France et ne reviendra pas. Ses amis hommistes effrayés se mirent en sourdine et pour beaucoup sollicitèrent la protection de l'armée.

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