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Abattoirs d’Alger : étrange changement de destination

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  • Abattoirs d’Alger : étrange changement de destination

    Il y a une semaine, un communiqué du ministère de la Culture annonçait un arrêté ministériel abrogeant l’arrêté du 6 mars 2013 “portant ouverture d'instance de classement au patrimoine culturel des bâtiments historiques des Abattoirs d'Alger”.


    Rappel. Suite à un mouvement d’artistes revendiquant, via les réseaux sociaux, un espace dédié à la création, le ministère de la Culture promulgue un arrêté (du 6 mars 2013) décidant du reversement des bâtiments historiques des Abattoirs d’Alger au patrimoine culturel, à l’effet d’y aménager des espaces consacrés à l’art. (Les installations actuelles seront réformées dès que le nouveau centre d’abattage en cours de construction sera livré.) Le nouvel arrêté prend en charge le refus de la Commission interministérielle de classement d’agréer l’initiative.

    “L’événement” intrigue à plus d’un titre. Pourquoi le ministère a-t-il jugé utile de faire une publicité médiatique à un arrêté publiable au Journal officiel ? Et, si c’est utile de le faire, pourquoi avoir attendu deux mois et demi après la signature de l’arrêté (6 juillet 2014) ? La ministre, qui avait organisé des rencontres avec les artistes, à partir du 15 juillet, soit dix jours après la promulgation du décret, ne leur a pas soufflé mot de la décision prise d’annuler le projet d’affection des abattoirs d’Alger en espace dédié aux arts. Pourquoi un ministère, qui a vocation d’œuvrer à la sanctuarisation des patrimoines et espaces culturels, prend-il le parti de justifier le revirement imposé à un projet déjà promis à l’art et aux artistes, “invalide” son propre arrêté par un autre et se charge de justifier le fait qu’on prive son secteur d’un fonds foncier préalablement destiné au développement des arts ?

    Justification maladroite qui invoque “une mesure réglementaire”, un “décret exécutif” de février 2010 “portant déclaration d'utilité publique” du site pour “la réalisation du siège du Conseil de la nation et de l’Assemblée populaire nationale”. Or, la déclaration d’utilité publique n’est pas contradictoire avec le classement au patrimoine. Concrètement, un site classé peut aussi accueillir des bâtiments du Parlement. D’autant que, sur les quatorze hectares du site, il était réservé 1,8 ha d’assiette pour chacune des deux institutions. Il restait toujours plus de dix hectares à affecter à d’autres usages ! Le malaise du rédacteur se lit jusque dans la maladresse sémantique d’un énoncé qui évoque un “texte législatif” (l’arrêté du 6 mars 2013 !) ayant “été abrogé parce que la Commission intersectorielle” a jugé que le site ne présente pas les caractéristiques de “bien culturel patrimonial”.

    Mais en quoi l’absence de ces “caractéristiques” remettrait-elle en cause sa destination culturelle acquise ?!

    On peut observer la synchronie du retournement de situation et du remaniement ministériel. Sans que l’on puisse savoir si la succession de ministres explique le changement de destination du site. Ou l’inverse.
    Étrange volte-face pauvrement argumentée par les bredouillements d’un communiqué autour de sa fausse nature culturelle du site et la “cohérence juridique” de la décision de 2013 ! Peut-être que l’affectation future du site — devenu simple terrain — nous renseignera sur ses réelles “caractéristiques” et sur ce qu’est la “cohérence juridique” en matière de patrimoine.

    Mustapha Hammouche-Liberté
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